La refondation, par ici, la refondation, par là, la refondation est partout : même à l’Education ! Gasp !
Nicolas Sarkozy a exposé dans une longue lettre aux enseignants son projet pour une "refondation" de l'école : il a réaffirmé ce mardi, jour de la rentrée, que c’est une "priorité" de son quinquennat.Le président de la République s'est placé en première ligne, sur ce dossier comme sur d'autres, lors d'un déplacement à Blois pour la rentrée des classes, en présence de son ministre de l'Education, Xavier Darcos, muet après avoir fait sa propre rentrée lundi avec des enseignants de Roubaix (Nord). N. Sarkozy a d'ailleurs assuré que "c'est la première fois dans l'histoire qu'un président de la République écrit à tous les enseignants" et qu'il l'avait fait "avec conviction, avec passion".
"Le temps de la refondation est venu, c'est à cette refondation que je vous invite, nous la conduirons ensemble, nous avons déjà trop tardé", a déclaré le chef de l'Etat qui a lu la lettre que tous les enseignants, du public, du privé et de l'enseignement agricole, recevront à partir de mercredi.
Dans le cadre du "modèle de l'Ecole républicaine" qu'il souhaite "rénover", le Président Sarkozy a prôné une "réforme du collège unique" (tant attendue), une "remise à plat des programmes et des rythmes scolaires" (une nécessité), une "éducation du respect" (une urgence), une "interdisciplinarité" très précoce dans l'enseignement (tarte à la crème) ou encore "le retour de la culture générale" (un champ de ruines).
"Donner à chacun de nos enfants, à chaque adolescent de notre pays l'estime de lui-même (... et des adultes ?): telle est à mes yeux la philosophie qui doit sous-tendre la refondation de notre projet éducatif", a expliqué le chef de l'Etat, se refusant à "ressusciter un âge d'or de l'Education qui n'a jamais existé".
Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, a pour sa part jugé la lettre "pas à la hauteur des défis d'aujourd'hui". C’est SA phrase toute faite, quasiment unique, qu’il sert en toute occasion : elle est symbolique de sa sclérose. La rénovation réussira-t-elle à passer sur lui et son archaïsme?
A la fin de la lettre, M. Sarkozy a édicté les droits et devoirs des parents d'élèves et des enseignants, "tous éducateurs" aux côtés du "juge, du policier, de l'éducateur social", et qui doivent "se montrer exemplaires".Probablement l’interdisciplinarité" qu’il appelait de ses vœux plus haut, dans l'enseignement ?
Aux parents, il a promis de l'aide "à chaque fois que vous en aurez besoin", citant le droit à la garde d'enfant et à la maternelle, en contrepartie de leur vigilance pour "envoyer les enfants à l'Ecole" et leur "inculquer le respect". L’école des parents n’a donc pas encore fait sa rentrée scolaire… Reste super-Nanny !
Aux enseignants, il a répété la nécessaire "revalorisation" de leur métier, de leur niveau de vie et de leurs conditions de travail, en échange de leur exemplarité dans leur "comportement", leur "tenue", leur "rigueur", leur "esprit de justice", leur "implication". Il faudra donc en sortir quelques-uns de leurs planques roses, si nécessaire au prix d’un recyclage : depuis le temps que certains n’ont pas vu un élève, ils n’ont aucune idée de ce que l’espèce est devenue ? Ni même à quoi ça ressemble… (LIRE les trois billets de PaSiDupes sur ‘ professeurs sans élèves’).
"Il faut faire confiance aux enseignants", a-t-il insisté lors de la table-ronde avec certains d'entre eux, défendant longuement l'autonomie des établissements qui, selon lui, "n'est pas une question d'idéologie, pas une question de rupture républicaine", mais permet à "une équipe de porter un projet".
Interrogé sur une augmentation de salaire pour l'ensemble des professeurs, le Chef de l’Etat a reconnu qu'il y avait "un malaise dans la Fonction publique". "Mais si on décide d'augmenter tout le monde, sans augmenter les heures de travail, comment on paye ?", a-t-il interrogé, avec sa logique imparable habituelle, répétant sa préférence pour les heures supplémentaires.
Le président a également visité une unité pédagogique d'intégration (UPI) pour enfants handicapés à Blois, réaffirmant que leur intégration "en milieu scolaire ordinaire était pour lui une priorité absolue".
Et, à propos d'UPI (!), pourquoi ne se risquerait-il pas dans un IUFM (Institut Universitaire –s’il vous plaît !- de (dé)Formation des Maîtres) ? C’est tellement édifiant et dépaysant ! On dit que c’est une réserve de dinosaures. Est-ce que ça ne vaut pas le détour ?
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