Le syndicalisme minoritaire s'enfonce dans le lisier
Des producteurs de lait ont poursuivi jeudi leurs actions en France.
Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture, estime sur RTL que «cette grève du lait est choquante pour tous les citoyens européens». Le ministre recevra les producteurs, le vendredi 18 à partir de 8h15.
Les producteurs protestent contre la chute spectaculaire des prix du lait et réclament le maintien des quotas, ce que Bruxelles refuse encore.
Les violences de la semaine
Dans le cadre de la "grève du lait" déclenchée la semaine dernière, quelque 150 agriculteurs ont répandu environ huit tonnes de lait dans un champ d'Isigny-sur-Mer (Calvados), indique la préfecture.
D'autres actions sont prévues vendredi, déclaré «journée blanche», avec épandage «massif» -un doux euphémisme pour du gaspillage-, alors que Bruxelles a fait de nouvelles propositions pour répondre à la baisse des prix.
A proximité du Mont Saint-Michel, cruellement qualifié de 'Mont Blanc' pour la circonstance, un rassemblement «gigantesque» avec déversement de centaines de milliers de litres de lait est notamment annoncé à Tanis (Manche), où plus de 500 tracteurs sont attendus.
A Quimper (Finistère), une unité du groupe Entremont a été bloquée toute la journée par une quarantaine de manifestants qui ont interdit tout accès aux employés. La préfecture a annoncé la levée du blocage en fin d'après-midi, mais prévoyait une reprise du mouvement en soirée.
Une agence bancaire du Crédit Agricole a été la cible de producteurs laitiers du Forez, à Boën-sur-Lignon (Loire), où quelques dizaines d'agriculteurs ont déversé trois citernes de lait, soit environ 3.000 litres. L'opération a été menée pour dénoncer les banques qui "s'enrichissent sur la misère des paysans" (cf. la photo ci-contre), selon Thierry Derory, un des participants à l'action menée sous l'égide de l'Association des producteurs de lait indépendants (APLI), clairement engagée dans des actions de lutte des classes.
D'autres actions ont eu lieu dans la journée, notamment dans les Pyrénées-Atlantiques comme cette distribution de lait gratuite à La Bastide Clairence ou l'épandage de lait près de Saint-Pée-sur-Nivelle.
Les meneurs paysans
Ils sont minoritaires mais visibles
La "grève du lait" a été déclenchée le 10 septembre par trois syndicats minoritaires: l'APLI et l'Organisation des producteurs de lait (OPL), une branche de la Coordination rurale (d'inspiration poujadiste), avec le soutien de la très radicale Confédération paysanne (co-fondateur avec DAL d'ATTAC).
La FNSEA -majoritaire- a refusé de s'associer à l'agitation
Le 11 septembre, seule la Coordination rurale a clairement appelé les producteurs à faire grève.
Pour marquer l'ouverture du mouvement, elle appelle à un grand rassemblement, en face de la préfecture de Pontivy, en Bretagne. Dès le jeudi soir, une cinquantaine d'éleveurs se sont rassemblés à Guingamp et ont annoncé qu'ils répéteraient l'opération tous les soirs.
La Confédération paysanne est plus nuancée
«Nous soutenons la grève, mais on laisse aux éleveurs le choix car c'est une décision douloureuse à prendre», indique Vincent Pennobert, porte-parole du syndicat pour le Finistère. La Confédération paysanne organisa lundi 14 une journée nationale de mobilisation et une distribution de lait aux salariés de la SBFM à Caudan (56). De nombreuses actions de ce genre ont ensuite eu lieu.
Pascal Massol, président de l’Association des producteurs laitiers indépendants (APLI) et GAEC de l'Aveyron, fédère les agriculteurs isolés et accuse le président de la FNSEA de faire de “l’intoxication avec les industriels”. Un GAEC (Groupement agricole d'exploitation en commun) est une société civile de personnes et de plusieurs exploitations.
Pour l'APLI, la solution au problème actuel du prix du lait "ne peut être qu'européenne, via l'EMB. et ses 100 000 adhérents", souligne son président. "La fin des quotas n'est pas inéluctable, nous pouvons imposer une production en phase avec la consommation intérieure" a-t-il ainsi expliqué, le 25 mars dernier.
L’EMB (Européan Milk Board) structure rassemblant aujourd’hui une vingtaine d’associations de 14 pays européens fait planer la menace d’une grève du lait à l’échelle de l’Europe.
Le mouvement s'est étendu à d'autres pays européens sous l'égide de l'European Milk Board (EMB), un mouvement dont le président, Romuald Schaber, est allemand. L'EMB est bien impliquée dans la grève européenne, mais ne peut appeler ouvertement à la grève et à toute autre action en raison des lois fédérales d'Outre-Rhin, explique-t-on de sources syndicales françaises.
Les revendications des extrémistes
Les "grévistes" demandent une revalorisation du prix payé aux producteurs par la réduction des quotas européens de 5%, ce que Bruxelles refuse.
La Commission "n'entend pas la colère grandissante des producteurs de lait européens", a réagi l'OPL. L'APLI appelle vendredi à une journée "épandage du lait" au plan national.
Jeudi 17, l'impact de la grève du lait reste difficile à mesurer, une semaine après son déclenchement
On assiste à une inflation des chiffres de la propagande.
Selon qu'ils émanent des industriels et syndicalistes non grévistes ou des producteurs favorables au mouvement, les chiffres de participation sont extrêmement contrastés, allant de «5 à 10%» à «plus de 50% de grévistes».
En Charente, Philippe Varacher, membre de l'APLI et producteur à Verneuil, estime à «40% aujourd'hui» le nombre de grévistes, contre «10%» en début de mouvement. «On va vers les 60%», assure-t-il.
Le président de la commission lait de la Confédération paysanne annonce clairement la couleur et ce n'est pas le blanc, mais le rouge: «On s'achemine vers un blocage complet des laiteries ce week-end par manque de lait. C'est du jamais vu», a mis en garde de son côté Yves Leperlier.
En revanche, au niveau national, la Fédération des producteurs laitiers (FNPL), branche spécialisée de la FNSEA, évalue le «refus de livraison», autrement dit le taux des grévistes, entre 5 et 10%.
Côté industriels, l'Association de la Transformation Laitière Française (Atla), qui réunit les laiteries privées et les coopératives, a maintenu jeudi les chiffres annoncés la veille avec une collecte en baisse de 7 à 8% par rapport à l'an dernier à la même époque.
La position de la Commission européenne
La commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fischer Boel a néanmoins promis jeudi que la Commission dépenserait en 2009 600 millions d'euros supplémentaires en mesures de soutien du marché.
Mais pas question de remettre en cause les réformes qui prévoient l'abandon des quotas laitiers après 2015.
Pour tenter de répondre à la détresse des agriculteurs, qui vendent leur lait à un prix souvent inférieur aux coûts de production, la Commission européenne a proposé jeudi une série de mesures pour faire face à la crise du lait, dont un assouplissement des règles de recours à des sortes de «primes à la casse» pour la restructuration du secteur.
Mais, jeudi 17, elle n'envisageait pas de revenir sur l'abolition du système des quotas, pourtant indispensable, aux yeux des grévistes, pour endiguer la production.
Des producteurs de lait ont poursuivi jeudi leurs actions en France.
Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture, estime sur RTL que «cette grève du lait est choquante pour tous les citoyens européens». Le ministre recevra les producteurs, le vendredi 18 à partir de 8h15.
Les producteurs protestent contre la chute spectaculaire des prix du lait et réclament le maintien des quotas, ce que Bruxelles refuse encore.
Les violences de la semaine
D'autres actions sont prévues vendredi, déclaré «journée blanche», avec épandage «massif» -un doux euphémisme pour du gaspillage-, alors que Bruxelles a fait de nouvelles propositions pour répondre à la baisse des prix.
D'autres actions ont eu lieu dans la journée, notamment dans les Pyrénées-Atlantiques comme cette distribution de lait gratuite à La Bastide Clairence ou l'épandage de lait près de Saint-Pée-sur-Nivelle.
Les meneurs paysans
Ils sont minoritaires mais visibles
La "grève du lait" a été déclenchée le 10 septembre par trois syndicats minoritaires: l'APLI et l'Organisation des producteurs de lait (OPL), une branche de la Coordination rurale (d'inspiration poujadiste), avec le soutien de la très radicale Confédération paysanne (co-fondateur avec DAL d'ATTAC).
La FNSEA -majoritaire- a refusé de s'associer à l'agitation
Le 11 septembre, seule la Coordination rurale a clairement appelé les producteurs à faire grève.
Pour marquer l'ouverture du mouvement, elle appelle à un grand rassemblement, en face de la préfecture de Pontivy, en Bretagne. Dès le jeudi soir, une cinquantaine d'éleveurs se sont rassemblés à Guingamp et ont annoncé qu'ils répéteraient l'opération tous les soirs.
La Confédération paysanne est plus nuancée
«Nous soutenons la grève, mais on laisse aux éleveurs le choix car c'est une décision douloureuse à prendre», indique Vincent Pennobert, porte-parole du syndicat pour le Finistère. La Confédération paysanne organisa lundi 14 une journée nationale de mobilisation et une distribution de lait aux salariés de la SBFM à Caudan (56). De nombreuses actions de ce genre ont ensuite eu lieu.
Pascal Massol, président de l’Association des producteurs laitiers indépendants (APLI) et GAEC de l'Aveyron, fédère les agriculteurs isolés et accuse le président de la FNSEA de faire de “l’intoxication avec les industriels”. Un GAEC (Groupement agricole d'exploitation en commun) est une société civile de personnes et de plusieurs exploitations.
Pour l'APLI, la solution au problème actuel du prix du lait "ne peut être qu'européenne, via l'EMB. et ses 100 000 adhérents", souligne son président. "La fin des quotas n'est pas inéluctable, nous pouvons imposer une production en phase avec la consommation intérieure" a-t-il ainsi expliqué, le 25 mars dernier.
L’EMB (Européan Milk Board) structure rassemblant aujourd’hui une vingtaine d’associations de 14 pays européens fait planer la menace d’une grève du lait à l’échelle de l’Europe.
Le mouvement s'est étendu à d'autres pays européens sous l'égide de l'European Milk Board (EMB), un mouvement dont le président, Romuald Schaber, est allemand. L'EMB est bien impliquée dans la grève européenne, mais ne peut appeler ouvertement à la grève et à toute autre action en raison des lois fédérales d'Outre-Rhin, explique-t-on de sources syndicales françaises.
Les revendications des extrémistes
Les "grévistes" demandent une revalorisation du prix payé aux producteurs par la réduction des quotas européens de 5%, ce que Bruxelles refuse.
La Commission "n'entend pas la colère grandissante des producteurs de lait européens", a réagi l'OPL. L'APLI appelle vendredi à une journée "épandage du lait" au plan national.
Jeudi 17, l'impact de la grève du lait reste difficile à mesurer, une semaine après son déclenchement
On assiste à une inflation des chiffres de la propagande.
Selon qu'ils émanent des industriels et syndicalistes non grévistes ou des producteurs favorables au mouvement, les chiffres de participation sont extrêmement contrastés, allant de «5 à 10%» à «plus de 50% de grévistes».
En Charente, Philippe Varacher, membre de l'APLI et producteur à Verneuil, estime à «40% aujourd'hui» le nombre de grévistes, contre «10%» en début de mouvement. «On va vers les 60%», assure-t-il.
Le président de la commission lait de la Confédération paysanne annonce clairement la couleur et ce n'est pas le blanc, mais le rouge: «On s'achemine vers un blocage complet des laiteries ce week-end par manque de lait. C'est du jamais vu», a mis en garde de son côté Yves Leperlier.
En revanche, au niveau national, la Fédération des producteurs laitiers (FNPL), branche spécialisée de la FNSEA, évalue le «refus de livraison», autrement dit le taux des grévistes, entre 5 et 10%.
Côté industriels, l'Association de la Transformation Laitière Française (Atla), qui réunit les laiteries privées et les coopératives, a maintenu jeudi les chiffres annoncés la veille avec une collecte en baisse de 7 à 8% par rapport à l'an dernier à la même époque.
La position de la Commission européenne
La commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fischer Boel a néanmoins promis jeudi que la Commission dépenserait en 2009 600 millions d'euros supplémentaires en mesures de soutien du marché.
Mais pas question de remettre en cause les réformes qui prévoient l'abandon des quotas laitiers après 2015.
Pour tenter de répondre à la détresse des agriculteurs, qui vendent leur lait à un prix souvent inférieur aux coûts de production, la Commission européenne a proposé jeudi une série de mesures pour faire face à la crise du lait, dont un assouplissement des règles de recours à des sortes de «primes à la casse» pour la restructuration du secteur.
Mais, jeudi 17, elle n'envisageait pas de revenir sur l'abolition du système des quotas, pourtant indispensable, aux yeux des grévistes, pour endiguer la production.
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