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dimanche 31 août 2008

Des abus de cumuls d’indemnités de chômage et de salaires

L’Europe doit s’organiser pour réagir
En vacances studieuses en Belgique, Laurent Wauquiez a découvert que des ressortissants français peuvent être à la fois demandeurs d’emploi en France et travailler chez nos voisins. Les malins, ou exploiteurs, touchent à la fois un salaire outre Meuse et des indemnités de chômage dans l’hexagone (mais la gauche prétend, la main sur le cœur, qu’ils n’existent pas)…

Il devient donc urgent de constituer des fichiers croisés pour contrecarrer les abus de ‘défavorisés’ sur lesquels la gauche voudrait fermer les yeux.

Sur le sujet, LePost est ambigu, voire démagogue.
En avril, pour accabler le gouvernement et Laurent Wauquiez en particulier, le site de journalistes en rupture avec le journal Le Monde titrait : «Demandeur d'emploi, travaille et tais-toi » : de quoi séduire facilement l’opposition généreuse mais obtuse.

LePost regrettait alors pour commencer qu’ « Après deux refus successifs d’"offre valable d’emploi", les chômeurs n’auront plus droit à leurs indemnités. » Ca fait compréhensif et généreux, mais aux frais des classes moyennes. Tout ça pour admettre au bout du compte que «La France est beaucoup plus généreuse que ses voisins européens, avec à l’appui un lien vers une
étude comparative des législations en vigueur chez nos voisins.

Il en ressort d’abord que la France a la définition la plus générale de l’OVE (articles L.311-5 et R.311-3-5 du code du travail), c'est-à-dire la plus floue et donc la plus facilement contournable:
"Est considéré comme convenable, et ne peut donc être refusé sans motif légitime, tout emploi, quelle que soit la durée du contrat de travail proposé, compatible avec la spécialité ou la formation antérieure de l’intéressé, avec ses possibilités de mobilité géographique compte tenu de sa situation personnelle et familiale et des aides à la mobilité géographique qui lui sont proposées, et rétribué à un taux de salaire normalement pratiqué dans la profession et la région."
"Convenable", "valable" ou "approprié" ? Cette idée de sanctionner les chômeurs ne donnant pas suite aux offres proposées remonte au début des années 2000. A l’époque, la "refondation sociale" discutée entre syndicats et patronnat s’inspire d’une
étude de l’OCDE montrant que dans les pays anglo-saxons, la baisse du chômage est liée au renforcement des dispositions liées à la recherche d’emploi.

Mais LePost louvoie et passe par la case ‘démagogie’
Quand à Cahors, le Président Sarkozy évoque une offre d’emploi "raisonnable" et se préoccupe de plus de justice entre les Français qui triment, et ceux d’entre eux qui tirent profit du système de protection sociale, comme l’a constaté Laurent Wauquiez. LePost glose pourtant sur la volonté du gouvernement d’intensifier le régime des sanctions, parce qu’il "ne peut y avoir une société qui ait des droits sans devoirs". Le Président de la République précise en effet qu’il faut promouvoir "un texte qui permettra de tirer les conclusions de deux refus consécutifs d’une offre d’emploi raisonnable". Laurent Wauquiez a constaté que le besoin devient urgent...
Vous avez dit "raisonnable" ?
Outre que l'opposition irresponsable et aux abois se régale de compliquer la tâche du gouvernement, l’acception du terme revêt des réalités bien différentes en Europe. Trois critères sont en général pris en considération :
1- la nature de l’emploi et son adéquation avec le niveau de qualification du demandeur d’emploi ;
2- le niveau de rémunération de l’emploi, par rapport au dernier salaire de l’intéressé ;
3- les conditions d’accès à l’emploi (durée et/ou coût du trajet).
C’est ce qu’en avril a rappelé Laurent Wauquiez, le secrétaire d’Etat à l’Emploi, sur le plateau de LCI.

LePost , de la démagogie à la manipulation de l'opinion
LePost fait état d’un entretien du directeur général de l’Unedic au Monde, où l’on voit que Jean-Luc Bérard raisonne toujours comme si les travailleurs avaient encore les moyens d’entretenir les bénéficiaires de théories généreuses :
"Le débat est mal posé. Une offre n’est valable que si le demandeur d’emploi a la compétence requise pour le poste. Nous ne sommes pas les mieux qualifiés pour décider de l’activité que doit accepter le chômeur. ‘Etes-vous mobile ? Quelle est votre expérience ? Voulez-vous changer d’activité ? ’: c’est à partir de ce contrat, entre le demandeur d’emploi et le conseiller qui l’accompagne, que l’on peut définir l’OVE. Et, à partir de là, décider d’une sanction s’il ne respecte pas ses engagements." L’irresponsable préconise de demander au demandeur d‘emploi, à charge de la solidarité nationale, de choisir entre travailler et recevoir une allocation…

En Europe, six pays sur onze (54%) imposent un lien entre ancienneté du chômage et qualité des propositions
Comme le montre bien l’étude de l’Unedic, plus vous attendez, plus vous risquez d’avoir à accepter un job bien loin de vos souhaits. Ce principe a été adopté par six des onze pays européens étudiés (Allemagne, Belgique, Espagne, Royaume-Uni, Irlande, Luxembourg).
Le Danemark va même encore plus loin, puisqu’il stipule que : "Tout demandeur d’emploi doit accepter tout emploi qu’il est en mesure d’occuper ou tout emploi qu’il serait en mesure d’occuper après une formation de courte durée, si la formation requise lui est proposée."
Heureusement pour les Danois, des mesures restrictives protègent les demandeurs d’emploi, en particulier les jeunes diplômés à la recherche d’un premier emploi. Les critères, eux, sont variables. Cela va de l’Italie où le montant du salaire acceptable ne peut être inférieur de plus de 10% au salaire antérieur.
A l’Espagne où la variable transport est très élastique : le temps de trajet ne peut excéder 25% du temps de travail journalier ou les frais de trajet excéder 20% du salaire mensuel.
"La moitié des emplois non pourvus réclament des salariés qualifiés, voire très qualifiés"
Il s'agit de savoir honnêtement si les qualifications requises sont effectivement nécessaires: avec le pompeux titre de "professeur des écoles", l'instituteur a -t-il besoin du niveau de qualification qu'on lui impose ?
Interrogé au lendemain du présidentiel discours de Cahors, le directeur général de l’Unedic replaçait son propos dans son contexte. Encore faudrait-il qu’il ne schématise pas…
"Partir de l’idée selon laquelle un chômeur doit accepter tout ce qu’on lui propose va au-delà du cadre normal de l’exécution de nos missions. De plus, les emplois non pourvus réclament pour la moitié d’entre eux des salariés qualifiés, voire très qualifiés. Se pose le problème de leur accompagnement et de leur formation." C’est faire peu cas de l’autre extrémité de l’échelle des qualifications ? Mais le directeur général a choisi cet angle pour s’opposer et contenter les personnels rêveurs de l’Unedic.

Le tacle diplomatique de Jean-Luc Bérard s’appuie sur deux phénomènes
: la plupart des secteurs déficitaires en main-d’œuvre (comme précisément les petits emplois du BTP ou du tourisme) réclame du personnel formé, comme de nos jours à tous les postes. Voire très formé, comme le rappelle depuis plusieurs années le cas des infirmières espagnoles recrutées faute de candidates françaises, respectivement grâce ou malgré la revalorisation des salaires et carrières.

L’autre problème de l’ANPE réside dans sa capacité à proposer des "offres valables" aux deux millions de chômeurs français. ‘Valable’ signifie 'utile'.
Or, les chiffres donnés par l’Agence des radiations pour "refus d’offre" sont marginaux : 13 672 sur un total de 563 680 radiations, de janvier à novembre 2007, soit 2,4%.
Mais ces chiffres soulignent en fait l’inadaptation du système ancien qu’il faut donc mettre en adéquation avec les besoins du marché du travail et l’état des finances publiques actuels .
Rénovons !

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