BFMTV s'oppose à l'arrivée de LCI sur la TNT gratuite
La concurrence fait peur aux partisans de la diversité et de la vertu
C'est bien la peine d'avoir fait élire Hollande si la chaîne d'information du groupe TF1 peut bénéficier d'un amendement qui donnerait au CSA le pouvoir de faire passer en gratuit une chaîne TNT payante.
Une rivalité qui déplaît souverainement à ses concurrents BFMTV (groupe NextRadioTV) et i-télé (groupe Canal+) , déjà diffusées sur la TNT gratuite. Mercredi 28 août, lors de sa conférence de rentrée, le PDG de NextRadioTV et de RMC, Alain Weill, a redit tout le mal qu'il pense de cet amendement assurant le pluralisme.
"Pas de place pour trois"
La vérité est tout autre. En Allemagne, les multiplex sont trois (ZDN, RTL et ProSiebenSat.1) et ont fait l'objet d'arbitrages techniques en faveur du téléspectateur et non du diffuseur et des chaînes: de ce fait, la qualité d'image de la TNT allemande est nettement supérieure à la TNT française, et permet notamment un meilleur taux de couverture et la réception mobile (voitures, trains, piétons, etc). Les groupes NextRadioTV et Canal+ sont responsables de cette disparité.
En outre, si LCI accède à une diffusion sur la TNT gratuite, cela "n'apportera pas de solution certaine à ses problèmes, assure Weill. Si LCI est en difficulté, c'est parce que LCI a fait un mauvais choix stratégique". Bref, "on passera d'une chaîne en difficulté à trois chaînes en difficultés, on passera d'un malade à trois moribonds. Cela viendrait déstabiliser BFMTV et renforcer TF1.
On va expliquer au CSA que c'est juste
impossible!" polémique le patron hégémonique.
Autre argument: le passage en gratuit d'une chaîne de la TNT payante "n'est pas anodin.
Cela a un impact économique et sur la liberté d'expression. C'est
quasiment comme si une nouvelle chaîne était lancée". Pour Alain Weill, c'est
donc "un changement trop important pour être effectué via une simple décision du
collège du CSA. C'est un sujet suffisamment important pour justifier un appel à
candidatures".
Alain Weill édicte les règles pour les imposer au CSA
Toutefois, si une telle possibilité devait exister, Alain
Weill souhaiterait qu'elle s'applique uniquement "lors du renouvellement de
l'autorisation d'émettre d'une chaîne".
Aurélie Filippetti fluctue
La balle est maintenant dans le camp des sénateurs, qui doivent examiner cet amendement le 1er octobre. L'attitude qu'adoptera le gouvernement lors du vote est très attendue, car jusqu'à présent Filippetti a balancé, hésitant à assumer le changement...
br>Le 16 juillet, lors de l'examen en commission, la ministre affirma d'abord être "défavorable" à cet amendement, avançant plusieurs raisons: "il s’agit d’attribuer une nouvelle compétence au CSA, ce qui est plus qu’une modification substantielle. Par ailleurs, les chaînes concernées avaient l’occasion de modifier le statut de leurs chaînes au moment de l’appel à candidatures pour les six nouvelles chaînes de la TNT. Enfin, il convient d’évaluer les impacts de la mesure proposée sur l’ensemble du paysage audiovisuel. Tout cela exige du temps".
Mais, une semaine plus tard, Aurélie Filippetti n'exprime plus d'opposition lors du débat en séance, et s'en remet "à la sagesse de l'Assemblée". La ministre de la Culture assure alors: "cet amendement peut correspondre à la volonté que nous partageons de mieux prendre en compte l’évolution des équilibres économiques de l’audiovisuel dans les critères de choix du CSA. [...] C’est une très lourde responsabilité que vous souhaitez confier au CSA. J’en prends acte..."
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