La Macronie prend sa source auprès de Strauss-Kahn et Macron auprès de la vieille garde
Le banquier a reconstitué autour de lui une partie de l’entourage de Dominique Strauss-Kahn
Si Macron met les jeunes en avant, ce sont ses "grouillots": ses mentors sont hors d'âge.
Ainsi, Henry Hermand, acteur de la deuxième gauche et mentor d’Emmanuel Macron, ce "jeune fils spirituel" qu’il espérait voir porter les espoirs de la social-démocratie, est mort en 2016, à 92 ans. L’homme d’affaires, qui avait fait fortune dans la grande distribution, était un généreux mécène de la gauche progressiste. Riche d’une fortune bâtie dans la grande distribution, il continuait à financer plusieurs think tanks de la gauche. 'La République des idées', présidée par Pierre Rosanvallon, puis 'Terra Nova', cette boîte à idées du Parti socialiste (PS), bénéficiaient de ses dons. Il était aussi l’actionnaire de référence du '1', hebdomadaire fondé par Eric Fottorino, un ancien directeur du Monde qui se veut libre et indépendant.
Ingénieur physicien au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), Henry Hermand rejoint les milieux intellectuels progressistes dès les années 1950 et intègre notamment la revue Esprit, où il rencontre le fondateur du journal Le Monde, Hubert Beuve-Méry, mais aussi Gilles Martinet, qui lancera bientôt France Observateur et Emmanuel d’Astier de La Vigerie, ancien résistant et gaulliste de gauche. Comme eux, il est anticolonialiste, humaniste et chrétien. Lors d’un voyage en Pologne, il a découvert la réalité des pays satellites de l’Union soviétique (URSS) et en est revenu farouchement anticommuniste. Son réformisme sera désormais celui de Pierre Mendès France.
Emmanuel Macron, peu expérimenté en politique mais homme de réseaux, puise au passage quelques éléments de la pensée sociale-libérale du ténor socialiste déchu, Dominique Strauss-Kahn. 
Avant de poser ses dossiers à l’Elysée ou à l’Assemblée nationale, avant même de monter à l’automne 2015 la petite équipe à l’origine d’En Marche!, sa bande de trentenaires ou jeunes quadras gravitait dans l’orbite de DSK, de 2002 jusqu’à la défaite lors de la primaire socialiste de 2006. Parmi eux: Benjamin Griveaux, désormais secrétaire d’Etat en charge de l’Industrie; Cédric O, ex-conseiller de Pierre Moscovici, Ismaël Emelien et Sibeth Ndiaye, conseillers du président de la République; Stanislas Guérini et Adrien Taquet, députés.
"L’histoire est extraordinairement romanesque", vue par un de leurs aînés, proche de DSK. 
Principalement issus de Sciences-Po, où enseigna DSK, ou de HEC, ils font office de "petits grouillots", se souvient l’un d’eux. Etonnez-vous donc que Macron reproduise aujourd'hui ce schéma relationnel avec sa piétaille de l'Assemblée...
"On est venu me voir quand j’étais à Sciences Po pour me dire qu’il y avait besoin de petites mains pour DSK. Le but était de ne rien laisser échapper qui venait du terrain, par exemple répondre aux lettres", poursuit ce proche anonyme.
Pour beaucoup, la porte d’entrée est un think tank mis sur pied en 2003 par DSK, avec Michel Rocard et Pierre Moscovici: "A gauche en Europe".
"Un endroit de réflexions très libres, passionnant", se souvient l’ancien ministre socialiste de l’Intérieur de Hollande, Matthias Fekl, resté fidèle au PS et à Benoît Hamon. 
On y retrouve notamment l’économiste Jean Pisani-Ferry, ci-contre à gauche, 66 ans, fils d'Edgar Pisani et l'un des principaux inspirateurs de la réforme du droit du travail promise par Emmanuel Macron lors de sa campagne,


Françoise Holder est le relais d'En Marche! auprès du monde des grandes entreprises.
Son rôle de déléguée nationale consiste surtout à organiser des manifestations et des rencontres avec des entrepreneurs.
Le PDG du groupe Capgemini, Paul Hermelin, est d’ailleurs un soutien de la première heure du nouveau président. Il était présent dès le premier meeting du candidat d’En marche !, mais il ne se tient pas au premier rang face aux media: il a 65 ans.
Plus proche encore, le directeur de la communication de Capgemini, Philippe Grangeon, est, lui, membre du conseil d’administration d’En marche. Il est, selon les statuts, l’un des cinq administrateurs du mouvement. À en croire des dizaines de mails publiés dans les 'Macron Leaks', même s’ils n’ont pas tous été authentifiés, Philippe Grangeon a beaucoup travaillé et relu les discours du candidat Macron, félicitant même 'le flow solide' du candidat.
Le nouveau président a encore promis d’augmenter et simplifier l’accès aux crédits d’impôt aux entreprises innovantes et du numériques. "Nous devons devenir dans les cinq années qui viennent la nation des start-up", déclarait Emmanuel Macron le 13 avril dernier au palais Brongniart, au cours du sommet qui leur était consacré, devant des dizaines d’entrepreneurs enthousiastes, "et créer des Google européens". Il veut " faire en sorte que quand vous créez une start-up en France, vous avez accès ainsi demain à 27 pays et non pas à vous battre avec 27 réglementations différentes". En mai dernier, le vote du passage de Capgemini en société de droit européen anticipait cette volonté politique.
A noter que, malgré les plus de 900 millions d’euros de bénéfices, Capgemini n’a pas payé 1 euro d’impôt sur les sociétés (IS) en France, en 2016, quand Macron était à Bercy.
Les start-uppers constituent le maillage de la société civile pour Macron
Le candidat Emmanuel Macron avait le soutien de figures du monde des start-up comme Marc Simoncini (Meetic), Cédric Sire (le patron de Webedia, l'éditeur d'Allociné ou de Pure People) ou encore de Paul Hermelin (CapGemini), de Pierre Pringuet (Pernod-Ricard) et de Mourad Boudjellal (le créateur de l'éditeur de BD Soleil et actuel président du club de rugby de Toulon).
Axelle Tessandier est celle qui a l'oreille des start-uppers. Cette entrepreneuse du numérique de 36 ans qui a longtemps vécu entre Paris, Berlin et San Francisco a délaissé son entreprise de conseil en management du numérique, AXL Agency, pour se consacrer à la campagne de son mentor. Au sein d'En Marche!, si elle assure ne pas avoir de rôle thématique, elle a, outre le numérique, oeuvré pour construire la partie du programme sur l'égalité homme-femme.
Axelle Tessandier est celle qui a l'oreille des start-uppers. Cette entrepreneuse du numérique de 36 ans qui a longtemps vécu entre Paris, Berlin et San Francisco a délaissé son entreprise de conseil en management du numérique, AXL Agency, pour se consacrer à la campagne de son mentor. Au sein d'En Marche!, si elle assure ne pas avoir de rôle thématique, elle a, outre le numérique, oeuvré pour construire la partie du programme sur l'égalité homme-femme.
Pour la fibre sociale, c'est vers Jean-Marc Borello que se tourne Emmanuel Macron. Surnommé le "Bill Gates du social" ce chef d'entreprise de 59 ans a connu le candidat du temps où ce dernier était étudiant à Sciences Po. Borello qui y enseignait l'a alors pris sous son aile et l'a aidé à préparer le concours d'entrée de l'ENA. C'est lui qu'Emmanuel Macron est allé chercher en octobre dernier lorsqu'il préparait son futur programme présidentiel. Jean-Marc Borello est un peu la caution de gauche du candidat d'En Marche!. Ce self-made man qui n'a que le bac en poche dirige en effet le groupe SOS, un géant de l'économie sociale et solidaire qui compte 15.000 salariés et a recruté dans son groupe des candidats à la députation. Son groupe qui comprend aussi bien des centres d’hébergement pour toxicomanes et SDF, que des crèches ou des entreprises commerciales de location de voitures hybrides ou de distribution de produits équitables a réalisé près de 900 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016.
Co-fondé par Rocard et DSK, ce club de réflexion, "A gauche en Europe", alimenta en hommes et en idées la campagne pour la primaire socialiste de 2006. 
Les amitiés se nouent dans la "soute" de la campagne, mais n’empêchent pas la déroute face à Ségolène Royal, puis face à Nicolas Sarkozy. "On s’était fait ratiboiser, mais c’était très instructif", raconte un des 'jeunes' de la campagne.
"On formait un petit groupe qui se retrouvait dans un appartement rue de la Planche" (VIIe arrondissement), se souvient Stanislas Guérini. Sibeth Ndiaye, devenue conseillère presse à l’Elysée, y joue les petites mains.
"On se disait qu’il fallait élargir notre base. En face, Ségolène faisait 'Désir d’avenir', elle avait tout compris", mais surtout Maître Mignard, ajoute-t-il en glissant que, neuf ans plus tard, l’expérience inspirera en partie la “grande marche" de Macron.
Les idées de DSK ont imprégné la troupe

Sans surprise, certaines resurgiront avant la présidentielle 2017.
Une note de Dominique Strauss-Kahn de 2004, intitulée "Pour l’égalité réelle", résonne savoureusement: il y préconise par exemple "la suppression de la taxe d’habitation", un "impôt injuste" qui "rend pauvres les communes dont les habitants sont pauvres".
En matière d’éducation, il appelle aussi à rompre avec "cette égalité formelle et concentrer les moyens sur les élèves qui en ont besoin". "La vraie égalité consiste à faire plus pour ceux qui ont moins", abonde en écho E. Macron, 13 ans plus tard, dans son programme.
"A l’évidence, il y a des éléments de filiation entre DSK et Macron", confirme un Strauss-kahnien historique, encore au PS aujourd’hui. Et de citer "la recherche d’un chemin progressiste dans la mondialisation, le choix du risque plutôt que de la rente, et tout le débat sur la lutte contre les inégalités en amont plutôt que par un seul système de protections". "DSK disait qu’il fallait s’attaquer aux inégalités à la source, mais cela passait beaucoup par des politiques publiques. M. Macron, lui, semble croire que les mécanismes du marché vont réguler cela d’eux-mêmes", nuance Matthias Fekl. "Il y a des parallèles importants", insiste un autre proche de DSK. "Mais Macron est allé plus loin dans la transgression et dans l’engagement", estime-t-il.
VOIR et ENTENDRE l'image que Besancenot renvoie de Macron:
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