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dimanche 3 février 2013

Les Egyptiens ne veulent plus de Morsi, leur sauveur islamiste

L'opposition égyptienne appelle au départ du président Morsi

Le "printemps arabe" était pourri



Le Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition égyptienne, appelle à la démission du président Mohamed Morsi.
Cette annonce survient au lendemain de la diffusion d'une vidéo de violences policières contre un manifestant.

L'opposition égyptienne a donc intensifié sa pression samedi en déclarant s'associer aux appels au départ du président Mohamed Morsi, également mis en difficulté par la diffusion d'images de brutalités policières contre un manifestant dénudé.

Le Front du salut national (FSN) a affirmé "se ranger totalement au côté des appels du peuple égyptien et de ses forces vives à une chute du régime de la tyrannie et (à la fin de) l'hégémonie des Frères musulmans", dont est issu M. Morsi.

Cette déclaration a été publiée au terme d'une réunion du FSN, après une nuit de violences devant le palais présidentiel, au cours de laquelle une personne a été tuée et des dizaines d'autres blessées.


L'opposition a aussi réclamé une "enquête indépendante" sur les "crimes" des forces de l'ordre dans les manifestations qui ont fait près de 60 morts depuis un peu plus d'une semaine, afin que le chef de l'Etat et son ministre de l'Intérieur, Mohamed Ibrahim, soient poursuivis en justice.

Le FSN a également appelé à poursuivre la vague de manifestations contre le pouvoir.
Jusqu'à présent, les revendications de l'opposition portaient sur la formation d'un "gouvernement de salut national" ou encore des amendements à la Constitution adoptée en décembre. Le FSN n'abandonne pas ces revendications ni un possible débat avec le pouvoir, mais son communiqué exclut de "discuter de la question du dialogue" (...): l'arrêt de l'effusion du sang est un préalable au dialogue, comme l'est que ses responsables rendent des comptes et que les revendications (de l'opposition) soient satisfaites".

Les manifestants qui défilent dans les rues du pays depuis plus d'une semaine scandent souvent des slogans similaires à ceux de la révolte qui a provoqué la chute de l'ancien président Hosni Moubarak en février 2011, comme "Dégage".

L'opposition accuse Morsi et les Frères musulmans de chercher à monopoliser le pouvoir et à établir un régime autoritaire et religieux. Mais les partisans du président rappellent qu'il a été démocratiquement élu.

La présidence clame dans un communiqué son attachement "à protéger la liberté d'expression et de rassemblement" et sa volonté de mener à bien "l'évolution démocratique" du pays.

"Images choquantes"


Des images de brutalités policières lors d'une manifestation vendredi soir ont fini de décrédibiliser les propos du pouvoir.

La vidéo montre des policiers anti-émeutes battre un homme avec des matraques, le bousculer et lui retirer ses vêtements, avant de le traîner nu sur le sol, puis l'embarquer dans un fourgon blindé posté près du palais du chef de l'Etat.
La présidence s'est déclarée "attristée par les images choquantes de certains policiers traitant un manifestant d'une manière qui n'est pas conforme à la dignité humaine et aux droits de l'Homme". L'opposition évoqué des "images horribles" rappelant l'ère Moubarak.

Le ministère de l'Intérieur a présenté des excuses, évoqué un "acte isolé" et annoncé l'ouverture d'une enquête. Le ministre s'est dit "prêt à démissionner si cela arrange le peuple".
Le Parquet assure que l'homme avait été appréhendé en possession de cocktails Mololov et de bidons d'essence. L'homme, Hamadah Saber Mohamed Ali, un ouvrier de 50 ans, a affirmé à la télévision avoir été "malmené" et déshabillé par des manifestants, puis avoir résisté aux policiers, avant de comprendre "qu'ils essayaient de (le) sauver"...
Deux de ses proches ont ensuite déclaré à la télévision qu'il mentait car il faisait "l'objet de beaucoup de pressions" et qu'il avait peur.

Samedi dans la matinée, des manifestants ont jeté des pierres et des bouteilles contre le convoi du Premier ministre Hicham Qandil sur la place Tahrir, selon une télévision locale. Le bureau du chef du gouvernement a indiqué que M. Qandil avait "fait face à des jeunes et des agitateurs".
Autour du palais présidentiel, dont le mur d'enceinte était couvert de graffitis anti-Morsi, le calme revenu dans la journée a fait place samedi soir à un nouveau rassemblement.
Plusieurs centaines de manifestants, jeunes pour la plupart, ont jeté des pierres, des cocktails Molotov et des feux d'artifice en criant "Dégage". Les seules forces de sécurité présentes se trouvaient à l'intérieur de l'enceinte et ont tiré en l'air.


Les "black bloc", ces nouveaux révolutionnaires égyptiens prêts à employer la force


Tout le monde en parle en Égypte mais personne ne sait encore vraiment qui ils sont. Les Black bloc, nouveaux opposants très actifs contre le régime de Morsi, défendent  les manifestants, par la force si nécessaire. Et en Lybie ?

Bien connus dans les démocraties molles, ils s’habillent en noir et sont cagoulés. C'est ainsi qu'en avril 2009, les habitants de Strasbourg les ont découvert à la faveur du Sommet de l'OTAN (lien PaSiDupes). 
Depuis moins d’une semaine, en Egypte, un groupe mystérieux se présentant comme le “Black bloc” (bloc noir) a fait une apparition remarquée dans les rues et sur les réseaux sociaux. Opposés au régime du président Mohamed Morsi, ses membres disent vouloir défendre, par tous les moyens, les manifestants face aux islamistes et aux forces de l’ordre.
Le 24 janvier, veille du deuxième anniversaire du début de la révolte contre l’ex-président Hosni Moubarak, ce mouvement, inspiré des mouvements libertaires occidentaux des années 1980, a annoncé sa création officielle dans une vidéo postée sur YouTube. Le clip, tourné de nuit à Alexandrie, montre des jeunes masqués dont la mission, disent-ils, est de lutter “contre le régime tyrannique fasciste [des Frères musulmans] et leur bras armé”.
Cagoulés afin de ne pas être identifiés par les forces de l’ordre, ces groupuscules éphémères se sont joints aux manifestations qui secouent plusieurs villes égyptiennes comme le Caire, Alexandrie ou Mansoura depuis près d’une semaine. En France, alors que Nicolas Sarkozy voulait interdir le port de la cagoule et des foulards, la gauche avait pris leur parti - Lien PaSiDupes : " La cagoule interdite aux manifestants en France, comme en Allemagne : le décret "anti-cagoules" est applicable "
Nous sommes là pour vous protéger. Nous ne voulons attaquer personne”, ont affirmé certains d’entre eux lors d’un rassemblement place Tahrir vendredi dernier, en prétendant n’appartenir à aucun groupe ou parti politique.
LE CLIP OFFICIEL DES BLACK BLOC SUR YOUTUBE

Une réaction des civils révoltés par la violence



Pour Sarah Othman, activiste égyptienne, leur apparition constitue une réaction des civils dépassés par la violence dont ils sont victimes, notamment après l’attaque subie par des manifestants pacifiques pendant le siège du palais présidentiel début décembre. Sept personnes avaient alors été tuées par des “gros bras” envoyés par la Confrérie pour chasser les opposants.



Le pouvoir n’a procédé à aucune arrestation dans les rangs islamistes, alors que des factions issues des Frères musulmans ou des salafistes ont participé à plusieurs incidents violents. Ils ont notamment assiégé Media City et incendié le siège du parti d’opposition al-Wafd au Caire.

Les anciens slogans “Selmia, Selmia” (pacifique, pacifique) scandés dans les manifestations qui ont fait chuter le régime de Moubarak semblent s’éloigner. De plus en plus de manifestants commencent à douter de l’efficacité d’une opposition pacifique.Ils ne veulent plus rester les bras croisés”, explique Sarah Othman.



De plus, malgré la chute de Moubarak, la police est toujours accusée de violations systématiques des droits de l’Homme, alimentant l’hostilité de la population à son égard. Amnesty International, s'appuyant sur des témoignages, a condamné en début de semaine " l'usage par les services de sécurité d'une force létale [...] y compris contre des manifestants qui ne représentaient pas de menace imminente".



L’émergence soudaine des Black bloc n’est donc "pas bizarre”, selon Nagad el-Borai, un avocat et activiste politique. Interrogé sur la chaîne de télévision privée CBC, il affirme que leur motivation est née de la déception face au régime actuel, qui est devenu un “régime dictatorial religieux” qui “raisonne de la même façon que l’ancien régime de Moubarak.



Un avis que ne partage pas Samir Shehata, professeur de sciences politiques arabes à l’université de Georgetown. Cet observateur de la vie politique égyptienne depuis une dizaine d’années avoue avoir été surpris par l’apparition des Black Bloc. Ces jeunes sont avant tout les éléments les plus radicaux parmi les jeunes révolutionnaires, estime-t-il.



Ces jeunes en noir n’ont pas investi que la rue égyptienne. 
Alors qu’ils se défendent d’être sur les réseaux sociaux, le Black bloc a au moins deux pages Facebook qui les tolère (et ne les bloque pas comme des comptes de petits blogs français !). En quelques jours, chacune a déjà rassemblé plus de 30 000 fans. Derrière le slogan “chaos contre l’injustice”, des messages appelant la population à les soutenir sont postés régulièrement.
Sur Twitter, tel compte , très actif et suivi par 20 000 personnes, donne des nouvelles en direct des manifestations en cours dans le pays.

De nombreuses images et vidéos ont aussi commencé rapidement à circuler : on voit des groupes de jeunes hommes défendre à plusieurs reprises des manifestants mais aussi s’opposer violemment aux forces de police.

TOUS LES PARTIS S'ACCORDENT SUR LA NÉCESSITÉ D'UN DIALOGUE NATIONAL
Par Sonia DRIDI, correspondante FRANCE 24 au Caire
Premières arrestations


Face à ces protestataires d’un genre nouveau,
la réaction ne s’est pas fait attendre du côté du pouvoir : des officiels des Frères musulmans, ainsi que les media du pouvoir les accusent -non sans raison- d’être des anarchistes responsables de nombreuses violences et destructions. Ils auraient notamment tenté d’incendier le palais présidentiel et auraient attaqué plusieurs QG des Frères.


Selon Said Al-Lawindi, expert au centre d’études stratégiques d’Al-Ahram interrogé par FRANCE 24, ce groupe est “une conséquence de l’absence de conscience politique en Égypte, en particulier des jeunes. On disait exactement le contraire il y a deux ans, lors du "printemps arabe"... Il redoute que les violences dont ils sont responsables ne bloquent la possibilité d’un dialogue national aujourd’hui essentiel.


Face à la tension croissante, le procureur général d’Égypte a ordonné mardi "l'arrestation de toute personne suspectée d'appartenir à ce groupe". Il a accusé l’organisation de constituer ”un groupe organisé qui mène des actions terroristes”.

170 manifestants habillés en noir ont déjà été arrêtés depuis samedi, même s’il n’est pas certain qu’ils appartiennent tous au Black bloc. Le 30 janvier, au moins quatre militants présumés ont été arrêtés, alors qu’ils tentaient de manifester devant les bureaux du procureur général dans le centre du Caire.



Cependant, certains craignent que les agissements de ces électrons libres ne puissent accentuer la spirale de la violence en Égypte. 

Plusieurs pages de groupes révolutionnaires sur Facebook ont ainsi mis en garde face à ces Black bloc et encouragé leurs partisans à ne surtout pas les rejoindre. D’après eux, ils seraient issus des Frères musulmans et tenteraient uniquement de saboter le mouvement de protestation. “Il ne faut pas commencer à utiliser la violence, il faut trouver comment en sortir”, prévient Sarah Othman.



Pour le blogeur Mahmoud Salem (alias @sandmonkey), ces groupuscules représentent “un ennemi idéal pour le régime et délégitimisent tous les manifestants pacifiques”.


Samir Shehata se dit quant à lui inquiet d’un tel phénomène, “dans la mesure où il peut être utilisé par le pouvoir pour discréditer les manifestants et leurs demandes qui sont pourtant tout à fait légitimes”.

Sans risque de se tromper beaucoup, on peut l'appeler indifféremment totalitarisme ou fascisme.

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