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mardi 17 février 2015

Elections départementales: le parti "démocratique" des musulmans recule pour mieux sauter

L'explosion de l'islamisme au grand jour contrecarre l'infiltration musulmane

L'UDMF avait déclaré des candidats dans sept ou huit cantons.

blog -UDMF-bandeau patriotique
Ce parti - inconnu mais tellement patriotique- qui devait présenter sept à huit candidats aux ex-cantonales n'en présentera finalement qu'un seul, les 22 et 29 mars, à Marseille, là "où la dynamique est énorme", indique Najib Azergui, le fondateur (ou rénovateur) du "mouvement". Annoncée jeudi, la campagne de l'Union des démocrates musulmans français (UDMF) aux élections départementales connaît donc déjà un sérieux revers. "Face aux pressions de l’extérieur ou des proches, certains ont préféré arrêter", regrette Najib Azergui, le fondateur de l’Union des démocrates musulmans français. "Aujourd'hui, dans un contexte dramatique comme celui que nous connaissons, nous avons davantage besoin d'entendre nos voix trop longtemps noyées dans le silence", explique un candidat, Khalid Majid, dans sa profession de foi, publiée sur internet. "C'est un combat essentiel pour lutter contre les stigmatisations et amalgames dangereux qui associent terrorisme et islam". 

800 nouveaux adhérents 

Mais ce parti confidentiel, lancé, selon certains sympathisants, en 2012 seulement, ferait de plus en plus d'adeptes. Depuis la série d'agressions par des islamistes d'abord qualifiés de "déséquilibrés" jusqu'aux attentats djihadistes meurtriers contre "Charlie Hebdo" et Hyper Cacher de Paris et du centre culturel de Copenhague, plus de 200 nouvelles recrues se seraient engagées à l'UDMF, comme Khalid Majid. Aujourd'hui, le parti enregistre près de 900 adhérents et les fondateurs assurent compter 8.000 sympathisants en France. Une mère de famille, qui connaît le parti, se dit intéressée. "Je me retrouve dans ce qu'ils proposent, notamment sur le vivre-ensemble, glisse-t-elle. Mais je ne suis pas sûre qu'en France les gens [Quels gens ? Ceux du Front de gauche et du NPA ?] soient prêts à voter largement pour un parti musulman." L'UDMF veut pourtant croire en ses chances. "Les gens se rendent compte qu'un parti comme le nôtre est une évidence aujourd'hui dans le paysage politique", affirme Najib Azergui. En revanche, Ali et Michel, deux retraités, tiquent en disant leur peur du repli communautaire, "des musulmans qui ne parleraient qu'aux musulmans". Des clients en moins pour Mélenchon, Laurent et Besancenot qui n'en ont pas à revendre...

Les attentats djihadistes serviraient-ils davantage les musulmans que le FN ?Najib Azergui assure qu'il avait préparé "(ses) équipes à ce genre de choses mais, face aux pressions de l'extérieur ou des proches, certains ont préféré arrêter". Ainsi, à Lyon (Rhône) le représentant local a quitté l'UDMF et à Bagneux (Hauts-de-Seine), le candidat annoncé s'est retiré. Le parti musulman compte un seul élu, Hocine Hebbali, candidat sous l'étiquette UDMF sur la liste UDI de Stéphane de Paoli à Bobigny et du député de la circonscription, Jean-Christophe Lagarde, arrivée en tête lors des municipales de mars 2013, battant la communiste Catherine Peyge, qui milite pour l'installation des Rom, malgré les critiques d'une grande partie de la population de la commune. Conseiller municipal délégué à l'histoire locale et aux mémoires, Hocine Hebbali s'est vu confier le projet d'un musée de l'histoire de la colonisation française. Cette liste s'était appuyée sur le vote de la communauté musulmane pour battre les communistes, implantés depuis 1919.

La polémique autour de ce parti a fait fuir des mécènes et des candidats potentiels

blog -vote musulman de FranceCe parti affiche sa volonté de  promouvoir le hallal et autoriser le voile à l'école. L'UDMF prétend simplement vouloir donner une voix à une partie de la population qui ne se retrouve pas dans les partis traditionnels et qui a envie d'agir. Comment ? Pas en "islamisant la société ni en installant la charia en France", se défend d'emblée ce Français d'origine marocaine, qui travaille dans la formation informatique.

L'angle d'attaque est plus biaisé: les cours d'éducation civique et de philosophie pour "faire réfléchir et débattre les jeunes". Affirmant que certains "épisodes tragiques" de l'Histoire de France sont "passés sous silence" dans les programmes scolaires, il milite d'ailleurs pour l'enseignement de la guerre d'Algérie ou la colonisation et pour celui de la langue arabe, "injustement bannie" du secondaire. 
Et l'axe social, cher aux Frères musulmans, n'est pas négligé: l'UDMF tient au développement du hallal pour... créer de l'emploi et le déploiement de la finance islamique pour assainir l'économie. La Charente libre écrit à ce sujet: "Pourfendeur de "l'austérité", l'UDMF entend promouvoir la finance islamique, conçue comme une alternative "éthique" à la finance traditionnelle et un moyen d'enrayer de futures crises. Il souhaite aussi faire de la France un des "leaders mondiaux" sur le marché de l'alimentation 'hallal'." 
Quant au respect de la laïcité, il signifie, dans leur interprétation de la loi, la tolérance des religions... et donc le droit de porter le voile à l'école. Ce que la loi française interdit justement ! Ces musulmans dont les candidatures ont été accueillies et enregistrées par Marianne veulent ainsi imposer aux Français, par des voies démocratiques, la primauté du Coran sur les lois républicaines.
Au Front national, tout en jugeant que cette apparition "très emblématique" s'inscrit comme "la suite logique de tout ce que nous vivons", Louis Aliot souligne que le projet de ce parti musulman concernant le voile se réfère à des interdits. Il y voit aussi une "base communautariste contraire, selon lui, à l'unité et l'indivisibilité de la république". Le vice-président du FN estime que la décision "appartient désormais au ministre de l'Intérieur". Il estime aussi que ce parti, dans beaucoup de villes, handicapera l'UMP et le PS appuyés, à ses yeux, sur des «minorités clientéliste très ciblées". Invitant les autorités à vérifier la légalité et les statuts de l'UDMF, Louis Aliot croit que les Français musulmans doivent trouver leur place dans les partis traditionnels. Il critique une "dérive très claire" et une "américanisation de notre vie politique." 
Karim Ouchikh, le président du SIEL (parti proche du Front national), se dit pour sa part «hostile, par principe, à tout parti politique à vocation confessionnelle.» L'UDMF est selon lui "frappé du sceau du communautarisme" et il estime que ses revendications en faveur du halal ou du voile à l'école "n'ont pas lieu d'être" dans la République. "Le dernier roman-fiction de Michel Houellebecq, évoquant la possibilité pour un président de confession musulmane d'accéder à l'Elysée, est prophétique", ajoute-t-il. Par le biais d'une "formation", d'un "mouvement" (selon la presse qui ne parle pas de "parti") baptisé du doux nom de "Fraternité musulmane", dans la fiction. 

La controverse a fait fuir donateurs et potentiels candidats. 
"On ne rentre plus dans nos frais. Nous avions calculé qu'il fallait entre 11.000 et 25.000 euros selon la région pour financer une candidature aux départementales. Rien qu'à Bobigny (93, Seine-Saint-Denis), notre estimation avoisinait les 17.000 euros", précise le fondateur.

L'exaltation communautariste a fait place à l'amertume

blog -parti des musulmans-candidats de Marseille aux départementales-fev2015
Bobigny, Seine-Saint-Denis (9.3):
Shérazade Benhaddad et Khalid Majid

"On est déçus, mais c'est le jeu, surtout lorsqu'on est un nouveau parti comme le nôtre", réagit encore Najib Azergui qui se réjouit toutefois du nombre d'adhérents depuis les attentats: ils seraient 1.700, soit 800 de plus, en quelques jours. L'effet Charlie ? 

A 36 ans, ce cadre commercial SNCF d'origine marocaine, père de 3 enfants, devait être le candidat de l'Union des démocrates musulmans français (UDMF) avec une militante associative et secrétaire de la section locale du parti, Shérazade Benhaddad, 34 ans, pour le canton de Bobigny (Seine-Saint-Denis) aux élections départementales des 22 et 29 mars. Le binôme avait déposé sa candidature aux élections départementales, mais  Khalid Majid et Shérazade Benhaddad, l'ont retirée... 

Il n'y aura qu'un seul candidat étiqueté "Union des démocrates musulmans français (UDMF) contre sept à huit annoncés à Bagneux (Hauts-de-Seine), aux Mureaux (Yvelines), à Marseille, Lyon, Nice, Avion (près de Lens, dans le Pas-de-Calais) et possiblement à Strasbourg. 

France Télévisions, service public d'information fait de la désinformation 

"Après un premier élan d'enthousiasme, les membres de l'Union des démocrates musulmans français (UDMF) sont contraints de revoir leurs ambitions à la baisse," sympathise le groupe de service public.  France télévisions compatit même: "La nouvelle structure politique a souffert, selon elle, de la médiatisation et des polémiques survenues ces dernières semaines." Et d'écrire noir sur blanc que "l'UDMF a choisi de redimensionner ses objectifs afin de consacrer l'ensemble de ses forces sur le premier canton de Marseille." 

Pour cette fois, ne reste que la paire marseillaise. 
Mais encore est-elle confinée dans son étui: l'identité des candidats semble confidentielle et la presse d'investigation n'a toujours pas percé ce mystère. Pas plus que le commun des mortels, elle n'a accès au site local et ni Le Monde, ni Mediapart n'aurait reçu un coup de fil à faire fuiter... Faut-il interroger l'imam?

Mais l'Union démocratique des Musulmans de France ne renonce pas. L'UDMF a un précédent historique, le Parti des musulmans de France, créé en 1997 à Strasbourg. Son président, Mohamed Latrèche, avait obtenu 0,92% des voix aux législatives de 2007.

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