Le Figaro publie le 9 juillet 2010 un entretien avec Dominque Baudis
«À partir du moment où quelqu'un revient sur certaines de ces accusations, on est en droit de remettre en doute l'ensemble de ses propos», confie Dominique Baudis. Indigné par le tour pris par l'affaire Woerth-Bettencourt, l'eurodéputé UMP Dominique Baudis (1947) appelle au respect de la présomption d'innocence.
LE FIGARO. - Que vous inspire la polémique autour des témoignages de l'ancienne comptable de la famille Bettencourt ?
Dominique BAUDIS. - Un sentiment d'écœurement quand je vois des accusations qui s'étalent dans la presse à partir de déclarations d'un témoin dont on apprend le lendemain les rétractations. Voilà quelqu'un qui a expliqué avoir assisté à des remises d'enveloppes au président de la République quand il était élu à Neuilly et qui se rétracte en expliquant que cela a été inventé par Mediapart. Quand je vois le débat politique tourner autour d'assertions qui se révèlent mensongères, quand je vois les personnes mises en cause sommées de prouver leur innocence, cela m'inspire de l'écœurement.
La rétractation partielle de Claire Thibout altère-t-elle la qualité du reste de son témoignage ?
À partir du moment où quelqu'un revient sur certaines de ces accusations, on est en droit de remettre en doute l'ensemble de ses propos.
Éric Woerth devrait-il mettre fin au cumul de ses fonctions de trésorier de l'UMP et de ministre ?
Y a-t-il une loi qui interdise à une même personne d'être trésorier d'un parti et ministre? Non. Et l'on vit dans un pays où ce qui n'est pas interdit est autorisé. De surcroît, ce n'est pas une nouveauté puisqu'il exerce ses fonctions de trésorier depuis des années. Pour moi, c'est une question d'interprétation politique. C'est à Éric Woerth d'apprécier la situation.
Quelles sont, à votre avis, les origines des dérives que vous dénoncez ?
J'étais intervenu sur ce sujet devant la commission parlementaire sur Outreau. Selon moi, les premières causes des dérives sont le non-respect du secret de l'enquête - et l'on voit aujourd'hui où cela mène - et le non-respect de la présomption d'innocence. D'une certaine manière, le monde politique portait lui-même atteinte à la présomption d'innocence en contraignant un ministre mis en examen à démissionner. S'il quitte le gouvernement, c'est qu'il est présumé coupable. S'il est présumé innocent, il n'y a aucune raison à lui faire quitter le gouvernement. Dominique Strauss-Khan et Gérard Longuet ont démissionné tous les deux de leurs fonctions ministérielles parce qu'ils étaient mis en examen. Ils l'ont fait, je l'imagine, à contrecœur. Et pour quel résultat? L'un et l'autre ont bénéficié, quelques années plus tard, d'un non-lieu.
Selon vous, c'est la presse qui est en cause dans cette affaire ?
Dans la presse, comme dans la justice, certains font leur métier avec conscience, c'est-à-dire avec la volonté d'informer, de connaître la vérité et de la révéler. C'est ce qu'on appelle le journalisme d'investigation. D'autres sont passés du journalisme d'investigation à un journalisme d'instigation, qui incite les personnes à proférer des accusations. Dans l'affaire où j'avais été accusé de choses épouvantables - et qui s'est conclue par une condamnation à des peines de prison des personnes qui m'accusaient -, tous les journalistes n'attisaient pas l'incendie. Mais ceux qui le faisaient, comme La Dépêche du Midi ou Karl Zéro, n'avaient pas d'autre objectif que de manipuler l'opinion.
Pensez-vous, comme certains à l'UMP, qu'il faille légiférer sur la presse ?
Beaucoup de textes, de chartes professionnelles, aussi bien au niveau international que national, existent déjà. Malheureusement, elles ne sont pas respectées par tout le monde. Dans toutes les professions qui veulent préserver leur autonomie, comme les professions médicales, il existe des autorités. Elles ne se font pas imposer ni les règles, ni leur application par les pouvoirs extérieurs mais elles créent une autorité interne pour juger de situations comme celle-là.
Propos recueillis par Jean-Baptiste Garat
En 2003, Dominique Baudis fut mis en cause dans une affaire liée au tueur en série Patrice Alègre.
Alors président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), il révéla publiquement cette sordide affaire au journal de Claire Chazal sur TF1. Il était accusé de proxénétisme, de viol, de meurtre et d'actes de barbarie.
Le rôle de la presse...
Après être revenues maintes fois sur leurs déclarations, les deux ex-prostituées, Fanny et Patricia, ont été reconnues coupables de dénonciation calomnieuse et respectivement condamnées à deux et trois ans de prison avec sursis par le Tribunal correctionnel de Toulouse le 26 mars 2009.
Il aura fallu attendre plus de deux ans et demi pour que son innocence soit reconnue par la Justice et que les instigateurs de cette campagne de diffamation soient mis en examen.
A gauche, ils sont forts
Le sénateur J.-M. Baylet est patron de presse, président national du Parti radical de gauche (PRG) et même ministre de Fabius et Rocard , sans conflit d'intérêts.
Pas si forts, car en En 2002, Jean-Michel Baylet fut condamné pour abus de biens sociaux par le tribunal correctionnel de Toulouse.
Et Edwy Plenel, alors ?
Deux ministres, Christian Estrosi et Laurent Wauquiez ont, sur RTL et Europe 1, mis en cause les méthodes d'investigation d'Edwy Plenel, assurant que l'attitude de Mediapart à l'égard de Woerth rappelait un sinistre précédent.
La liberté de la presse permet la récidive
Edwy Plenel, le directeur du site d'information payante sur Internet de Mediapart dirigeait la rédaction du journal Le Monde en 2003...
En 2010, Plenel utilise les "mêmes méthodes"
Attendra-t-il encore 7 ans avant de nuire à nouveau, si la justice ne met pas un terme à ses méfaits ?
Mais si on peut amener un ex-président de la république à s'expliquer devant des juges, les journalistes ne courent pas ce risque. Normal, il faut protéger la liberté d'expression qui autorise à dire - impunément - n'importe quoi.
blog au contenu intéressant, de bonnes choses à creuser, à étoffer... Bref, continuez ainsi !
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