Droit dans ses bottes et pourtant imprévisible !"Je ne suis pas en accord avec l'annonce de l'augmentation des tarifs de la SNCF"
Ségolène Royal s'oppose vivement à la hausse du prix des billets de train, si on en croit sa dernière déclaration du dimanche 4 janvier au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, où elle fustige l'entreprise publique de chemins de fer dont elle a la tutelle. "S'engager dans une fuite en avant et considérer que pour augmenter son chiffre d'affaires il faut hausser le prix des billets, n'est plus possible", assénait-elle hier, parlant même de "racket"... "Je ne suis pas en accord avec l'annonce de l'augmentation des tarifs de la SNCF", clame Ségolène Royal. En pleines vacances de Noël, l'entreprise a communiqué en expliquant qu'à partir du 31 décembre, le prix des tarifs augmenteront de 2,6%, selon le type de train et de billet.
Le secrétaire d'État aux Transports Alain Vidalies avait défendu cette annonce au prétexte officiel d'amélioration de la qualité du service pour les voyageurs, mais ni lui, ni sa ministre n'évoque le véritable motif d'augmentation. Si on ne peut exclure un souci de l'intérêt général, si faible soit-il, les hausses s'imposaient à l'origine par l'engagement du ministère à reclasser dans le service public les personnels licenciés par Ecomouv', société chargée de la gestion des portiques électroniques, mis hors service depuis par le gouvernement socialiste.
La ministre de l'Écologie estime maintenant que les augmentations des tarifs SNCF sont "un mauvais signal" envoyé aux consommateurs. Ainsi, la SNCF doit rester "un outil de transport de masse", juge-t-elle.
Contredisant... son ministère, Ségolène Royal souhaite une meilleure transparence des prix ainsi qu'une consultation des usagers s'engage à "réformer par décret la façon dont l'État contrôle les prix des transports publics et notamment du train, parce que les choses ne sont pas claires. Chaque fois qu'il y aura des demandes d'augmentation des prix, nous demanderons une compensation en matière de productivité".
Le populisme de l'ex-présidente de Poitou-Charentes n'a pas faibli, mais c'est la confiance que lui portent ses collaborateurs qui flanche. De volte-face en retrait, ils ne savent jamais où l'attendre. En fait, celle qui se fait passer pour "franc-tireur" se tire régulièrement des balles dans le pied.
Au rayon des farces et bourdes qui l'ont rendue célèbre dès 2006-2007, personne n'a oublié non plus cet épisode croquignolesque de 'off', arme à double tranchant dont elle use et abuse. En octobre dernier, elle s'était encore oubliée devant les caméras de LCP en dézinguant avec mépris ...les "ministres qui pleurnichent", avant de demander que la phrase (pourtant diffusée au cours du auquel direct auquel elle participait) soit coupée au montage. Deux mois auparavant, elle démentait en bloc les propos que lui prêtait une journaliste du Point, dans lesquels elle estimait: "j'ai du charisme, de l'aura, du poids. Au gouvernement, je leur ferais de l'ombre".
Idem en 2011, quand l'élue assurait ne "pas se reconnaître" dans les propos que l'hebdo lui prêtait sur les origines de la franco-marocaine Najat Vallaud-Belkacem, alias Claudine Dupont. Une assertion qui s'avéra être un canular colporté par l'ex-candidate -battue à plate couture- à la présidentielle 2007. Si, avec Hollande, ils se sont trouvés, ce n'est pas un effet du hasard !
Royal a-t-elle des raisons d'envier la mauvaise foi de ses collègues socialistes ?
La ministère de l'Écologie défendait la hausse des tarifs qu'elle condamne aujourd'hui. Les tarifs SNCF enregistrent traditionnellement une hausse au 1er janvier. En 2014, le prix des billets avait déjà subi une augmentation, mais elle est niée au prétexte qu'elle est due à une hausse de la TVA, passée de 7 à 10%: une de ces nuances dont les socialistes ont le (ticket) chic, mais qui a un effet concret immédiat sur le pouvoir d'achat des Français.
A égalité de mauvaise foi avec Bruno Le Roux et Stéphane Le Foll réunis
Ségolène Royal dénonça dans Paris Match les "boules puantes" et le "mépris", de certains de ses collègues au gouvernement et prévient qu'on ne la musellera pas. Et, toujours au bord de la parano quand elle est contestée, la ministre de l'Ecologie s'offusqua des "procès en incompétence" qui lui seraient faits au sein d'une classe politique "majoritairement composée de machos sûrs de leur bon droit".
"Ceux qui veulent me museler se trompent. Oui, je parle. C’est ma liberté et je la garderai quoi qu’il arrive", défiait-elle dès le mercredi 14 mai 2014, à peine entrée au gouvernement. Ainsi la ministre de l'Ecologie rompait-elle, dans un entretien publié par Paris Match, avec la discipline d'unité jusqu'ici imposée aux membres du gouvernement Valls. Sauf que Royal contredit tout le monde, jusqu'à l'équipe qu'elle s'est constituée autour d'elle, au point que d'aucuns y voient les premières atteintes de la maladie d'Alzheimer...
Un rétropédalage a suivi de près, dès le jeudi 15. "La numéro trois du gouvernement a assuré mercredi à des journalistes ne pas se souvenir "avoir dit des choses comme cela, si ce n'est sur le ton de la plaisanterie," prétendait ainsi une dépêche Reuters en fin de matinée.
Ni une ni deux, l'ancienne présidente de Poitou-Charentes réactiva la "méthode Royal" de la mauvaise foi à propos de l'augmentation des tarifs SNCF: démenti en douceur et double discours à la sortie du conseil des ministres. Avec aplomb, Royal n'hésita pas à déclarer "ne pas avoir de préférence à ce stade" entre les deux sociétés.
Sur Twitter, la ministre s'était d'ailleurs empressée de faire croire à un travail "en liaison avec Arnaud Montebourg" et le PDG de Siemens.
Mais ce n'est pas tout.
Dans le même entretien, la ministre assura aussi que l'américain General Electric représentait "le meilleur projet industriel" pour l'avenir d'Alstom. "Pourquoi ne pas le dire ? Et pourquoi vouloir systématiquement faire fuir les investissements étrangers ? Nous en avons bien besoin, pourtant", lançait la provocatrice, alors qu'Arnaud Montebourg défendait depuis des semaines une solution franco-allemande en privilégiant Siemens...
Au final, à quoi faut-il s'attendre ?
Personne ne sait plus, ni au ministère, ni à la SNCF et ses usagers Ségolène aimeraient pourtant savoir à quoi s'en tenir. Royal se dit opposée à la hausse du prix des billets de train, quelques semaines après que son ministère a défendu la mesure. Mais attention, son ministère, ce n'est pas elle ! Mais elle, saura-t-elle demain, ce qu'elle a dit aujourd'hui ?
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