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lundi 10 juillet 2006

Mondial 2006: descente aux enfers.
L’équipe : c’est d’abord Raymond Domenech, un sélectionneur qui a su insuffler l’esprit d’équipe à des individualités de talent aux egos surdimensionnés. Médias et pub ne sont pas étrangers à l’arrogante grandeur des frappeurs de ballons ronds et, à l’occasion, d’adversaires: responsables des louanges, mais pas coupables des mauvais comportements, ils vivent aussi du veau d’or, sans états d’âmes. Les humbles dévots sacrifient donc au ballon rond tous les quatre ans. Ainsi, les précaires prennent-ils sur leurs maigres économies, les jeux videos des enfants et le RMI insuffisant, selon Marie-sEGOlène, Marie-Geo et Arlette, pour acheter à prix d’or les titres de transport et d’entrée, les ornements sacerdotaux bleus de rigueur et les packs de bière de messe. Le peuple des gens simples cherche des échappatoires à ses soucis. Il se crée, croit-il, des modèles, qui en fait lui sont proposés en accession libre avec la Star’Ac, et aussi des dieux inaccessibles. D’ailleurs ils marquent bien leurs distances et gardent ainsi leur mystère. Les dieux du stade sont toutefois mis à portée de la dévotion populaire de masse sur écrans géants républicains, ces icônes collectives de quartiers des temps modernes.
C’est dans ces conditions et avec des joueurs dispersés à l’étranger où l’herbe est plus verte, que le sélectionneur a réuni les divas du ballon rond, dieu tutélaire des athées de tous poils qui pour l’occasion néanmoins, tantôt se signent subrepticement, tantôt tournent ostensiblement les paumes des mains vers le ciel, mais invoquent souvent la protection d’un dieu dont chacun est le divin fils envoyé sur terre. D’autres, à l’instar des enfants gâtés du foot français, Zidane et Barthez (à gauche), n’ont pas même encore appris à chanter La Marseillaise comme les autres: l’ascension sociale dans le foot et par le foot peut conduire à mépriser superbement l’emblème du pays qui les a nourris, formés et élevés à leur rang, ainsi que les sacrifices que ce peuple de travailleurs a consentis pour leur gloire. Ils ignorent donc jusqu’aux paroles sacrées de l’hymne national, ce cantique que la nuée anonyme d’adorateurs adresse en hurlant à leurs dieux incarnés, au cours de danses païennes fort colorées, mais que certains dieux vivants, qui les reçoivent en offrande au moment du sacrifice, ne font qu’écouter avec condescendance. Les médias français se détournent alors du Tour de France et de la victoire acquise -et non point potentielle- d’Amélie Mauresmo à Wimbledon, première vainqueur française depuis Suzanne Lenglen. Pas de Champs-Elysées pour Amélie. Mais rien moins qu’un château historique à la dimension de l’événement, des divinités du foot, et de leurs familles, femmes et enfants, aux frais de la princesse républicaine, ne fut attribué à la préparation des divins participants à la grand messe planétaire. Les fidèles acceptent sans gronder depuis leurs caravanes : ils sont en transes, en lévitation. Le Château de Versailles, non ; le château de Münchhausen, ah, ouiiii !
Le savoir faire, la détermination et le charisme sans ostentation de Raymond Domenech ont permis la constitution d’une équipe dont les membres ont appris à jouer ensemble sans renoncer à l’expression de leurs qualités individuelles : tout le monde y trouvait son compte, au-delà des attaques putrides originelles et des critiques fétides de… la presse !! Honte aux médias. Hommage au tour de force du sélectionneur…
Nous leur devons le meilleur et le pire.

Le meilleur :

Il est passé. Après huit ans de disette, la montée en puissance d’un collectif insoupçonné a donné espoir aux Français. Le sort a basculé en faveur des Italiens, lorsque deux joueurs Français, pour des raisons différentes, ont dû quitter le terrain. Thierry Henry n’a pas démérité, mais Zidane s’est fait exclure pour acte de violence. Les Italiens n’ont pas été meilleurs, mais ont gardé leur cohésion et leur maîtrise face à dix joueurs vaillants.
Le pire : On a les dieux qu’on mérite.

1/ Zidane. Le coup de boule: visionnez les faits
La vidéo dans le foot ?

Fin politique, le Président de la République fait des grâces à Zidane, malgré sa violence, et le peuple est content.
Il reste que le geste de Zidane est inadmissible, quelle qu’en soit la raison. Celles de Zidane sont certainement bonnes et nous les condamnerons probablement quand nous les connaîtrons, comme nous condamnons assurément son comportement contraire à la morale sportive. Un champion a des devoirs plus que quiconque, et d’autant plus qu’il est adulé, au-delà de toute raison.

Ses erreurs, nombreuses, étaient le plus souvent occultées par la presse et il se croyait probablement intouchable. Soupçonné de s’oxygéner médicalement en Suisse, il a en outre des crises du comportement qui ne peuvent être attribuées seulement au vedettariat. Les accès de violence, il connaît. La surprise est d’autant plus grande, qu’il affiche un masque impassible et que les journalistes simulent l’extase à son seul nom, alors qu’ils savent que le monsieur ne supporte pas la contradiction. Les braves gens l’ont vu s’en prendre sur les terrains du Mondial à des coéquipiers. Il a multiplié les gestes d’anti-jeu.
C’était, pour son dernier match, le 12e carton rouge de la carrière de Zidane. Souvent victime de harcèlement ou de provocations qui le poussent à se faire justice lui-même, Zidane a une nouvelle fois craqué, cette fois-ci face au défenseur Marco Materazzi. En donnant un coup de tête à la poitrine de l'Italien, Zidane a été logiquement exclu par l'arbitre argentin Horacio Elizondo (110e). Le n°10 avait auparavant récolté 11 cartons rouge dans sa carrière : 3 à Bordeaux, 5 avec la Juventus de Turin (avec 5 matches de suspension à la clef), 2 avec le Real Madrid et 1 avec l'équipe de France.
C’était un modèle pour les enfants. Pourvu que désormais ils ne distribuent pas, à tout va, des coups de boules à ceux qui leur tiennent tête. Les éducateurs feront face… Une icône française qui ne se maîtrise pas, malgré une telle expérience acquise au fil de toutes ces années, fait un tort considérable à l’ensemble de la nation.
L'AFP observe que dans les cités et un peu partout en France, les gens pardonnaient lundi à leur héros national son coup de tête : "La première chose que l'on s'est dite, c'est que Zidane nous ressemble, c'est un mec de quartier qui démarre au quart de tour. C'est un coup de sang qui renvoie à son histoire, à sa jeunesse dans une cité", mais réclamaient malgré tout une explication. Par ces mots, Samir, membre de l'association de Dammarie-lès-Lys "Bouge qui bouge" en grande banlieue parisienne, résume l'état d'esprit qui règne dans plusieurs cités après la défaite de la France battue en finale du Mondial 2006 de football face à l'Italie (1-1, 5 t.a.b. à 3).
Mais le désormais tristement célèbre coup de tête de Zizou en pleine poitrine de l'Italien Marco Materazzi, qui l'a certainement provoqué, fait craindre en même temps des mauvaises répercussions dans ces quartiers sensibles, dont Zidane est lui-même issu.
C’était le représentant d’un peuple aux yeux du monde. Capitaine de l’équipe, menacé d’expulsion au deuxième carton jaune, il connaissait ses responsabilités, au sein de l’équipe et en cas de tir au but. Le carton rouge qu’il a mérité, pour violence indiscutable et impardonnable, a privé l’équipe d’un but vainqueur probable et le pays d’une victoire méritée.
Un mot de Barthez : il brille dans les buts, mais sa courtoisie n’est pas ce qui le caractérise le mieux. Seul absent à la réception de l’équipe de France à l’Elysée, il démontre sa grossièreté à toute épreuve(avec, dit-on, des excuses familiales cependant), jusqu'à preuve du contraire. L’élu suprême, qu’il le veuille ou non, est le Président de tous les républicains Français, mais Barthès, que la tolérance politique n’étouffe pas, est-il républicain ? s’il ne se connaît pas d’obligation, et que la démocratie chez lui justifie l’intolérance. Cherche-t-il à confirmer l’idée communément répandue, qu’il ne faut pas être intelligent pour être sportif ? Pasidupes croit exactement le contraire. Mais alors, Barthès n’a pas l’esprit sportif ; il n’est pas un sportif, comme on les décrit aux enfants.
2/ Les médias.
Il faut reconnaître que le pays entier a porté aux nues, a déifié un homme ; rien qu’un homme, se plaisent-ils à dire maintenant en choeur: ils ne sont jamais pris de court. Qu’ils l’admettent serait en soi une avancée si les médias n’étaient pas prêts à tous les Canossa : dieu, que la Toscane est belle ! N’est pas dieu qui veut. Il faut en être un et ça ne se fabrique pas comme une savonnette. L’équipe de France n’était pourtant pas qu’un emballage. La rumeur médiatique a d’abord néanmoins décrié le produit, puis la rumeur générale l’a cassé, mais tout le pays l’a ensuite encensé aux premiers signes que le mort bougeait encore. Tant de dédain alors soulevait déjà le cœur, mais autant d’encens ensuite donna la nausée. Cette versatilité de la presse est répugnante ; journaux et magazines ne déméritent pas les tourments qui les agitent. Un peu de dignité, voilà ce qui manque le plus. Les médias n’auraient-ils appris que ça qu’ils auraient progressé et que le Mondial 2006 ne serait pas pour eux un échec durable.
Les médias utilisent les moyens prévisionnels mis en place en cas de victoire pour les rentabiliser. France2 et TF1 ont déjà fêté les joueurs nationaux qui ont réussi l’exploit d’arriver en finale pour la deuxième fois. Dans leur béatitude, ils ne donnent pas dans la nuance et n’en démordent pas : c’est comme si l’équipe de France avait gagné… Soit ! Entre illusion et réalité, on s’y perd volontiers dans ce pays lucide. Bah, on ne peut pas, et singulièrement par cette canicule, toujours opposer morale et raison à la déraison…
"Bravo quand même", lance L'Humanité, alors que Le Parisien/Aujourd'hui en France"dit "Merci" à l'équipe de France. "Voilà, c'est fini", regrette le quotidien Metro, 20 Minutes se permettant un clin d'oeil: "Zi End". "CRUEL" titre Libération, alors que La Tribune écrit que les Bleus ont été "défaits" mais la France…"réhabilitée" par ce Mondial.
D’autres sont plus nuancés. Pour L'Equipe, "le plus difficile ce matin n'est pas d'essayer de comprendre pourquoi les Bleus (...) ont perdu", mais "d'expliquer à des dizaines de milliers d'enfants à travers le monde comment (Zidane) a pu (se) laisser aller à asséner ce coup de tête?" ;"C'est donc un carton rouge qui a envoyé le maestro à la retraite", constate La Voix du Nord, tout en rappelant que le "vilain geste" du milieu de terrain méritait une expulsion. "La dernière image de la carrière du plus beau joueur français de l'histoire n'est pas forcément belle, mais ce n'est pas cette image que la mémoire collective retiendra", estime le quotidien régional.
A propos. On a bloqué la photo de Marie-Sego et Zidane prise avant Mondial: elle ne devrait pas paraître. Une photo-montage de substitution est en cours pour parution prochaine. La partenaire de la madone des sondages est … Amélie Mauresmo : et allez la rumeur !…La malheureuse ne choisit pas ses amis : l’actualité les lui impose !
3/ La pub et le fils de pub.
Que d’argent gaspillé qui aurait secouru tant de gens en difficulté. Après la honte, le déshonneur ? Que vont devenir les campagnes toutes prêtes qui ont englouti des sommes folles en montage et en diffusion ? Zidane va-t-il en rester le héros? Pas de disgrâce dans le foot ? Tout porte à le penser, car on ne peut pas gâcher et la morale a des raisons que ne saurait avoir le marketing… Alors, Zidane, par-ci et Zidane par-là, sur écrans, sur papier et sur produits dérivés. On ne s’en privera pas. En redistribuerait-il une partie, même infime , pour forcer l’admiration du public, que le public retournerait à ses extases, les médias à ses démons et les marchands à leur tiroirs caisses... Les sponsors ne vont pas ce gratter!
Heureusement, bonnes gens, Marie-sEGOlène est en embuscade et va reprendre possession de son territoire. Les foules ébaubies ont échappé à Marie-Sego en short et maillot bleu dans les tribunes de Berlin, mais elles ne pourront pas esquiver ses pensées profondes –retoquées ‘Made in Sweden’- sur tous les supports médiatiques de ses paroles définitives et impérissables, mais violables à tous moments. "Rêve brisé", dit-on. L’effet miroir d’une victoire manquée sur la jeunesse et le moral français étant ce qu’il est, il nous reste à espérer que l’image que renvoie Zidane aux jeunes sera effacée. Drucker nous l’a assuré: il suffit que les médias ne nous présentent pas les images de honte en boucle. Ils savent le faire à l’inverse aussi. Sa haute idée de la manipulation médiatique des masses et de son rôle éducatif est énoncée clairement par un homme de l’art. C’est l’éthique à la française : tous ensemble, rien n’est impossible !

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