POUR

LA &nbsp LIBERTE &nbsp D' EXPRESSION

Free speech offers latitude but not necessarily license

mardi 12 novembre 2019

Municipales 2020: LREM, un si mauvais départ

Dissidences, refus de porter l'étiquette ou défection au bureau exécutif: peut-on pire ?

"Les municipales, ça va être un sacré bordel"

Résultat de recherche d'images pour "gUERINI LREM"
Guérini, bof !

Voilà comment un parlementaire En Marche! évoquait le scrutin de mars 2020 il y a quelques semaines. Et pour cause.
Les premières élections municipales depuis la grande recomposition politique imposée par l’élection de Macron en 2017 s’annoncent compliquées pour le parti présidentiel. 
Entre dissidences dans des villes symboliques comme Paris ou Lyon, candidats qui ne veulent plus de l’étiquette, comme à Lille ou cas locaux qui font bondir des poids lourds du parti comme à Chelles (Seine-et-Marne), l’élection intermédiaire de 2020 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices.  
Question maillage, LREM est une passoire : le mouvement ne compte que trois maires de communes de plus de 70 000 habitants (Lyon, Besançon, Nouméa)...

Le cas Villani fait tache d'huile

Ville symbolique que Macron aimerait ravir à la maire sortante socialiste Anne Hidalgo, Paris a donné le ton dès la rentrée de septembre. La dissidence de Cédric Villani, qui n’a pas accepté la décision de LREM d’investir son rival Benjamin Griveaux, met à mal la stratégie présidentielle dans la capitale. 
Divisé, le parti peine à rattraper la maire sortante dans les sondages. Une stratégie perdante qui commence à faire des petits. A Lyon, Metz ou Sens, des candidatures dissidentes se font jour et ce n’est pas fini.

Les ex-socialistes refusent les seconds rôles 

A Montpellier, par exemple, le député LREM Patrick Vignal assure qu’il se présentera quoiqu’il arrive à l’Hôtel de Ville, même sans l’investiture de son parti qui doit se pencher sur le cas de la ville jeudi 14 novembre.
“J’incarne les valeurs d’En marche!, je n’ai pas quitté le PS pour enfiler des perles. J’irai jusqu’au bout”, fait savoir ce soutien d’Emmanuel Macron à l’Assemblée nationale, avant d’ajouter dans un sourire: "S’ils me virent, c’est leur problème, mais ils ne virent pas...".
"Dans l’ancien monde, Cédric Villani aurait été exclu", répond, à propos du cas parisien, le jeune secrétaire d’Etat Gabriel Attal de Couriss, invité du “Grand rendez-vous” sur Europe1 et CNews le 10 novembre, mais on croit encore qu’un rassemblement est possible”, assure ce 'Macron boy' (compagnon de Stéphane Séjourné, conseiller politique de Macron), un ancien membre de cabinet ministériel socialiste, celui de Marisol Touraine.

Les candidats s'émancipent 

C’est pourtant l’un des problèmes du jeune parti présidentiel, c'est l'arrivisme : les nouveaux venus ont les dents longues et manquent de discipline, qui, par un effet loupe, transparaît dans ces 36.000 scrutins locaux. Par exemple, nombreux sont ceux qui ont pris l’étiquette En Marche! aux législatives pour s’en débarrasser aux municipales.

Ce fut le cas à Lille où la candidate LREM, Violette Spillebout, s’est empressée de prendre ses distances avec le parti macronien devant la presse quelques mois après avoir reçu l’investiture officielle.
L’ex-directrice de cabinet de Martine Aubry a déclaré en novembre ne pas vouloir être "le soldat d’un président de la République tout-puissant". Elle a précisé que "les logos vont disparaître" de ses affiches et tracts, après avoir reçu le sceau LREM par la commission nationale d’investiture (CNI).
Un binôme complémentaire et doté d’une certaine expérience politique est pourtant à la tête de la CNI.


Marie Guévenoux députée de l'Essonne (43 ans, secrétaire générale de la campagne d’Alain Juppé pour la primaire de 2016, avant de rejoindre La République En Marche!) et Alain Richard (74 ans, PSU puis PS et ministre de la Défense entre 1997 et 2002) , membres du Bureau Exécutif de LREM en charge des élections municipales, co-présideront la CNI. Tous les deux, de par leurs parcours et leurs origines politiques, incarnent la stratégie de recomposition politique poursuivie par la majorité : nécessité oblige ! Ce sont eux qui, pendant ces trois derniers mois, ont piloté les premières auditions de tous les Comités Politiques départementaux (COPOL).
"Tous, ils font ça", se désole Patrick Vignal. "Il y a quand même une politique de faux cul dans nos élus: je prends la marque pour la contenir et dès que j’ai la marque je deviens ‘citoyen’ ", moque ce briscard de la politique qui en a vu d’autres au parti socialiste. 

"Il faudrait des étiquettes LREM partout!"

“Lille est un cas classique”, abonde un autre député macronien qui préfère requérir l’anonymat: "lls pensent que l’étiquette LREM n’est pas porteuse aux municipales, alors qu’il faudrait des étiquettes partout!”, se lamente cet élu. 
C’est l’un des autres problèmes auquel fait face le parti mouvement de Macron pour ce scrutin: le manque de cohérence entre les alliances passées selon les villes. L'opportunisme de la société civile !

Pressée par Edouard Philippe et les juppéistes au sein de la majorité, LREM a changé de stratégie avant l’été. Sous la pression d’élus et de ténors plus expérimentés ou plus ancrés, le parti d’Emmanuel Macron s’est résolu à ne plus imposer des candidats LREM partout, mais à soutenir localement des barons locaux sortants “Macron-compatibles”.
Résultat, une stratégie peu lisible où, selon les zones, LREM soutient des maires sortants, qu’ils soient de droite, comme le LR Jean-Luc Moudenc à Toulouse ou de gauche, comme le socialiste Guy Férez à Auxerre qui se présente sans étiquette, mais qui est soutenu “en même temps” par le PS et LREM.
”Ça crée de l’invisibilité, surtout que les accords se font sans contrepartie”, regrette ce même élu, toujours sous couvert d’anonymat, comme si la critique publique était de plus en plus mal vue au sein du parti présidentiel.

"Les maires vont nous la faire à l’envers"

Autre risque, sur le long terme, créer des déceptions sur le terrain. 
Dans plusieurs villes, des candidats très implantés n’ont pas été choisis par la direction, ce qui a pu jeter de l’huile sur le feu.

Comme à Chelles, en Seine-et-Marne où la décision de soutenir le maire sortant LR Brice Rabaste, ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé ne passe pas du tout chez les marcheurs locaux. "Comment va-t-on réussir à s’implanter dans la durée si on apporte notre soutien à des maires sans aucune condition?" regrette l’un d’entre eux.
  
Très agacé par ce cas, le sénateur François Patriat qui soutenait son ancien collaborateur Hadrien Ghomi contre Brice Rabaste a d’ailleurs claqué la porte du bureau exécutif de LREM qui valide les choix de la CNI, le 23 octobre, selon des informations du Parisien.
"Le problème d’En Marche au niveau local, c’est qu’on nous dit ’vous allez soutenir les maires sortants’ qui n’ont, eux, jamais soutenu En marche à aucune élection et qui, à la prochaine présidentielle vont nous la faire à l’envers en soutenant un autre candidat qu’Emmanuel Macron", s’agace ce marcheur de Seine-et-Marne qui pourrait soutenir une liste dissidente à Chelles si elle était lancée. 

Candidat à Montpellier, le député LREM Patrick Vignal n’est pas d’accord avec la stratégie qui consiste à "vouloir beaucoup d’élus locaux, 10.000, en soutenant des maires sortants".
"On n’a pas eu de stratégie concurrente, gagnante", regrette le transfuge du PS. "Nous aurions dû nous compter au premier tour. Il fallait faire comme aux législatives, quand Macron osait faire les choses et mettre des candidats partout", insiste cet élu de 61 ans. "Pour les municipales, on n’a pas osé et on a eu la marque honteuse. C’est l’erreur que nous avons faite: jouer placé au lieu de jouer gagnant", tance le député Vignal, avec la métaphore du tiercé.  

"LREM est un mouvement très jeune", justifie Gabriel Attal à l’antenne d’Europe1 et de Cnews. "On aborde ces élections avec une forme de page blanche", reconnaît le secrétaire d’Etat. "On est engagés avec des alliés comme le MoDem qui sont ancrés depuis longtemps, donc forcément, ça peut frotter quelques fois", admet-il. 

Déconnectés des territoires

Des “frottements” qui font grincer des dents dans de nombreux départements. 

A Sens (Yonne), ce n’est pas une alliance avec le MoDem mais avec le Mouvement radical qui a du mal à passer. En septembre, la députée LREM Michèle Crouzet, refusée par la commission d’investiture contre sa rivale radicale, estime alors publiquement au micro de Europe1 que le président de la commission d’investiture [Alain Richard] est "déconnecté des territoires" et que les dirigeants d’En Marche! ne sont pas assez "à l’écoute" du terrain. Et, cas classique, elle annonce qu’elle sera candidate quand même. 
Depuis, Médiapart a rappelé que Claude Vivier Le Got, la candidate choisie par le parti présidentiel à Sens, a été condamnée à un an d’inéligibilité en 2015 après l’invalidation de ses comptes de campagne des municipales 2014 et met au jour de possibles “détournements d’argent” de son entreprise à des fins personnelles. Une situation locale qui pourrait donc évoluer.

Pendant ce temps-là, à Marseille, huit candidats potentiels ont été désignés dans les différents secteurs de la ville selon La Provence, et un "envoyé spécial" de la CNI, Jean-Marc Borello, 61 ans, président du directoire du groupe SOS, une organisation française spécialisée dans l'entrepreneuriat social et qui regroupe des entreprises et des associations, à Aix-en-Provence, est en mission sur place pour trouver la bonne pioche. 

Au milieu de ce grand bazar, pas sûr que les Français lâchent la proie pour l'ombre. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):