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mercredi 6 novembre 2019

Affaire Haenel: la justice s'en mêle sous la pression des lobbies féministes

Ruggia reconnaît une "erreur" : alors, pas de chasse aux sorcières ?

Où étaient les parents de la petite de 12 ans ?

Résultat de recherche d'images pour "harcelement sexuel au cinema"Accusé par l'actrice Adèle Haenel d'agression sexuelle lorsqu'elle était adolescente, le réalisateur Christophe Ruggia a reconnu mercredi l'"erreur" d'avoir joué avec elle... "les pygmalions", mais réfuté toute violence
Le Parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "agressions sexuelles" sur mineure de moins de 15 ans "par personne ayant autorité" et "harcèlement sexuel". L'enquête a été confiée à l'Office central de la répression de la violence faite aux personnes (OCRVP).

La vedette de "Portrait de la jeune fille en feu" n'a pas porté plainte, exprimant en direct lundi sur le site de Mediapart la mauvaise idée qu'elle se fait de la justice de son pays, s'indignant qu'il y ait "si peu" de condamnations dans ce type d'affaire et dénonçant "une violence systémique faite aux femmes dans le système judiciaire"

Christophe Ruggia continue de démentir toute agression dont l'accuse l'actrice, le quinquagénaire admettant mercredi, dans un droit de réponse à Mediapart,  avoir "commis l'erreur de jouer les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu'une telle posture suscite".
"Je n'avais pas vu que mon adulation et les espoirs que je plaçais en elle avaient pu lui apparaître, compte tenu de son jeune âge, comme pénibles à certains moments. Si c'est le cas et si elle le peut, je lui demande de me pardonner", a-t-il expliqué avec le recul des années.

"Mon exclusion sociale est en cours et je ne peux rien faire pour y échapper, déplore le cinéaste. Le Moyen-Age avait inventé la peine du pilori mais c'était la sanction d'un coupable qui avait été condamné par la justice. Maintenant, on dresse, hors de tout procès, des piloris médiatiques tout autant crucifiants et douloureux".

Dix-huit ans après, l'actrice de 30 ans retrouve la mémoire 

Récompensée par deux César, l'actrice française a mis en accusation le réalisateur, avec lequel elle a tourné à l'âge de 12 ans son premier film, suite à un casting sauvage, "Les Diables", où elle interprète une autiste orpheline en fugue, tout un programme, sauf pour la maman.

C'est au site trotskiste Mediapart, puis dans un entretien filmé le lendemain (avec Edwy Plenel et Marine Turchi - laquelle s'est consacrée aux accusations visant en particulier Tariq Ramadan et Luc Besson - , publié le 4 novembre), que la comédienne a livré son terrible secret, dimanche. Elle déclare avoir été victime de ce qu'elle considère "clairement comme de la pédophilie et du harcèlement sexuel". Née, certes, dans une famille de Montreuil, Seine-Saint-Denis, ce qui peut être l'indice d'une orientation politique, la plaignante est toutefois issue d'une famille privilégiée : sa mère est enseignante et son père, autrichien, est traducteur.
La réalisatrice Mona Achache, ex-compagne de Christophe Ruggia et de 20 ans sa cadette, a-t-elle voulu régler des comptes lorsqu'elle a déclaré à Mediapart: "Il m'avait confié avoir des sentiments amoureux pour Adèle lors de la tournée promotionnelle des Diables"?. Après l'avoir questionné avec insistance, il lui aurait avoué une scène [?]. Son récit l'aurait conduite à le quitter rapidement.

Deux ans après #MeToo, et malgré des affaires d'accusations mensongères, la justice n'a pas d'autre choix que de se saisir de cette affaire-choc pour le cinéma français.

Adèle Haenel a dénoncé "l'emprise" que Christophe Ruggia aurait exercée sur elle pendant la préparation et le tournage du film

Elle aurait ensuite subi un "harcèlement sexuel permanent", des "attouchements" répétés et des "baisers forcés dans le cou", alors qu'elle était âgée de 12 à 15 ans.

La jeune trentenaire n'a toutefois pas porté plainte.
Mercredi matin sur France Inter, la Garde des Sceaux Nicole Belloubet s'est arrêtée sur ce cas d'instrumentalisation de la presse et de mépris de la Justice.  La ministre avait regretté qu'elle n'ait pas porté plainte. "Je pense au contraire, surtout avec ce qu'elle a dit, qu'elle devrait saisir la justice, qui me semble être en capacité de prendre en compte ce type de situations"

Le Parquet a donc dû s'auto-saisir.
Cette procédure et la médiatisation de ce cas présumé sont exploités par les féministes qui continuent de dénoncer une omerta autour de ces questions alors même qu'elles font les unes de tous les organes de presse, deux ans après le lancement du mouvement #MeToo qui a précisément banalisé le sujet, à une époque où la télévision fait tomber tous les tabous à l'heure du JT.
VOIR et ENTENDRE comment la marque de serviettes hygiéniques Nana fait sauter les tabous en agrémentant les repas de famille, longuement :

Un si long silence (long comme une pub complaisante) 

Les réactions continuent d'affluer. Ainsi l'ARP (Auteurs, réalisateurs, producteurs) soutient-elle mercredi "Adèle Haenel dans cette démarche courageuse".

Le SPI (Syndicat des producteurs indépendants) n'est pas de reste. "Il ne faut plus que le cinéma, l'audiovisuel, le spectacle soient des espaces tolérant 'au nom de l'art' la destruction des corps et des vies de celles et ceux qui les fabriquent", selon la CGT spectacle. 

Association professionnelle comptant quelque 300 adhérents, la Société des réalisateurs de films (SRF) avait radié Christophe Ruggia dès lundi, sans procès, ni défense et au mépris de la présomption d'innocence. Ce réalisateur a pourtant été coprésident de cette même société (SRF) pour 2014-2015.

Des actrices sont également montées au créneau. 
"Une grande admiration pour Adèle Haenel, qui parle pour celles qui sont dans l'ombre...", a témoigné l'actrice et productrice Julie Gayet sur Instagram.

"Adèle, ton courage est un cadeau d'une générosité sans pareille", a posté de son côté l'oscarisée Marion Cotillard. "Tu brises un silence si lourd". Et depuis longtemps en morceaux...

"Je pense que c'est une sorte de tournant. C'est la première fois en France qu'une actrice internationalement connue, qui travaille beaucoup et a une cote d'enfer, prend la parole sur ce sujet-là", estime la journaliste Véronique Le Bris, fondatrice du premier web-magazine féminin sur le cinéma, cine-woman.fr, pour laquelle "ça va forcément avoir des conséquences".  
Les plaignantes plus spontanées en ont ainsi pris pour leur grade : méconnues, au chômage et démonétisées, elles auraient dénoncé (diffamé ?) pour tenter de revenir sur le devant de la scène ?

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