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mercredi 2 janvier 2013

Ces journalistes vertueux qui nient leurs privilèges fiscaux

"Parlez-nous de la niche fiscale des journalistes, monsieur Cohen "

Un article [commenté] de Laura Orosemane pour Rue89


Les journalistes qui fustigent les niches fiscales protègent-ils la leur ?



Ce mercredi matin sur France Inter, un auditeur de la matinale de Patrick Cohen [accusé de sympathies à gauche pendant la présidentielle] a fait resurgir ce serpent de mer que sont les avantages fiscaux accordés à la profession [des journalistes].


Originaire de Loire-Atlantique, Claude ne s’est pas démonté [!] et a interpellé directement l’animateur radio [ça relève presque de l'attaque frontale...]:
« J’aimerais beaucoup que monsieur Cohen nous parle des niches fiscales des journalistes. J’aimerais, par équité, que vous en parliez autant que les niches fiscales des restaurateurs. »

LE 7/9 DE PATRICK COHEN : ÉCOUTEZ À PARTIR DE 108 MIN

Journalistes, hôtesses de l’air, brodeurs

En cause : l’« allocation pour frais d’emploi ». Une somme de 7 650 euros que les journalistes ont le droit de déduire de leurs revenus lors de leur déclaration d’impôts.  Réponse de Patrick Cohen :
« Ce n’est pas du même coût et au même niveau. Cette déduction de 7 600 euros n’a pas été révisée depuis quinze ans. »
Un rien embarrassé, l’animateur a promis d’en parler plus tard à l’antenne.
De fait, l’allocation n’est pas une niche fiscale ou en tout cas, elle ne l’est plus. Mise en place dans les années 30, cet avantage permettait aux journalistes – comme à une centaine d’autres professions [la belle excuse] dont les hôtesses de l’air et les brodeurs du département de l’Aisne – de bénéficier d’une déduction fiscale de 30% de leurs revenus.  
Une mesure qui se justifiait dans le contexte de l’après-guerre, lorsque les maisons d’édition ne pouvaient pas payer les frais professionnels des journalistes, pour redynamiser le secteur. [Combien de corporations l'auraient alors méritée au même titre et encore aujourd'hui ?]
« Une déduction corporatiste coûteuse »
NICHES COÛTEUSES
Le coût des niches fiscales s’élèvera à 70,8 milliards d’euros prévus pour 2013. Sur les 464 dispositifs d’abattement qui existent, autant de frais pour l’Etat, les plus coûteux restent les TVA réduites.
En tête du classement, on retrouve la TVA pour les travaux de rénovations à 7% (coût : 5,3 milliards) puis la TVA réduite pour la restauration à 5,5% (coût : 3,2 milliards en 2013).
Et enfin le Crédit d’impôt recherche (3,35 milliards), l’abattement de 10% sur les retraites (3,28 milliards) et la prime pour l’emploi (2,46 milliards).
En 1996, le gouvernement d’Alain Juppé décide de revenir sur l’existence de ces niches. Elles seront toutes supprimées, sauf une : celle des journalistes, justement. [Ce n'est pas pour autant une caste...]
Après plusieurs années de négociations, l’avantage sera maintenu mais sous une nouvelle forme : un abattement forfaitaire plus juste car il n’avantage pas excessivement [sic] les stars des médias qui touchent les plus « gros » salaires.
Une mesure plus juste mais qui reste décriée. En mai dernier, des internautes ont lancé une pétition.
« Stop aux privilèges fiscaux des journalistes », « Une déduction d’impôts corporatiste coûteuse pour les contribuables ! » , « Un privilège qui n’a plus de justifications ! » Le ton est donné.
De quoi mettre mal à l’aise les « privilégiés » concernés. [A la différence des autres niches] Le coût pour l’Etat d’une telle mesure fiscale est difficile à calculer [avec la meilleure volonté !] étant donné la disparité des salaires des 36 815 titulaires de la carte de presse en 2011. Sans parler des non-encartés qui peuvent aussi en bénéficier s’ils peuvent justifier qu’ils exercent bien la profession. [des encartés qui n'exercent pas ?... C'est comme les aéroports qui reçoivent des aides européennes au titre de terres agricoles ! ]
Par exemple, une journaliste en CDI à Rue89 qui gagne 2 100 euros par mois paie 900 euros d’impôts par an. Dans les mêmes conditions, célibataire et sans enfants, un salarié non-journaliste paiera plus du double, soit 2 000 euros d’impôts par an. [Mais elle touchera à vie: les non-encarté(e)s peuvent aussi en bénéficier. Ca rappelle la pension allouée aux parlementaires éliminés: Jack Lang et Julien Dray y ont-ils droit ?]
Interdit aux moins de 12 ans
et aux coeurs sensibles
Elle profite aux journalistes précaires [c'est trop mignon !]
Alors pourquoi maintenir cette déduction ? Car [c'est l'alibi] elle profite surtout aux journalistes précaires, pigistes ou en CDD, qui n’ont pas le soutien de leur rédaction et doivent éventuellement avancer leurs frais professionnels d’après le Syndicat national des journalistes (SNJ). [Il va falloir que la FSU défile et bloque les établissements pour ses précaires: elle le faisait quand ils s'appelaient "maîtres auxiliaires", mais le fera-t-elle désormais pour ses "vacataires" et "contractuels", maintenant que la gauche est aux manettes ?] 
[La presse vertueuse et militante fait un grosse consommation de précaires] Selon l’enquête 2011 de l’Observatoire des métiers de la presse, un journaliste sur cinq [jeune stagiaire, contractuel ou vacataire] est aujourd’hui dans cette situation. Et depuis les années 2000, la part de ces journalistes précaires est en constante augmentation au sein de la profession.
L’autre raison est plus pratique. L’annonce de sa suppression entraînera certainement une levée de bouclier des syndicats qui demanderont des compensations salariales – difficile en ces temps de vaches maigres pour la presse. [Les syndicats sont toujours là où il faut un peu plus de justice sociale !]
Sur Slate.fr, Vincent Glad propose une autre solution :
« Rayer de la liste des bénéficiaires (“journalistes, rédacteurs, photographes, directeurs de journaux et critiques dramatiques et musicaux”) les directeurs de journaux. »
[Tout fils de patron qu'il soit (père directeur d'agence bancaire et mère principale de collège), ce journaliste trentenaire, c'est de la bonne graine stalinienne de SNJ !]




A propos et pour information


L'appartement de Gérard Holz
à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) a été cambriolé le 29 décembre.

Les voleurs ne lui ont dérobé que pour 20.000 euros de bijoux. Les méchants sont des précaires, il ne faut pas leur en vouloir, Mr le juge !


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