Les locaux s'indignent du déferlement de visiteurs qui bafouent les consignes gouvernementales
Le pouvoir central déploie des policiers aux sorties de Paris, mais les vacanciers de la zone A débarquent pourtant en régions
Les policiers sont-ils des figurants convoqués pour les journaux de 20h ? Comment les contrevenants au confinement échappent-ils aux drones et aux essaims de CRS ? Les Malouins ont pris les choses en mains les signalements d'inconnus immatriculés en Ile-de-France se multiplient: les appels au commissariat pleuve comme bruine bretonne au printemps et s'étendent au voisin indélicat ou aux promeneurs inciviques du pays de Saint-Malo.
"Restez chez vous !" Alors que le sujet du déconfinement est "sur la table" publique, un confinement strict reste pourtant de rigueur et les citoyens de bonne foi peuvent y perdre leur latin. A juste titre, la consigne est répétée des dizaines de fois par jour pour enrayer au plus vite l’épidémie de Covid-19, mais les exemples de piétinement des consignes gouvernementales s'étalent sous nos yeux, impunément. Les joggers n'ont jamais autant joggé et les flâneurs, flâné.
Les Malouins refusent de se laisser contaminer sans broncher
Dans la cité corsaire, on est passé à l'acte. Certains dénoncent de la délation, mais les citoyens vigilants parlent de civisme. "Si on se demandait ce qui se serait passé en 40 si les Français avaient eu Internet, on n’est pas loin d’en avoir un triste aperçu," estiment ceux qui considèrent que les forces de l'ordre sont l'ennemi.
La gauche accorderait-elle plus de valeur aux idées qu'à la vie ?
Une dénonciation est-elle d'ailleurs nécessairement assimilable à la délation ? La délation, nous dit le dictionnaire, c’est une "énonciation dictée par des motifs vils et méprisables". Alors l'accusation de dénonciation par l'opposition politique serait donc une délation.
Or, avec cette "guerre" dont parle le président de la République, les Malouins et plus largement les Français, se sentent comme investis d’une mission sacrée. Les infractions au confinement sanitaire sont vécues comme des manquements "criminels" à la solidarité républicaine puisqu’ils mettent en péril la santé de tous les citoyens. On s'étonnera donc au passage que Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, abandonne la scène médiatique à ses collègues de Matignon et de Beauvau.
Mais, si le coeur est à gauche, il faut l'exfiltrer, le déconfiner
La toile du net s'est couverte de la bave des vertueux qui placent l'idéologie au-dessus de la vie. Ainsi Ernesto est-il tellement formaté qu'il n'a jamais que des certitudes: il reste figé en toutes circonstances, avec l'assurance que ses maîtres à penser ont la vérité et montrent la seule voie possible, confort de la pensée prête à l'emploi, sens unique intellectuel immuable, intouchable et sacré qui évite de penser par soi-même, librement. Il détecte partout les mêmes relents nauséabonds et les dénonce, par réflexe, sans questionnement: "c’est plein de haters frustrés qui auraient sûrement dénoncé leurs voisins en 40." Et de conclure, non sans supériorité et son corollaire, le dédain: "Pauvre France !" Faut-il y voir le mépris du pays, de la nation et de ses semblables: sans doute un internationaliste, qu'il soit de bistrot, en chambre et sur son clavier...
Si on a le souci de l'Autre, si on aime son voisin et qu'on le respecte comme son semblable au-delà des mers et des océans, on veille sur lui et on est solidaire de son devenir. On invente donc des règles nouvelles, le mieux possible appropriées à la situation nouvelle et on fait tout pour le garder, quitte à s’époumoner à la vue d’un homme dehors, pour sauver sa vie en sauvant la sienne. On fait même la leçon au passant inconnu et on lui fait prendre conscience, au vu de son chariot débordant, qu'il appartient à un tout dont il est dépendant. Qu'il ne survivra pas si le paysan ou l'infirmière est contaminé. La solidarité avec la planète commence à la maison.
Si on a le souci de l'Autre, si on aime son voisin et qu'on le respecte comme son semblable au-delà des mers et des océans, on veille sur lui et on est solidaire de son devenir. On invente donc des règles nouvelles, le mieux possible appropriées à la situation nouvelle et on fait tout pour le garder, quitte à s’époumoner à la vue d’un homme dehors, pour sauver sa vie en sauvant la sienne. On fait même la leçon au passant inconnu et on lui fait prendre conscience, au vu de son chariot débordant, qu'il appartient à un tout dont il est dépendant. Qu'il ne survivra pas si le paysan ou l'infirmière est contaminé. La solidarité avec la planète commence à la maison.
Audrey, employée dans un supermarché de Saint-Malo, peste contre ses clients qui viennent acheter une bouteille de ketchup. Marythé explique être "bien placée pour voir les gens aller plusieurs fois par jour dans un supermarché," mais ne réalise pas que certains d'entre eux font les courses de leurs voisins âgés ou handicapés. D'autres ne voient personne de la journée s'ils ne vont pas à la superette. Ont-ils pour autant la possibilité d'y échanger avec leurs semblables ? "Devant chez moi ça n’arrête pas de passer," gronde Chrystele, sans se poser de questions.
Le début des vacances scolaires n’a fait que booster la courbe des signalements.
Elles ont commencé le 11 avril et l'intérieur des terres se répand sur la côte, des Bretons comme des Parisiens s'exposent publiquement. Il semblerait pourtant que les photos prises des briseurs de confinement ne sont pas venus de Rennes, mais de Paris, des voisins arrivés avec le soleil et l’adresse d’une location saisonnière: le tourisme local continue...
Elles ont commencé le 11 avril et l'intérieur des terres se répand sur la côte, des Bretons comme des Parisiens s'exposent publiquement. Il semblerait pourtant que les photos prises des briseurs de confinement ne sont pas venus de Rennes, mais de Paris, des voisins arrivés avec le soleil et l’adresse d’une location saisonnière: le tourisme local continue...
Un Parisien vaut-il trois ou quatre vies de Bretons ?
On n'osait imaginer que le ministre de la Santé envoie des patients atteints du Coronavirus en Corse... La question ne se pose plus: ils se sont retranchés et le resteront aussi longtemps que nécessaire. Les aides de l'Etat arrivent par monnaie numérique.
Les réseaux sociaux - plus primitifs que jamais - reflètent ce qu'ils sont et l'instinct de survie y est qualifié de haine. Yannick X, un brin exaspéré, les provoque, car c'est un "bonhomme" : "Allez-y, relevez les numéros et appelez la gendarmerie !"
À la mairie de Saint-Malo, les appels explosent pour dénoncer les agissements des inconnus, de ceux ou celles qui ne respectent rien et rien tant que l'ordre. Les loi de la République sont contraignantes et, quand on est assisté, on n'a que des droits. Et des dizaines d’appels sont reçues chaque jour. On appelle en effet pour s'indigner des "apéros chez les voisins" qu'on va devoir croiser dans l'escalier en allant se ravitailler, au risque de s'infecter. Mais les délateurs sont des crétins nauséabonds: ils ignorent qu'ils ont affaire à des voisins plus évolués qu'eux qui, avec l'une des applications très en vogue sur les tablettes, peuvent s'alcooliser en confinement convivial solitaire: les voix entendues sont celles de participants qui ne sont pas tous physiquement présents. Oh, les relous !
"Une partie de ces appels est effectivement réalisée pour dénoncer tel ou tel comportement," confirme le commissaire Guillaume Catherine, sans vouloir toutefois les quantifier. Ainsi a-t-il reçu des photos d’un homme qui déchargeait son coffre…
Puisque les Français qui jouent le jeu de la prévention solidaire et du confinement citoyen sont vilipendés - ostracisés par une frange exemplaire de la société - pour faire fonctionner StopCovid, son appli de traçage, bon courage au gouvernement auprès des détecteurs d'odeurs nauséabondes...
Ancré à gauche depuis sa création, fin 2018, actu.fr diffuse ces positions contraires à l'intérêt général, en dépit de la présence du virus tueur. Plateforme multimarque qui rassemble en un même site et une même racine commune les 93 media locaux du groupe Publihebdos, filiale du Groupe SIPA - Ouest-France détenu par l'Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste (76 titres en 2012 et deux imprimeries pour tout l'arc atlantique), il serait au 3ème rang des sites de presse régionale. Multi supports et fortement mobile, le site est à la 11ème place des media français dans le classement AMP (Accelerated Mobile Pages), format privilégié par Google sur smartphone.Or, selon le Syndicat national des journalistes (SNJ), ce montage permet surtout de servir des dividendes substantiels aux actionnaires de Sofiouest, les "humanistes" en question, souvent présentée comme "la machine à cash du groupe".
Les "humanistes" de Ouest France dénoncent des propos violents
"Pour les citoyens qui ont mis un orteil dehors [caricature visant à décrédibiliser] ou fait des courses jugées non nécessaires, après la délation, le couperet tombe dans les claviers d’ordinateur, bien tranquillement installés dans un canapé: la presse hégémonique déteste les réseaux sociaux... Et c’est particulièrement violent, selon actu.fr, qui ne s'en prend pas pour autant au préfet Lallement, malgré sa menace de châtiment divin sur les contaminés qui auraient été imprudents : "Il faudrait les faire travailler sans protection dans les hôpitaux." " Il faudrait leur filer le virus en intraveineuse pour qu’ils comprennent ces assassins," estime Isabelle - si ce n'est Bécassine - sur Facebook. "Tagger les personnes avec de l’encre indélébile, ça fera un tri pour les hôpitaux." Sans plus de possibilités de vérification des sources: la presse institutionnelle en est dispensée de cette obligation républicaine...
Alors, délation ou civisme ?
Une habitante [floutée] de Saint-Briac a fait les frais d’une dénonciation la semaine dernière. Elle-même soignante, donc on s’en doute très respectueuse des mesures [sans être pour autant à la minute près], elle se trouvait dans sa rue de la zone artisanale avec ses filles qui y faisaient un peu de trottinette pour se défouler.
Petite stupeur à l’arrivée des gendarmes qui lui lancent [violence de l'interpellation!]: "Oui oui, on vient pour vous ! On nous a appelés pour nous dire que des enfants faisaient de la trottinette." La maman s’aperçoit alors qu’elle a dépassé l’heure réglementaire de vingt minutes [60 ou 80 minutes, en réa, c'est sans doute pareil pour cette soignante "très respectueuse" des protocoles!] et se voit raccompagnée jusque chez elle.
Le groupe Ouest France prend parti contre le commandant de gendarmerie
Il doute clairement que "la gendarmerie fera toujours preuve de discernement." Le commandant de la compagnie de gendarmerie Emmanuel Aubry parle pourtant, pour sa part, de "démarche citoyenne," ironise actu.fr qui attaque le commandant frontalement avant de laisser la conclusion aux briseurs de confinement. "Nous nous sommes toujours fondés sur ce que les citoyens nous indiquent. On n’a pas attendu d’être en période de confinement." Le commandant évoque des zones où l’on roulerait trop vite, des trafics de stupéfiants à tel ou tel endroit, qui sont couramment signalés.
Pour lui [pas pour actu.fr], les appels à la gendarmerie pour faire remarquer des écarts aux mesures de confinement sont du même ordre. Et puis surtout, "la gendarmerie fera toujours preuve de discernement," explique-t-il, évoquant des "levées de doute" sur tel ou tel appel imprécis. "A Cancale, par exemple, on nous a sensibilisés sur des occupants d’un camping… Or, ils étaient arrivés avant les mesures." Ce cas particulier a-t-il valeur de généralité ?
"Il n’en demeure pas moins qu’il n’est, malgré le risque épidémique, toujours pas permis à chacun de se faire justice," assène le groupe Ouest France.
"Et que livrer son voisin à la vindicte populaire, cela reste pas joli-joli…" Plus beau encore, l'encouragement à contrevenir aux consignes sanitaires gouvernementales: est-ce sa manière inattendue d'être solidaire, mais du président qui s'est rendu à Pantin et a provoqué un attroupement de badauds sans masques ?
Ecœurée de cette délation, notre [sympathie] Briacine a posé des congés et décidé de renoncer à la sortie trottinette hebdomadaire [cohérence?]: "De toute manière, mes filles ne veulent plus aller dans la rue: elles ont eu peur de voir les gendarmes arriver pour elles." Et actu.fr (Sophie LE NOËN: les capitales sont les siennes; elle est colère !) d'opiner: "6 et 8 ans, on les comprend".
Inutile de demander à cette maman de préciser son orientation politique et syndicale.
Une délation autorisée - pour la route de retour à Paris ou la Belgique:
la droite gère la ville depuis 1983...
la droite gère la ville depuis 1983...
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