La ministre de la Ville a dû démissionner en catimini de son siège de députée LREM cette nuit
Et encore un siège de moins pour la majorité LREM à l’Assemblée !
Un député n'est pas obligé de démissionner de l'Assemblée nationale, mais Nadia Hai l'a fait cette nuit.
La nouvelle ministre déléguée à la Ville Nadia Hai avait été élue en 2017 dans la circonscription de Trappes mais, normalement, à l'entrée d'un parlementaire au gouvernement, c’est son/sa suppléant(e) qui lui succède.
Un trafiquant de drogue failli siéger dans la majorité présidentielle
"Il ne fallait pas qu’elle soit remplacée par son suppléant", raconte catastrophé un de ses collègues. Le suppléant en question, Moussa Ouarouss, référent Les Jeunes avec Macron, est soupçonné de trafic de drogue international.
Bien connu dans le centre et les quartiers de Reims, Moussa Ouarouss, entrepreneur et Marcheur historique, a été mis en examen pour importation, transport, détention de produits stupéfiants en bande organisée et association de malfaiteurs, en août 2019, dans le cadre d’une enquête portant sur un vaste trafic de cannabis entre la France et le Maroc. Ce que la titulaire ne pouvait ignorer lorsqu'elle a accepté de participer au gouvernement Castex, à l'appel de Macron.
Le journal officiel, en date de mardi, indique: "Démission d'une députée. Le Président de l'Assemblée nationale a reçu de Mme Nadia Hai, députée de la 11e circonscription des Yvelines, une lettre l'informant de sa démission à compter du lundi 6 juillet 2020. Acte est pris de sa démission."
Ainsi la majorité se rétrécit-elle un peu plus à l’Assemblée. Une partielle sera organisé dans les semaines qui viennent.
La circonscription de Benoît Hamon
Nommée à 40 ans ministre déléguée à la Ville, Nadia Hai avait battu sèchement le socialiste Benoît Hamon aux législatives en 2017, avant de se spécialiser à l'Assemblée dans les sujets dont elle a désormais la charge.
Cette novice en politique avait éliminé le candidat socialiste à la présidentielle dès le premier tour des législatives, avant de s'imposer au second face au LR Jean-Michel Fourgous. Originaire de Trappes, cette conseillère de gestion en patrimoine pour la banque Barclays, titulaire d'un diplôme supérieur de banque, a travaillé 15 ans en qualité de conseillère en gestion de patrimoine.
Cette mère de famille avait co-fondé le Comité Femmes En Marche avec Macron (FEMM). Elle avait notamment axé sa campagne sur l'égalité des chances et la jeunesse, en revendiquant son inexpérience - et son manque de notoriété -, selon elle gage de renouveau.
Le trafiquant franco-marocain était candidat à la... mairie de Reims.
La ville du couronnement des rois de France a failli passer aux mains d'un trafiquant de drogue.
En août dernier, l'interpellation et la mise en examen du suspect étaient restées secrètes, le parquet de Lille ne souhaitant pas communiquer sur cette affaire considérée comme sensible. Pourtant la lutte contre le trafic de drogue reste une des priorités de la politique pénale de la Chancellerie, et cette enquête, longue de dix-huit mois, est peu banale. Et pas seulement parce que la magistrate Adeline Hazan, qui fut maire de la ville (2008-2014), est aujourd'hui contrôleur général des lieux de privation de liberté, les prisons...
Révélée par le journal l'Union, la honte a rejailli sur LREM, deux mois plus tard.
L'individu à la tête de ce trafic international entre le Maroc, la France et la Belgique, est un notable rémois.
Moussa Ouarouss, 33 ans, est un dirigeant d'entreprise, de surcroît député suppléant de La République En Marche (LREM) pour les Yvelines et cadre local de la majorité présidentielle à Reims (Marne), ville dont il est originaire. Le 21 août dernier, soixante kilos de cannabis ont été saisis dans un lieu de stockage de l'agglomération rémoise par les gendarmes de la section de recherche (SR) de Reims. Au total six hommes, dont Moussa Ouarouss, ont été interpellés et mis en examen pour notamment "importation, transport, détention, et cession de stupéfiants en bande organisée" dans le cadre d'une information judiciaire ouverte par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lille. A l'exception du député suppléant de LREM, tous sont connus des services de police et ont été écroués. Le trentenaire, lui, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire avec notamment l'interdiction de quitter le territoire français.
Moussa Ouarouss nie ferme toute implication et se dit serein.
"Il y a encore trois mois, je menais une vie normale et maintenant je suis assailli pour une histoire dans laquelle il n'y a aucun élément contre moi," assure-t-il. Président de "Droit de cité", une association chargée de l'insertion des jeunes vers l'emploi, le trentenaire affirme avoir été seulement en relation avec l'un des mis en examen dans le cadre du travail qu'il mène dans cette structure.
Issu d'une famille originaire du Rif marocain, l'homme politique qui a grandi dans une cité de Reims a gagné la confiance de la députée LREM Nadia Hai, élue en juin 2017 à Trappes, dans l'ancienne circonscription de Benoit Hamon. "Il n'était pas très investi dans la circonscription et j'ai mis fin à notre collaboration en février 2018", explique l'élue.
C'est au parti socialiste rémois que Moussa Ouarouss a fait ses classes. Selon le journal, L'Union, le jeune militant a été exclu du parti pendant un an pour avoir bloqué une serrure avec de la colle, un soir de vote.
L'ambitieux s'est ensuite rapproché de la Macronie. En 2016-2017, à la tête de l'académie de boxe "Team Hamid Zaïm", Ouarouss a assuré avec quelques collègues de ring la sécurité de deux meetings du candidat Macron, en tant que responsable des jeunes avec Macron (JAM), ce qui lui aurait valu de cotoyer Alexandre Benalla.
A LREM, il n'occupe plus de fonctions depuis septembre: il est juste suppléant de la députée LREM!
En privé, Moussa Ouarouss revendique une proximité avec Macron aux côtés duquel il a été photographié (ci-dessus) lors de déplacements du candidat à Châlons-en-Champagne, Marseille, Metz ou Paris, où on l'aperçoit portant une oreillette, selon l'AFP. "Ce n'est ni un proche d'Emmanuel Macron, ni un visiteur de l'Elysée," dément-on à la présidence de la République.
Le trentenaire dispose de multiples casquettes et sait faire parler de lui. En juillet dernier, Arnaud Robinet, le maire LR de Reims, posait ainsi à ses côtés dans son entreprise de biscuits. En commentaire sur son fil Twitter, l'élu indiquait "Visite d'une belle entreprise qui fait rayonner notre territoire".
Aujourd'hui Moussa Ouarouss crie au complot politique.
"C'est parce que je fais partie d'un parti politique, on a voulu faire le buzz avec moi et salir mon image," dit-il. Le trentenaire accuse un des adversaires politiques de tous ses ennuis.
Le cadre de LREM avait sollicité au printemps l'investiture de la majorité présidentielle pour les élections municipales à Reims, finalement accordée à son rival, l'avocat Gérard Chemla. Sollicitée, la direction de LREM, affirme que Moussa Ouarouss n'a plus aucune fonction au sein du mouvement et n'est plus membre de son comité depuis septembre, date à laquelle le parti a appris son implication présumée dans un trafic de drogue international.
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