Retraites: 3 Français sur 4 demandent au gouvernement d'abandonner l'âge pivot ou de renoncer à son projet de réforme

Macron peut-il rester fermé à une telle demande populaire massive ?

Il a prévenu qu'il serait inflexible, mais le vent de colère enfle

75% des Français demandent au gouvernement de modifier le projet Macron, ou de le retirer.

46% des Français souhaitent que le gouvernement abandonne l'âge pivot à 64 ans, et 29% qu'il renonce purement et simplement à la réforme, selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et "Le Figaro". 

Un mois après le début le premier coup de semonce du 5 décembre et de la grève contre la réforme Macron des retraites, qui arrive à un record historique de 30 jours, les trois quarts des Français (75%) condamnent l'entêtement du gouvernement, lequel est arrivé, comme prévu, au point de lancer la presse sur le thème du coût des grèves... Publié vendredi 3 janvier 2020, le sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro est clair.

Les Français estiment que le gouvernement ne doit pas s’obstiner. 

29% d’entre eux souhaitent qu’il renonce purement et simplement à sa réforme. Et 46% souhaitent l’abandon de l’âge pivot fixé à 64 ans, une position en hausse de quatre points par rapport au dernier baromètre du 19 décembre. Seuls 24% estiment que le gouvernement doit conserver intégralement son projet.

Enquête Odoxa Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro (FRANCEINFO)

Des oppositions à l'intérieur de LREM, comme de toutes les tendances politiques

Modifier ou renoncer au texte est une demande - toutes tendances confondues - de la plupart des Français. 

Les sympathisants de gauche, comme ceux du RN, sont quasi-unanimes à souhaiter l’un ou l’autre. Ils sont 99% du côté de la France insoumise, 85% au PS, 81% chez EELV et 79% au RN. Même les sympathisants LR sont 55% à demander au gouvernement, soit un renoncement total à la réforme (13%), soit un recul sur l’âge pivot (42%). 

Les personnes se disant proches de LREM restent majoritairement favorables à la réforme (57%), mais 42% des sympathisants du parti présidentiel plaident tout de même pour un abandon de l’âge pivot.

Les 2 et 3 janvier, le soutien à la grève se relâche peu

Un mois après son démarrage, la mobilisation contre la réforme des retraites est toujours soutenue majoritairement par les Français. Mais au sortir des fêtes de fin d'année et à l'épreuve de la galère occasionnée par la grève dans les transports, ce soutien s’essouffle un peu. Ils restent six sur dix (61%) à l’estimer justifiée, soit cinq points de moins qu’avant les fêtes, le 19 décembre, mais seulement sept de moins qu’au début de la grève le 4 décembre, après trente jours de tensions. 

Ce sont les plus de 65 ans qui y sont maintenant le plus hostiles (60%), tandis que les jeunes nés après 1975, année de naissance d’entrée en vigueur de la réforme, soutiennent à 73% le mouvement.

A Flourish data visualisation

Politiquement, le soutien à la mobilisation est aussi plus typé que jamais. Les Insoumis (88%) et, dans une moindre mesure, les sympathisants RN (71%), soutiennent massivement la mobilisation. Les sympathisants PS sont tous majoritairement "pour" (63%), mais y sont nettement moins favorables que le 19 décembre dernier. 

Les proches de LR sont désormais majoritairement opposés au mouvement (56%). Sans surprise, les sympathisants LREM sont très largement hostiles à la grève. 79% la trouvent injustifiée. 

Les Franciliens plus impactés que les autres.

Si ce soutien au mouvement semble faiblir, en attendant le rebond du 9 janvier, c'est, selon ce sondage, parce qu'il pèse sur la vie quotidienne des Français. Près d'un sur deux (44%) se dit être personnellement touché par les conséquences de la grève, que ce soit dans leur activité professionnelle (31%) dans leurs déplacements quotidiens (30%) ou dans l'organisation des fêtes de fin d'année (24%), un constat qui n'équivaut pas à sa condamnation. 

Cette gêne touche principalement les Franciliens. Plus des trois quarts d'entre (77%) eux ont été affectés par le mouvement, principalement dans leurs déplacements quotidiens (70%). 

En régions, 38% des Français interrogés disent être perturbés par le mouvement. Ils ne sont, par exemple, qu'un quart (25%) à avoir été dérangés dans leur activité professionnelle.

Enquête Odoxa Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro. (FRANCEINFO)

Les Français, agacés par les acteurs du conflit, de part et d'autre

Cette grève ne laisse personne indifférent dans l'opinion publique. 

Selon le sondage, plus de deux Français sur trois ont une mauvaise opinion de l'exécutif sur sa gestion du conflit. 

Le président de la République rassemble 68% de mauvaises opinions sur sa personne et le premier ministre 67%. 

Les partis politiques d'opposition ne s'en sortent pas mieux, avec 75% d'opinion défavorables. 

La CGT, avec 63% de mauvaises opinions, et les cheminots (65%) sont tout aussi impopulaires. La CFDT s'en sort le moins mal avec seulement 56% de mauvaises opinions, malgré sa rupture du dialogue.

Lors de ses vœux du 31, Macron n'a pas convaincu de sa bonne volonté.

Le président n'a pas réussi à convaincre les Français. Les trois quarts d'entre eux (76%) se sont déclarés navrés de le voir intraitable. Pour eux, il n’a ni "cherché à apaiser les Français" (57% contre 41%), comme son entourage le prétendait en amont de son allocution, ni montré "qu’il était prêt à trouver des solutions au conflit actuel" (70% contre 27%).

Il a également échoué à "donner des perspectives encourageantes pour le pays" (72% contre 26%). En dehors des sympathisants de son propre parti, le président n’est parvenu à convaincre personne. 

Cette enquête Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro a été réalisée par internet les 2 et 3 janvier 2020, sur un échantillon de 1.005 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.