L'Etat ignore aussi l'inquiétant constat du Haut Conseil des finances publiques
Hollande réclame des rapports sur tout, mais les néglige une fois rendus publics
Mercredi 28 mai la Cour des comptes et le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) lui ont sonné les cloches sur l'état des finances publiques et la capacité du gouvernement à tenir ses engagements. Le matraquage fiscal fait obstacle aux rentrées fiscales qui s'avèrent nettement moins bonnes que prévu en 2013: un trou de 14,6 milliards d'euros dévalue la parole du chef de l'Etat, fragilise la politique du gouvernement et remet en cause le plan de redressement budgétaire sur les prochaines années.
L'avertissement pour François Hollande et Manuel Valls est d'autant plus sévère qu'il intervient trois jours après le désastre électoral des européennes et à cinq jours du verdict rendu par la Commission européenne sur le programme français de stabilité 2014-2017.
Que disent les deux rapports ?
En 2013, la réduction du déficit a été sensiblement plus faible que prévu (12,56 milliards d'euros). Si la dépense publique a été globalement tenue, en revanche, le surcroît de recettes fiscales ne comble que la moitié du montant escompté, soit un trou de 14,6 milliards d'euros. Les hypothèses retenues par le gouvernement en loi de finances initiale pour 2013 "ont manqué de prudence". Et les mêmes incertitudes pèsent sur le rendement des recettes fiscales pour 2014.
En 2013, la réduction du déficit a été sensiblement plus faible que prévu (12,56 milliards d'euros). Si la dépense publique a été globalement tenue, en revanche, le surcroît de recettes fiscales ne comble que la moitié du montant escompté, soit un trou de 14,6 milliards d'euros. Les hypothèses retenues par le gouvernement en loi de finances initiale pour 2013 "ont manqué de prudence". Et les mêmes incertitudes pèsent sur le rendement des recettes fiscales pour 2014.
En conséquence, il existe un doute sérieux sur la bonne tenue du budget de l'Etat en 2014 et la capacité à respecter la trajectoire d'évolution des finances publiques votée par le Parlement.
La Cour des comptes doute de la capacité de Valls à maintenir le cap budgétaire
Le gouvernement Valls et le parti socialiste s'enlisent, alors que la débâcle électorale aux européennes est encore sur toutes les lèvres. Le constat de la Cour des comptes est corroboré par le Haut Conseil des finances publiques et il tombe d’autant plus mal que la Commission européenne doit d’ici quelques jours rendre son verdict sur le programme français de stabilité 2014-2017. La gauche socialiste laisse peu de marges de manœuvres pour satisfaire Bruxelles, alors que les Français ploient déjà sur la pression fiscale et la baisse du pouvoir d’achat.
L’analyse de l’exécution budgétaire en 2013 permet d’identifier plusieurs risques financiers pour les exercices 2014 et suivants, car le rapport s’interroge sur la capacité du gouvernement à respecter la trajectoire d’évolution des finances publiques votée par le Parlement.
Le Haut Conseil note pour sa part que "l’ajustement structurel" prévu en avril 2014 "reporte à 2017 l’objectif d’équilibre structurel". L’écart de 1,5 point de PIB entre les prévisions et le budget réalisé est par ailleurs qualifié d' "important", étant bien supérieur à la limite de 0,5 point fixée par la loi. Un mécanisme de correction est donc à prévoir.
Bercy s'est donc placé entre le marteau et l’enclume, devant d'un côté rassurer Bruxelles sur ses capacités à respecter ses engagements budgétaires et de l'autre faire face aux critiques de son propre camp remettant en cause le maintien de la politique économique actuelle.
Sapin affublé de Christian Eckert, un poil à gratter de Bercy depuis 2 ans.
Réputé connaisseur de l'administration de Bercy, Eckert en connaît les rouages et les défauts, mais en passant de la comptabilité à la gestion, le député de Meurthe-et-Moselle devra démontrer sa capacité politique. Or, interrogé sur la capacité d'inertie de la forteresse, il n'avait pas hésité à déclarer en novembre dernier qu' "on peut parfois se poser la question, mais l’administration prend la place que lui laissent les politiques", taclant Pierre Moscovici, alors en poste aux Finances.
Après deux mois, la paire Sapin-Eckert n'a encore pas démontré plus d'aptitudes. Or, la cohabitation entre Michel Sapin et Arnaud Montebourg n'est pas non plus un long fleuve tranquille. Si les deux ministres assurent être complémentaires, le second a déjà déclaré que la question des Comptes publics (le budget) est ..."accessoire". Michel Sapin - qui a déjà révélé l'étendue de son incompétence - et Christian Eckert - qui doit encore faire la preuve d'un potentiel de meneur d'hommes - ne peuvent donc pas compter sur la solidarité gouvernementale.
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