Entretien de Bernard Sananès, président de l'institut CSA, avec Le Figaro.
Le Figaro- L'exécutif a beau être très impopulaire, les sondages pour les municipales ne sont pas très mauvais pour la gauche. Comment expliquez-vous ce paradoxe?
Bernard Sananès. - Nous entrons maintenant dans la période de cristallisation électorale. À près de deux semaines du scrutin, et compte tenu de l'impopularité record de l'exécutif, l'inéluctable nationalisation du vote devrait être plus profitable à la droite. C'est ce qu'on commence à mesurer, comme le montre notre sondage à Strasbourg. Par ailleurs, on constate cette fois-ci, à l'inverse d'élections précédentes, l'absence de thématiques marquantes, même au niveau local, qui permettraient de polariser les débats de la campagne.
La prime au sortant est donc bien réelle?
Par nature, l'élection municipale est celle où le bilan du maire compte le plus. En général, les administrés savent ce que leur maire a fait. Il en va différemment pour un président de Conseil général ou régional. La prime au sortant est indiscutable. Par ailleurs, les sondages s'intéressant d'abord aux grandes villes, il y a un effet de loupe indéniable: les maires de gauche sortants apparaissent avantagés, dans la mesure où le PS détient une grande majorité des villes de plus de 100.000 habitants.
La droite aurait donc intérêt à nationaliser le scrutin…
La droite n'y est, pour l'instant, pas parvenue. Même si les préoccupations principales des Français tournent autour des impôts locaux et de la sécurité, deux thèmes a priori plus favorables à la droite. Par ailleurs, cette dernière se trouve prise dans une crise interne de leadership qui l'empêche de remplir pleinement son rôle de principal opposant. La droite pâtit également d'un manque de réflexion sur la ville et les espaces urbains, des thèmes sur lesquels elle n'a pas, ces dernières années, suffisamment développé un discours convaincant.
L'abstention semble inquiéter la gauche. Pourrait-elle, si elle était forte, influer sur le scrutin?
En effet, l'électorat de droite apparaît dans nos études plus mobilisé que celui de la gauche. Cette démobilisation pourrait jouer plus fortement dans les villes moyennes où le recul de la gauche au premier tour pourrait être très marqué.
Le FN devrait être l'arbitre dans certaines villes.
Oui, et cela pourrait diminuer l'ampleur d'une vague UMP. Dans des villes que la droite espère conquérir, le maintien du FN au second tour peut la priver de certaines victoires. À l'inverse, dans certaines villes détenues par la droite, la présence du FN au second tour pourrait menacer la réélection de sortants UMP.
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