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mardi 24 septembre 2019

Reculade : le gouvernement a finalement renoncé à raboter un avantage fiscal sur l'aide a domicile des plus de 70 ans

A la veille des municipales, les bras cassés prétentieux du gouvernement ne pénaliseront pas les personnes âgées sur l'aide à domicile 

Le gouvernement Philippe a réservé aux députés l'annonce de sa marche-arrière

Le mauvais génie du gouvernement, sous l'oeil inquiet de l'Edouard
Le Philou de Matignon a annoncé mardi que l'exécutif est revenu sur sa décision de supprimer l'aide à domicile aux personnes âgées de plus de 70 ans qui en ont besoin, ce que 'Capital' - détenu par le groupe allemand Prisma Media (avec notamment RTLM6, Télé loisirs, Femme actuelle, Gala ou Voici, etc.- qualifie d'"avantage supplémentaire". Le premier ministre a ainsi mis fin aux troubles causés par son premier couac depuis la rentrée et apaisé  sa majorité au contact de la population, des électeurs qui ne pratiquent pas l'abstention.

La ministre du Travail Muriel Pénicaud doit trouver de nouvelles pistes d'économies pour remplacer la mesure abandonnée.
A peine 24 heures après l'annonce de ce dispositif, aux dernières nouvelles et à la demande d'Edouard Philippe, la mesure qui avait mis le feu à la majorité, mais qu'il avait pourtant cautionnée,  l'aide fiscale qu'il avait créée en faveur de nos anciens de plus de 70 ans pour l'emploi d'une aide à domicile ne sera pas rabotée. "Ces mesures n'entreront jamais en vigueur", a-t-il affirmé dès le début de la séance de questions au gouvernement. Dans ce délai, les membres du gouvernement ont été assiégés par les professionnels du secteur, mais aussi par la majorité.

Une première proposition qui avait fait polémique

L'aide à domicile existe depuis 2017, mais l'exécutif a souhaité en réduire le coûte et a ajouté un épisode au feuilleton ré-ouvert il y a quelques jours dans les colonnes du Figaro, succursale du pouvoir, quand, jeudi dernier, deux députés En marche (LREM) évoquent leur projet de raboter le crédit d'impôt pour l'emploi d'un salarié à domicile. Les agresseurs de personnes âgées sont Benjamin Dirx, cadre d'entreprise en Saône-et-Loire, et Emilie Cariou, fonctionnaire au ministère de l'Economie et des Finances, nouvelle responsable du groupe majoritaire (à la commission des Finances de l'Assemblée, dont elle est le "Whip", comme disent les marcheurs que le souci de la protection de la langue française n'effleure pas : homophobie et changement climatique sont leurs obsessions prioritaires).

Des députés de la majorité débauchés à droite et à gauche prennent aussitôt leurs distances avec l'idée de toucher à l'emploi à domicile. 
Sous la pression des professionnels du secteur, de la Fédération des employeurs particuliers (Fepem) en tête, ils alertent leurs collègues contre la mesure et interviennent auprès du gouvernement. De nombreux SMS sont échangés, notamment visant les ministres Muriel Pénicaud (Travail) et Gérald Darmanin (Comptes publics).

Les professionnels du secteur ne sont pas les seuls à alerter leurs réseaux. 
Les associations de retraités sont également indignées. "C'est bien sûr un problème de pouvoir d'achat, mais pas seulement : la mesure est en incohérence totale avec la volonté du gouvernement d'encourager les retraités à rester à leur domicile le plus longtemps possible", dans une logique d'économies budgétaires à la Sécurité sociale, mais aussi d'allègement de la charge des personnels hospitaliers au bord de l'épuisement physique, émotionnel et mental (le 'burn-out', selon les pédants de la majorité présidentielle et de ses suppôts),  explique Christian Bourreau, président de l'Union française des retraités.

Si les oppositions dénoncent la mesure du gouvernement, le vent de panique gagne aussi les rangs des députés LREM. 
Résultat de recherche d'images pour "Jack Russel"
Mardi matin, leur réunion de groupe est assez agitée: même des députés légitimistes expriment leur mécontentement. "Il n'est plus possible de travailler dans ces conditions, tempête Olivia Grégoire (Paris), qui se décrit comme un "Jack Russel et un bulldozer" (L'Obs, juin 2017), une proche de Jean-Pierre Raffarin et de Xavier  Bertrand (2002-2007) et ancienne maîtresse du socialiste Manuel Valls (annonce officielle d'avril 2018). Et la porte-parole du groupe LREM, membre de la Commission des finances, de gronder : "On apprend dans la presse une mesure aussi importante !"

Son collègue Laurent Saint Martin (député du Val-de-Marne, bien que référent d'En marche ! pour le 17ème arrondissement de Paris), vice-président de la Commission des Finances, lui fait écho : "Les personnes loyales ne peuvent pas tout encaisser en permanence!" 

Un peu plus tôt, à l'occasion du petit déjeuner de la majorité, le délégué général de La République en marche, Stanislas Guérini, avait donné le signal de la contestation. 
Dans le même élan, le chef de file des députés MoDem, Patrick Mignola, avait exprimé des états d'âme. "Est-ce que c'est vraiment la première mesure à annoncer dans cette rentrée plutôt que la baisse de l'impôt sur le revenu des basses tranches ?", se désole un pilier anonyme du groupe, qui rappelle : "Le coeur de notre électorat, c'est les plus de 65 ans et les retraites."

La sauvegarde du pouvoir d'achat des personnes âgées n'est donc pas seule en cause

"Vendredi soir, avant de partir en week-end, nous étions rassurés, confie Marie-Béatrice Levaux, la présidente de la Fepem. Et puis, lundi matin, nous sommes tombés des nues!"

Le gouvernement avait choisi le Groupe Les Echos-Le Parisien (LVMH) pour faire fuiter l'information et tester l'opinion : Les Echos révéla en effet lundi une piste d'économies figurant dans le projet de loi de finances : la suppression pour certains de l'aide à domicile. Avec cette mesure, seuls les plus de 70 ans en situation de dépendance et de handicap auraient continué à bénéficier automatiquement de l'exonération de cotisations patronales. 
"Cette mesure ultra-sensible émanait du ministère du Travail et aurait dû être l'objet d'une concertation," précisait même le JDD, citant une source anonyme proche du pouvoir. "Et puis, c'est sorti par Les Echos, sans que personne ne sache comment", commente cette source. Ainsi la presse était-elle informée avant les députés. La mère fouettarde ('whip' ou garde chiourme, traduction libre de 'fouet') et Dirx les avaient tenus en dehors du coup.

Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, avait même reçu le feu-vert officiel de Philou pour confirmer l'information dans la matinale de LCI (groupe TF1), soulevant un nuage de particules fines dans les couloirs, des salles de rédaction au Palais Bourbon. 

A tel point que la ministre du Travail Muriel Pénicaud fut dépêchée sur le plateau de BFMTV (autre propriété d'homme d'affaire). En fin de journée, elle fit de la "pédagogie" (et on se demande pourquoi les élèves dorment au fond des classes!), expliquant la mesure de justice sociale... 
Elle raconta que les gens n'avaient encore rien compris, qu'il ne s'agit pas de faire d'économies, mais de ...redéployer des fonds vers les personnes qui en ont vraiment besoin (celles en situation de dépendance ou de handicap). 

Sur la même chaîne, juste après elle,  le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin justifia cette coupe à son tour, alors même que son entretien, calé de longue date, devait aborder d'autres sujets. Le petit bonhomme explique alors qu'ils n'ont pas de raison de se plaindre, les vieux en situation de faiblesse, que "les personnes de plus de 70 ans vont rentrer dans le droit commun [autre alignement de têtes], mais qu'ils "continueront de bénéficier de deux autres mécanismes : le crédit d'impôt de 50% et l'exonération sociale de deux heures par heure travaillée", relativise pour sa part.

Le ministre de l'Economie a dû avaler la couleuvre en public.
Bruno Le Maire s'est invité sans problème sur BFMTV jeudi soir pour annoncer l'abandon de l'idée.  

D'autres pistes d'économies attendues et d'autres mécontentements

L'électorat visé par la coupe dans l'aide à l'emploi n'a pas oublié que l'exécutif a déjà tenté de les faire cracher au bassinet lors de l'épisode de la hausse, finalement piteusement annulée de la CSG, qui en début de quinquennat avait fait monter en flèche la tension des seniors. "On savait qu'il y avait une attaque sur les niches fiscales, poursuit ce parlementaire. Mais là, à six mois des élections municipales, aller inquiéter les plus de 70 qui sont l'électorat le plus sûr d'aller voter…" Et de conclure : "Il faut qu'on tue le truc dans la journée!"

Nous devrons trouver d'autres pistes d'économies dans ce champ...
Le vœu du parlementaire inconnu déterminé à renverser les tables a été réalisé. "Avec Muriel Pénicaud, nous avons convenu [nous sommes convenus] ensemble [tant qu'à faire !] que cette décision aurait mérité une concertation beaucoup plus approfondie", a convenu le pleutre de Matignon, Edouard Philippe mardi dans l'hémicycle, après avoir insisté : "Les inquiétudes, je les ai entendues" !
Mais le premier ministre a également mis en garde : "Nous devrons trouver d'autres pistes d'économies dans ce champ. La ministre [Muriel Pénicaud] nous fera parvenir rapidement d'autres propositions qui seront soumises à concertation avec les parlementaires et avec les secteurs concernés." 

Nouveau round avec la première mouture du budget 2020 : coup de gong  vendredi en Conseil des ministres. 
Qui seront les prochaines victimes, les automobilistes ou les clandestins ?

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