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samedi 22 juin 2019

Critique du pouvoir, Laurent Ruquier est devenu la cible de la macronie

Le dictateur de la pensée parisienne est désormais sur un siège éjectable

L'animateur est critiqué par ses confrères de la presse

Ceux qui lui baisaient encore l'anneau il y a deux ans de ça estiment, pour commencer, que sa saison 13 n'a pas été sa meilleure. 
Quelle est la cause de ce retournement ? "Nous vivons sous la dictature de Twitter et de Marlène Schiappa," a lâché Ruquier... La Raspoutine du gouvernement n'a pas goûté et décide de lâcher la meute.
"Ruquier est un exécuteur propret des basses œuvres, écrit Le Temps, un brin méprisant. Il lamine, mais présente aussitôt ses excuses. Il sermonne d’un ton paternaliste. Son émission est un énorme miroir dans lequel" le "pédé" - ses propres mots dans le JDD, puisque c'est tendance – "se regarde chaque semaine. Tout cela ne mérite pas d’être conspué. C’est le jeu de la télévision et l’homme, l’auteur, le théâtreux, mérite bien mieux que cette caricature de lui-même qu’il a fini par se sculpter. Un autre Ruquier a volé la personnalité du vrai Laurent. Pourquoi, au lieu de faire tourner ces intervieweurs à la saison prochaine, ne ferait-il pas simplement une pause télévisuelle?Marlène Schiappa est, elle aussi, enfermée dans sa caricature de "gendarme" de la pensée [elle s'y est murée et personne n'a tourné le verrou de l'extérieur : comment le faire d'ailleurs, puisque personne ne sait si elle est domiciliée au Mans, où elle prétend être dérangée nuitamment, à Montmartre, où elle médite de se présenter à l'une des mairie d'arrondissement, ou ailleurs !]. Elle prospère grâce aux anathèmes, alors que sa défense des femmes isolées avec enfants, en pleine crise des Gilets jaunes, lui a valu l’estime de beaucoup [?]. Marlène, réveille-toi! A quoi sert de se complaire ainsi dans un buzz pour ou contre On n’est pas couché? Il y a un Conseil supérieur de l’audiovisuel pour ça. Dommage, d’ailleurs, que ce CSA ne distribue pas de bonnets d’âne. Marlène et Laurent, au fond de la classe, le porteraient fort bien." 
Le 13 juin dernier, L'Obs, magazine de Niel et Pigasse, assure représenter l'avis général en prenant l'initiative du déglingage.

Il publie un article à charge consacré à la 13e saison d'ONPC, intitulé "On n’est pas couché ", l’année de trop pour l’émission de Laurent Ruquier"
Une productrice enfonce le programme, expliquant à l'hebdomadaire que le talk de France 2 est presque bon à jeter, qu'il est aujourd'hui "fossilisé". "Il n'y a plus d'arythmie. Que des ego !", s'exclame-t-elle. "Devenu la caricature de lui-même", le talk-show "emblématique de l’ère du clash" ne perdurera pas dans sa forme actuelle. 
 
Une énième polémique a lancé la meute. "C’est sur un parallèle victimaire du meilleur goût entre Shoah et esclavage, signé Christine Angot, que Laurent Ruquier tire le rideau d’ONPC dans sa version actuelle." Les réseaux sociaux ont grondé; par tweet, l’animateur a tenté, mais en vain, de calmer la polémique : "La Shoah fut une abomination. L’esclavage en Afrique […] fut une abomination. Aucun doute. Ceux qui tentent de nous faire dire ou penser le contraire, à Christine Angot ou à moi, cherchent à créer une polémique inutile", a écrit Ruquier, écartant, d'un clavier léger, toute implication  personnelle : responsable, mais pas coupable, selon la formule socialiste consacrée, depuis l'affaire du sang contaminé. 
S'en suivent un déferlement de signalements au CSA (un tir groupé de 5.000!) et des excuses d’Angot. "Sur le fond ? Non, pour avoir échoué "à [se] faire comprendre". Le 8 juin, l’émission a remis le couvert sur ce sujet poisseux, avant de se clore sur des adieux expéditifs aux deux chroniqueurs, Christine Angot et Charles Consigny. Ruquier n’a pas su éviter ce qui menace tout homme de spectacle : l’année de trop." 

Mercredi, sur le site suisse (déjà cité plus haut) de Le Temps - co-propriété du journal Le Monde détenu par, devinez, Niel et Pigasse - Laurent Ruquier en prend aussi pour son grade. 
"L'homme mord, moins pour faire mal à son invité que pour faire le buzz sur ces réseaux sociaux dont il dit, aujourd'hui, qu'ils façonnent une 'dictature' du politiquement correct. Ruquier est un sélectionneur d'intervieweurs à scandale - d'Eric Zemmour à Christine Angot - qui façonne son équipe pour provoquer et éviter à son public de roupiller. Ses assassinats cathodiques sont juste plus 'classe' que ceux de Cyril Hanouna [lequel ne se maintient sur C8 que parce qu'il est du bon côté du manche]. Mais ils procèdent de la même logique: un bon invité est un invité mort, si possible en direct sur son plateau."  La tauromachie, non! Le meurtre à minuit, oui!

L'ordre moral dénoncé hier s'installe en macronie

La chasse au sorcier prend de l'ampleur : 
"Fondamentalement malsain et nocif à la société"
Invité de Télé Loisirs, l'écrivain Marc Lévy annonce qu'il ne se rendra jamais dans l'émission produite par Catherine Barma. "C'est pas du tout une charge contre Laurent Ruquier qui, à côté de ça, fait d'autres émissions. Mais c'est parce que je pense que le principe de ce genre d'émissions est fondamentalement malsain et nocif à la société", lâche celui qui, dans Var-Matin en juin 2018, observa que Macron "a perdu une part d'humanité". 
A propos de Yann Moix et d'Eric Naulleau, Marc Lévy a aussi un avis bien tranché. "C'est la souffrance de leur non-réussite qui les rend méchants et agressifs à l'égard de ceux qui ont une réussite qu'ils jalousent." 

La liste de ceux qui ne se rendront pas dans l'émission de Ruquier ne cesse donc de s'allonger : outre Matt Pokora, on compte déjà Malik Bentalha, Jean-Pierre Foucault ou encore Leîla Slimani. Tous souhaitent éviter ce tribunal populaire, violent, souvent gratuit.

Thierry Ardisson qualifie carrément ONPC de "télé bulgare", sans moyens, "éclairée à la lampe de poche." Quand ce fils de pub, à qui on ne peut enlever le sens de la punchline, invite Ruquier sur son plateau de C8 peu après ses déclarations tonitruantes, Ardisson plaisante et lui propose des ampoules. Dans le JDD, Ruquier assume. "Mais est-ce qu'il vaut mieux un décor bulgare et continuer à faire une émission qui fait entre 15% et 20% de part de marché, ou avoir un très beau décor et voir son émission supprimée parce qu'elle ne fait que 2%?" 

Forme et fond, plus rien ne va

Cette treizième saison a été de nouveau émaillée de polémiques, mais n'étaient-elle pas jusqu'ici la raison sociale d'ONPC, émission intouchable, malgré ses débordements dignes d'attaques au LBD 40 ou de casse de vitrines par des 'black bloc' applaudis et filmés par la foule excitée ? Or, cette fois, ni Laurent Ruquier, ni sa productrice n'a su apprécier le caractère insupportable en 13e saison et deuxième année de macronie. Des polémiques ronflantes et polluantes de Charles Consigny, son nouveau cabriolet, ou Christine Angot, une grosse cylindrée en la matière, ont pollué l'antenne, quand les émissions de CO2 (ONPC ne produisant que peu de particules fines), sont devenues intolérables, comme chacun sait, à quiconque est resté un observateur un tant soit peu vigilant de notre société comme elle va). La plus marquante, peut-être, reste donc la dernière, sur l'esclavage, sujet sensible parmi tant d'autres : la chroniqueuse déjantée avait estimé, rappelons-le, qu'il s'agissait de garder les esclaves "en pleine forme, en bonne santé pour pouvoir les vendre et pour qu'ils soient commercialisables", propos sarcastiques ayant suscité plus de 900 signalements au CSA. 
Dans le couple moteur, les rapports n'étaient pas non plus bien huilés avec son méchant petit binôme précieux. Parfois tellement glaciaux que, devant les écrans, la couette n'était pas de trop. 

Une saison aux audiences moyennes qui passent sous la barre symbolique du million de téléspectateurs. 
La faute n'incombe pas aux Gilets jaunes, ni à Castaner, surpris en boîte en compagnie légère, au lieu de suivre ONPC au côté de sa légitime. A 74  ans, Catherine Barma, une fille de ...(Claude Barma) n'a pas vu venir les nouvelles façons de consommer la télé, ni l'essoufflement incontournable d'une émission qui dure depuis 13 ans, mais France 2 a senti faiblir ses rentrées publicitaires et, sans être libérale, s'en est émue. Et en période de disette budgétaire, de licenciements et de grève des personnels, la grille des programme ne supporte pas d'être secouée. 

A la rentrée, Laurent Ruquier, de toute manière, change tout : bien obligé, s'il veut, quant à lui, s'accrocher... Les fusibles ont déjà sauté: Barma licencie les titulaires et va faire le choix de chroniqueurs "tournants," bien qu'on dise que les impétrants se bousculent moins qu'à la mairie de Paris où Hidalgo est prenable. 
Un nivellement par le bas s'annonce, tandis que certains considèrent que le pire est passé. 

Le but est de se renouveler à n'importe quel prix.  

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