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samedi 22 décembre 2018

Acte VI des 'Gilets jaunes' : une mobilisation plus diffuse, mais des tensions ici et là

Les Gilets jaunes ne lâchent rien et leur inventivité déboussole le pouvoir

Les 'gilets jaunes" ont de nouveau mobilisé dans toute la France pour un sixième samedi d’affilée.

Les Gilets jaunes organisent des "temps forts" le weekend, un peu sur le modèle de l'intersyndicale des cheminots qui, au printemps dernier, avait opté pour un mouvement au rythme de "deux jours sur cinq" d'avril à juin, contre la réforme SNCF voulue par le gouvernement. Cette fois les 'GJ' marquent leur présence passive et pacifique aux ronds-points, en semaine, mais lancent des opérations de harcèlement chaque samedi, depuis plus d'un mois maintenant.
 "Le mépris ça suffit"
Le ministère de l’Intérieur a livré ses chiffres de participation : 38.600 manifestants en France à 18 heures, contre 66.000 samedi dernier. Mais le gouvernement ne peut être contredit puisque seuls les syndicats disposeraient des moyens logistiques permettant un comptage alternatif. On peut néanmoins faire valoir que les sondages d'opinion restent très massivement favorables aux Gilets jaunes et souligner que les ronds-points de filtrage par les Gilets jaunes se multiplient et se déplacent. C'est ainsi que, cette fois, ils se trouvent aux frontières avec l'Espagne, l'Italie ou l'Allemagne en plusieurs points, ce samedi
Des centaines d'entre eux se sont ainsi rassemblés dès le petit matin sur une bretelle d'autoroute au niveau du Boulou (Pyrénées-Orientales).

Paris d'abord...


Un véhicule de police sur l’avenue des Champs-Elysées, samedi 22 décembre.
Un véhicule de police sur l’avenue des Champs-Elysées, samedi 22 décembre
Les Champs-Elysées ont été le théâtre de violents accrochages entre policiers en uniforme ou en civil et manifestants porteurs de "gilets jaunes", samedi 22 décembre en fin de journée, après une circulation normale le matin, avec une présence allégée de forces de l’ordre : elles étaient ventilées sur une multitude de lieux à Paris et en régions.
L’avenue a été évacuée et un important dispositif de forces de l’ordre appelé en renfort sur place. Une logique classique de dispersion de manifestation.

En tout, 220 personnes ont été interpellées et 80 placées en garde à vue lors des manifestations samedi, à Paris, dont Eric Drouet, un de leurs premiers meneurs, selon la police qui tente ainsi de décimer le mouvement. Leur justification pour la plupart : alors qu'il suffit d'avoir le gilet jaune dans son coffre pour être interpellé lors d'une fouille, "des attroupements en vue de commettre des violences", sont la justification de la police auprès de l’AFP en charge de la diffusion des éléments de langage officiels à destination des salles de presse.
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A trois jours de Noël, les "gilets jaunes" ont de nouveau mobilisé leurs sympathisants dans toute la France pour un sixième samedi d’affilée de manifestations, malgré les achats de Noël.
Les 'Gilets jaunes' avaient annoncé leur volonté de permettre aux commerçants de remonter leur chiffre d'affaires , mais la presse aux ordres n'hésite pas à conclure que "la fronde marque le pas", et à brandir les chiffres du ministère de l’Intérieur, bien qu'ils soient habituellement minorés et divisés par trois. Il convient donc de tripler les chiffres du demi-ministre Castaner (38.600 manifestants en France à 18 heures contre 66.000 samedi dernier).

Paris dans la rue !" 
La préfecture de police a dénombré 2.000 manifestants peu avant 16 heures (soit 6.000), contre près de 4.000 (comprendre 12.000), samedi dernier, selon le gouvernement.En début de matinée, un appel avait été lancé sur la page Facebook d’Eric Drouet pour aller sur la butte Montmartre, dans le 18e arrondissement, où 200 GJ se sont rassemblés avant de partir non loin des grands magasins, dans une ambiance parfois tendue, si on en croit une journaliste de l’AFP. "Paris dans la rue !, entendait-on scander", selon cette journaliste, dont le style indique bien qu'elle était étrangère au mouvement.
Plusieurs "gilets jaunes" ont été filmés le matin en train de chanter 'La Quenelle', de Dieudonné, sur le parvis du Sacré-Cœur. A la vérité, s'il était question de 'quenelle' à glisser quelque part à Macron, ni les paroles, ni la musique n'était identiques.
Peu avant midi, les forces de l’ordre bloquaient le cortège dans le quartier de l’Opéra : elle avaient aussitôt fait usage de gaz lacrymogènes. Un autre groupe d’environ 150 manifestants avait donc quitté l’Opéra pour la place de la République, tandis qu'un autre marchait de la Madeleine vers ...l’Opéra, désorientant la préfecture de police.

Parce qu'il est l’une des voix qui ont nourri la contestationEric Drouet, 33 ans, un chauffeur routier de Melun (Seine-et-Marne), a été arrêté peu après 14 heures rue Vignon, dans le quartier de la Madeleine, au milieu de quelques dizaines de manifestants. 

Sa page Facebook, créée mi-octobre, lançait un appel au "blocage national contre la hausse des carburants", avait été rapidement suivie par des dizaines de milliers de personnes, amorçant la mobilisation nationale du 17 novembre, l’ 'acte I' du mouvement. C’est lui qui avait attiré les forces de l'ordre sur un lieu-bidon de rassemblement : son appel aux "gilets jaunes" pour manifester à Versailles ce samedi était codé sur Facebook dans la matinée, si bien que les manifestants se sont rendus à Montmartre.

Les campements se démontent et se remontent un peu plus loin, comme ici près de Brest. Fred Tanneau/AFP

Un seul rassemblement avait été déclaré à la préfecture de police de Paris, à partir de 14 heures sur la place de la République, à l’appel du collectif 'Les Sans Etiquettes', à ne pas confondre avec celui de citoyennes et citoyens du 20e de Paris, en 2013. 
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"Adieu chers GJ, manifester est un devoir, manifester avec une cagoule n’est pas pour moi", écrit ainsi un retraité du Larzac. Difficile d’évaluer, dans ce mouvement hétéroclite, la part de ceux qui, mobilisés depuis le premier jour, prennent aujourd’hui de la distance par rapport aux casseurs, à la radicalisation et à la politisation, sensibles sur la toile.

Sur les Champs-Elysées, une vingtaine de "gilets jaunes" seulement suffisait à afficher la permanence de la lutte le matin en haut de l’avenue, en face de l’Arc de Triomphe. Contrairement aux cinq samedis précédents, la Préfecture de police autorisait la circulation également place de la Concorde. Les terrasses des cafés et restaurants avaient retrouvé leurs emplacements habituels sur les trottoirs et la quasi-totalité des magasins avaient retiré les protections de leur vitrine. Seules quelques boutiques de luxe sont restées fermées.

Cette scène, en marge de la mobilisation, aura marqué les esprits. On y voit un groupe de policiers à moto agressé par des 'casseurs' aguerris. Pour se dégager, l'un d'entre eux est amené à dégainer son arme et à mettre ses lyncheurs en joue :

Voici la scène dans son intégralité :

"Un dispositif de sécurité proportionné et adapté" ?



Situation calme en revanche à Versailles, où plusieurs milliers de personnes s’étaient déclarées "intéressées" par une participation à la manifestation organisée entre autres par Eric Drouet, sur l’avenue de Paris, juste en face du château. Un leurre adressé à la préfecture de police : une soixantaine de "gilets jaunes" se trouvait sur l’avenue vers midi, pour créer l'illusion d'une mobilisation d'ampleur à venir, au milieu d’un dispositif policier disproportionné. Par crainte de débordements, le domaine et le château de Versailles, visités par des millions de personnes chaque année, avaient été fermés inutilement "de manière préventive". 

Le ministre  de l’Intérieur faisait toutefois dire qu' "un dispositif de sécurité proportionné et adapté sera mis en place", privilégiant la "mobilité et la réactivité", sans préciser le nombre de forces mobilisées. 
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Police à cheval face à des "gilets jaunes" sur la place de l'Opéra,
à Paris, le 15 décembre 2018
La semaine dernière, 69.000 membres des forces de l’ordre environ avaient été déployés, dont 8.000 à Paris, appuyés par des véhicules blindés à roues de la gendarmerie à nouveau mobilisés, avait fait savoir la Place Beauvau. 
Dans la capitale, toutes les stations de métro qui desservent les Champs-Elysées étaient fermées, singulièrement la station Miromesnil, non loin du ministère de l’Intérieur et de l’Elysée.

Le 8 décembre, la garde républicaine à cheval avait chargé les manifestants, une scène unique en France :


Le  22 décembre, les forces de l'ordre devaient être "positionnés" en province, à Toulouse, Bordeaux et dans les Bouches-du-Rhône, et "en alerte" à Paris. 

Blocages aux frontières

Blocage de la circulation par les gilets jaunes au Boulou, à la frontière avec l'Espagne, le 22 décembre 2018.Dans la nuit de vendredi à samedi, un automobiliste est mort dans une collision avec un camion bloqué à un barrage filtrant de "gilets jaunes", à l’entrée d’autoroute de Perpignan-sud, a déclaré le procureur de Perpignan, Jean-Jacques Fagni. Il a précisé que des manifestants présents lors de l’accident s’étaient enfuis. Une enquête de flagrance a été ouverte pour "homicide involontaire aggravé et entrave à la circulation" : le bilan passe ainsi à 10 morts mais aucun n’est lié à des affrontements. Thomas Mizrahi le répétera toute la journée sur BFMTV...

Plus de 300 "gilets jaunes" bloquaient depuis samedi matin une bretelle d’autoroute au niveau du Boulou, près de la frontière espagnole
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toujours autant déterminés plus d’un mois après le début de leur mobilisation. "Le roi Macron donne des miettes aux gueux", "Le mépris ça suffit", pouvait-on lire sur leurs banderoles. Rassemblés depuis le début de la matinée, ils étaient encadrés par un cordon de gendarmes qui les empêchaient d’accéder au péage du Boulou. Au début de l’après-midi, les "gilets jaunes" et des dizaines de militants séparatistes catalans, vêtus eux aussi de gilets jaunes et brandissant le drapeau indépendantiste, ont été délogés par les forces de l’ordre, a indiqué à l’AFP la préfecture des Pyrénées-Orientales.

Des centaines de "gilets jaunes", rassemblés samedi au péage du Boulou près de la frontière espagnole, ont été délogés par les forces de l'ordre. / © A. Sabatier
Les manifestants ont été chassés hors de l’autoroute à coups de gaz lacrymogènes (photo ci-dessus) et se sont massés sur un pont, jetant des objets sur l’axe routier, selon un photographe de l’AFP.


"L’autoroute est en train d’être nettoyée pour permettre la reprise normale du trafic", a précisé la préfecture.

La puissante voiture banalisée du préfet a été caillassée: 


D’autres blocages à la frontière belge.
Des blocages ont également été signalés dans la nuit dans le Nord, sur les autoroutes A2 et A22, à la frontière belge. Selon Vinci Autoroutes, quelques entrées, sorties et barrières de péage sont encore fermées sur le réseau, notamment sur l’autoroute A7.

Dans le Sud-Est, la circulation sur l’autoroute au poste-frontière de Vintimille, dans les Alpes-Maritimes, a été bloquée dans les deux sens entre l’Italie et la France à cause d’un barrage érigé par quelque 200 manifestants, d’après l’AFP. Vers midi, le barrage est devenu filtrant pour les automobilistes, mais les camions étaient toujours bloqués.

Et à Strasbourg, une centaine de « gilets jaunes » ont bloqué la route d’accès au pont de l’Europe, frontalier avec l’Allemagne, avant d’être délogés par les forces de l’ordre. La police a procédé à six interpellations.

Du fait de leur parti-pris, une équipe de BFMTV, chaîne privée toute la journée partisane à l'antenne, et une journaliste du Progrès ont été prises à partie samedi matin par des "gilets jaunes" à Saint-Chamond (Loire), tandis qu’ils couvraient leur action de blocage de l’autoroute A47, a-t-on appris auprès de leurs rédactions, lesquelles considèrent que couvrir un événement est un cadeau.

Mobilisation étendu à l'ensemble du territoire

Sans considération de la volonté des Gilets jaunes de respecter le tourisme, notamment parisien, et l'activité commerciale en cette veille de Noël, l'AFP et ses organes de presse-clients n'hésitent pas tacler le mouvement en diffusant, les  chiffres tendancieux et contestables du gouvernement, source unique non vérifiée, comme il se devrait de la part d'une presse "indépendante et libre", laquelle se contente de souligner paresseusement qu'il s'agit des chiffres officiels du gouvernement. 
Image associéeAinsi, quelque 2.600 'GJ' auraient défilé samedi à Bordeaux et 2.500 à Toulouse (photo ci-dessus), selon les préfectures, une mobilisation convenable, mais inférieure aux 4.500 manifestants comptabilisés par les représentants du ministère de l'Intérieur, samedi dernier dans chacune de ces villes.

Environ 1.000 "gilets jaunes" ont manifesté à Lille samedi après-midi, chantant la Marseillaise et scandant "Macron démission !". 
Ils étaient 500 à Nantes selon la préfecture, dans un calme « relatif ». A Rennes, une importante opération escargot était en cours en début de soirée.

Depuis le pic du 17 novembre et les 282.000 manifestants recensés officiellement, la mobilisation paraît en décrue, du fait des fêtes de Noël, deux jours avant le réveillon. Ils étaient 166.000 "gilets jaunes" à manifester le 24 novembre, 136.000 les 1er et 8 décembre, et 66.000 le 15 décembre. Le ministère de l’Intérieur a décompté 3 .680 "gilets jaunes" jeudi 20, alors que les vacances scolaires commençaient le 22, ce qui permet à la presse d'évoquer sans nuances l’étiage le plus bas depuis le début de ce mouvement né en réaction à une hausse prévue des taxes sur les carburants – que le gouvernement a depuis annulée, selon cette presse malveillante: en vérité, cette "annulation" est seulement partielle, puisque la hausse de 40 centimes abusivement imposée dur le litre de diesel  - en dépit de la baisse du cours du Brent en octobre et novembre - reste à la charge des automobilistes, sans la satisfaction de savoir que l'essentiel de leur sacrifice budgétaire irait au financement de la transition écologique. Macron a en effet détourné la plus large part de cette hausse vers le budget général de l'Etat...

Quelque 200 ronds-points font encore l’objet d’occupation et sont sous la menace d'une évacuation musclée, a aussi précisé "une source proche du dossier", selon la presse qui joue le jeu du pouvoir, tout en s'étonnant d'être détestée de la population et agressée ponctuellement. 

Vendredi, le Parlement a donné son feu vert à des mesures d’urgence économiques et sociales : défiscalisation des heures supplémentaires (instaurée par Sarkozy, elle avait été supprimée par Hollande), exonération élargie de hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) pour des retraités et possibilité pour les entreprises de verser une "prime exceptionnelle" de 1.000 euros, exonérée de toutes cotisations sociales et d’impôt sur le revenu, pour leurs salariés rémunérés jusqu’à 3.600 euros par mois, à la condition que les entreprises, notamment petites et moyennes, en aient les moyens, ce qui n'est nullement garanti...

Macron, le président tant aimé (des député-e-s !) a eu son effigie décapitée en Charente, ce qui donne lieu à un signalement à la Justice.

Image associée

Un pantin à l’effigie du président de la République, Emmanuel Macron, a été décapité vendredi soir 21 décembre, en marge d’une manifestation de GJ à Angoulême, une "mise en scène macabre" qui a été signalée au Parquet, a annoncé samedi la préfecture de Charente.Résultat de recherche d'images pour "Angouleme Macron decapité"

Ces actes de colère "portent gravement atteinte tant à la personne qu’à la fonction du président de la République" et sont "susceptibles d’être qualifiés pénalement", précise la préfecture dans un communiqué. C’est la préfète de la Charente, Mme Marie Lajus, qui les a signalés au Parquet du tribunal de Grande instance d’Angoulême. "Cette manifestation avait fait l’objet d’une déclaration en préfecture mais le détail de son déroulement n’avait pas été précisé", commente la préfecture.

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