Mis "au frais", les prisonniers souffraient de la canicule
Une mutinerie a éclaté jeudi en milieu d'après-midi à la prison de Bourg-en-Bresse (Ain), où une trentaine de détenus a refusé de regagner les cellules.
Le climat était tendu depuis plusieurs jours et l'interdiction de porter des shorts malgré la chaleur avait échauffé les esprits.
Les détenus se sont retranchés peu après 16 heures dans une aile de bâtiment où ils ont dégradé du matériel. "Ils ont détruit des lumières, inondé la coursive, détruit les caméras de surveillance et placé le mobilier des cellules dans les coursives afin d'entraver la circulation", a déclaré une surveillante de la prison.
Les mutins n'ont pas regagné leurs cellules avant l'intervention des forces de l'ordre. Les équipes régionales d'intervention et de sécurité (ERIS) sont intervenues vers 19h pour rétablir l'ordre. "C'est fini, la trentaine de détenus est en train de réintégrer ses cellules, 4 d'entre eux ont été placés au quartier disciplinaire et d'autres sont en attente de transfert", a expliqué Stéphane Peiltant, représentant local du syndicat Ufap-Unsa Justice.
Conforme aux normes européennes, mais également ultra-sécurisé, le centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse, construit par le gouvernement Fillon, a été ouvert le 21 février 2010. Les détenus, répartis entre la maison d’arrêt (prévenus en attente de jugement et peines de moins d’un an) et le centre de détention ont quitté l’antique maison d’arrêt pour un établissement moderne, sans surpopulation pénale: il compte 700 places et est occupé à seulement 90% contrairement à beaucoup d'autres prisons qui connaissent des problèmes de surpopulation.
"Une vision ancienne voudrait que la prison c’est pour souffrir alors que ce n’est que la privation de liberté," selon Bertrand Pic, le directeur. "La durée moyenne de détention est de quelques mois. Le détenu va sortir, et il doit être formé, soigné. Pour la plupart de ceux qui sont là, la prison arrive au bout d’un parcours, où l’école, l’encadrement familial, n’ont pas permis de rester sur le droit chemin."
Et quand d’autres parlent de "prison trop sécuritaire et déshumanisée", le directeur s’insurge également : "Il n’y a que trois postes sensibles sur quatre-vingt-dix qui ont donc des vitres sans tain. Les surveillants sont toute la journée au contact des détenus pour aller au parloir, donner le courrier, aller au sport. Et les tâches inutiles comme les douches sont supprimées puisqu’elles sont dans les cellules. Dans l’ex-maison d’arrêt, dans des dortoirs de huit personnes, ils allaient aux toilettes devant tout le monde. Il y a eu des conditions de détention indignes, on a amélioré et, pour certains, ça ne va encore pas !"
"Tout n’est pas parfait, admet Bertrand Pic, mais on nous fait un faux procès. Il y a de bonnes conditions matérielles, les détenus sont formés et occupés, il y a un abri pour les familles et même une ligne de bus."
En 2011, le centre pénitentiaire devait continuer à évoluer avec l’ouverture, à l’automne, d’un centre de semi-liberté de quarante places, la création d’un canal de télé interne, ou des matches avec les sportifs pros de la JL Bourg ou de l’USB.
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