Alors que les syndicats durcissent le ton, Hollande sort de sa réserve
Le conflit se radicalise et s'étend. Les salariés de l'une usine ArcelorMittal de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) bloquent l'entrée des camions approvisionnant le site, en solidarité avec leurs collègues de Florange, a constaté un huissier. Par ailleurs, un appel à la grève pour lundi prochain a été lancé sur le site de Basse-Indre (Loire-Atlantique). Et les métallos de Florange (Moselle) vont occuper les hauts fourneaux du site sidérurgique lorrain, a annoncé jeudi 6 décembre le syndicaliste CFDT Edouard Martin devant la presse. "A partir d'aujourd'hui, on prend possession de l'usine, on va dans les hauts fourneaux", a déclaré le leader syndical, visiblement ému, entouré d'une quinzaine de militants. "Il n'y en a pas un qui touchera aux vannes de gaz", qui permettent de maintenir les installations en veille, a-t-il ajouté.
L'annonce par la Commission européenne qu'ArcelorMittal a retiré une première version du projet expérimental Ulcos a mis le feu aux poudres. Le gouvernement fondait de grands espoirs de salut du site sidérurgique. "On est tous écoeurés, on a été trahis", a réagi Edouard Martin, fer de lance de la lutte syndicale des ouvriers de Florange. "On a deux ennemis: on va se battre contre Mittal et contre le gouvernement", a poursuivi le syndicaliste, qui a appelé François Hollande à reprendre "le dossier en main".
L'exécutif joue la montre
Le président Hollande est sorti de sa retraite pour parler jeudi soir.
Concernant l'avenir des hauts fourneaux, le chef de l'Etat, en marge d'un déplacement chez Emmaüs, a fait "la promesse" de faire en sorte que "ce qui a été engagé aussi pour faire que (le) projet Ulcos voit le jour auprès de l'Europe s(oit) mené à bien".
"Le gouvernement a pris des décisions, elles ne sont jamais faciles, ce sont des décisions courageuses qui permettent d'éviter un plan social à Florange, d'obliger l'actuel industriel Mittal à faire des investissements qui n'ont que trop tardé et à engager un plan Ulcos qui doit permettre qu'il y ait un avenir pour la filière chaude", a déclaré François Hollande visiblement impuissant
"Je peux dire ici que ces engagements seront tenus et j'en serai, avec le gouvernement, le garant", a-t-il certifié soulignant qu'il connaîit "les inquiétudes, les doutes". "Compte tenu du passé, des manquements, j'ai vu la détresse et la colère, j'en mesure aussi les causes", a-t-il encore polémiqué, après sept mois de pouvoir.
Et de poursuivre sur le ton empathique des déclarations redondantes et creuses: "Mais ma responsabilité est de faire qu'il y ait un avenir pour Florange et tous les engagements qui ont été pris seront tenus. Ce qui a été engagé aussi pour faire que ce projet Ulcos voie le jour auprès de l'Europe sera mené à bien, j'en fais ici la promesse", a assuré le président potiche.
Venu avec des élus de Lorraine rencontrer à Matignon le premier ministre sur l'accord passé avec Mittal sur Florange, le député PS Michel Liebgott (Moselle), lui a dit jeudi de son sentiment de se "faire entuber" par le groupe sidérurgiste.
Matignon et le groupe sidérurgique ont affirmé qu'il ne s'agissait que d'un contretemps, expliquant qu'Ulcos n'est pas mûr pour demander un financement européen.
VOIR et ENTENDRE le député socialiste local accabler Mittal pour épargner le pouvoir PS:
Ils affirment en effet que cela était prévu dans leur accord passé la semaine dernière sur l'avenir de Florange. Le compromis entre ArcelorMittal et le gouvernement prévoit que les installations de la filière liquide (ou chaude) -dont les hauts fourneaux nécessaires à la réalisation d'Ulcos- ne soient pas démontés pendant six ans et mis "sous cocon". Et dans six ans, Hollande repasserait le mistigri au suivant...
76% des Français ne font pas confiance au gouvernement pour obtenir les engagements pris par ArcelorMittal, ajoute un sondage Opinion Way-LCI.
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