Finies les heures supplémentaires défiscalisées des profs

Les heures supplémentaires permettaient aux enseignants de tirer leurs revenus vers le haut

Mais c'était avant l'arrivée de la gauche au pouvoir, lorsqu'elles étaient encore assorties d'une exonération fiscale.

Avec l'abandon annoncé de la défiscalisation des heures supplémentaires, l'une des mesures phare du quinquennat Sarkozy, les enseignants vont perdre en pouvoir d'achat. Mais tous ne sont pas égaux face à ce dispositif attractif mis en place en 2007.

Ces heures supplémentaires, qui représentent l'équivalent de quelque 15.000 emplois  et 3 milliards d'euros, ne seront pas supprimées, a promis le ministre de l'Éducation, Vincent Peillon lors de son audition la semaine dernière devant la commission de la culture, de l'Education et de la Communication du Sénat, précisant toutefois qu'il soutenait ces mesures de refiscalisation, "au nom de l'emploi" mais au détriment du pouvoir d'achat.

Pour ajouter à l'incohérence socialiste, le ministre a aussi annoncé que les professeurs du second degré qui entameront à la rentrée prochaine leur première année d'exercice bénéficieront d'une décharge de 3 heures - 15 heures au lieu de 18. 

A vrai dire, le ministre n'est pas seulement incohérent, il est aussi hypocrite en présentant comme innovante une facilité existant au temps des IUFM...

La démagogie de la gauche aggrave la situation du recrutement dans l'Education

L'immense majorité des parents s'est faite rouler
Le ministre de l'Éducation promet 6000 recrutements pour la rentrée, mais combien d'entre eux seront-ils des  enseignants ? ... 280, pour tout  le second degré, collèges et lycées ! Aux 280 professeurs s'ajouteront 75 conseillers principaux d'éducation, qui seront recrutés également par recours à une liste complémentaire. L'immense majorité des recrutements annoncés concerne les assistants d'éducation.

Recrutés sous contrat de droit public pour une durée de trois ans renouvelables, ils sont chargés de surveiller les élèves, d'aider aux devoirs. Parmi eux, certains sont également des "auxiliaires de vie scolaire individualisés" (AVSi), chargés d'accompagner les enfants en situation de handicap. Ils compteront pour beaucoup dans ces fameux 6 000 recrutements. Pour compliquer les choses, il faut savoir que ces personnels impliqués auprès des élèves handicapés peuvent aussi être recrutés via des "contrats aidés", contrats plus ou moins précaires, dont la durée varie de 6 à 24 mois. Vincent Peillon a assuré que ces contrats, dont 14.000 arrivent à échéance au 30 juin, seront renouvelés.

Or, plusieurs enseignements sont  touchés par un déficit de candidats au concours (anglais, lettres, EPS et mathématiques). Peillon devra donc aller les chercher sur une liste complémentaire de candidats admissibles, mais qui ont échoué aux épreuves orales, malgré la forte demande: des professeurs recalés aux concours d'aptitude professionnelle, sans formation pédagogique net donc au rabais. 

Mais la FSU ne bronche pas. 

Le syndicat dominant est très accommodant: il est prêt à accepter des pré-recrutements [d’étudiants au niveau licence] … Qui ne se souvient pourtant que la  réforme Chatel de la formation des maîtres avait moblilisé la FSU, la fédérations éducation CGT, FO, SUD, la FCPE, Sauvons la recherche, SLU, etc... Or, les 60 signataires ne s'élevent plus contre "la dégradation de la formation professionnelle des enseignants, une remise en cause du rôle des IUFM, la mise en danger des recherches en didactique des disciplines, une déstabilisation des équipes de formation et de recherche…" Comment peut-on s'expliquer leur silence actuel ?

Le gouvernement se complaît dans la propagande, et Peillon y participe.

Il faut en effet préciser que l'emploi ne sera pas encouragé par la refiscalisation des heures supplémentaires, puisque les concours de recrutement de profs manquent de candidats !  L'Education nationale ne motive pas la jeunesse 

Évoquant par ailleurs une "répartition inégale", il a observé que ces heures supplémentaires, jusque-là assorties d'une exonération fiscale, avaient davantage bénéficié aux professeurs du secondaire qu'aux professeurs des écoles. «Elles sont allées davantage aux professeurs des grands lycées de centre-ville, qu'aux jeunes capésiens des collèges difficiles», a-t-il ajouté.

Les quelques 6000 professeurs de classes préparatoires vont être directement touchés par ce changement, car dans leur univers, les heures supplémentaires sont «une nécessité de service», explique Bruno Jeauffroy, président de l'Union des professeurs de spéciales (UPS) et professeur de physique au lycée Fenelon.

Tous n'enseignent pas en classe prépa

Les professeurs de prépa sont pour deux tiers des titulaires d'une très sélective agrégation et pour un tiers des professeurs de chaire supérieure. Ils doivent 10 heures de service hebdomadaire en présence d'élèves issus de concours également exigeants. Dans les matières que l'on plaît toujours à qualifier de principales - maths et physique en Sup et Spé -, l'enseignant dépasse en toute logique ces dix heures et assure donc le reste via des heures supplémentaires (environ 4 à 5 heures).Mais un certain nombre de profs de lycées (ou de collèges) sont sollicités pour assurer les "colles": resteront-ils aussi motivés pour interroger à des dizaines de kilomètres de leur poste ?

Au total, le ministre lui-même reconnaît que ces créations de postes ne font que colmater les brèches, tout comme les 1000 postes annoncés précédemment à l'école primaire. 

A la rentrée, la FSU devrait logiquement reprendre son activité principale: le défilé dans les rues. Avec le soutien des parents de la FCPE, il va sans dire...

Dans un entretien à Libération en date du 5 juin dernier, Frédérique Rolet, cosecrétaire générale du Snes-FSU,  annonçait des actions: " Il pourrait aussi y avoir des mobilisations à la rentrée si elle se passe très mal, sans aucun changement." Or, sur le dossier des stagiaires, Mme Rolet (FSU) a déjà annoncé que "Nous, nous demandons au moins 6 heures de décharge." 

Pour patienter, on peut toujours aller pétitionner...

"Formation des maîtres : pour une formation professionnelle universitaire digne de ce nom !

Concours de recrutement : des postes, des pré-recrutements et des aides financières à la hauteur des besoins !"

Signer la pétition en ligne