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samedi 13 mars 2010

Pour critiquer, ont-ils lu l'entretien de Sarkozy au Figaro ?

Les polémistes raisonnent en contemporains de René Coty...

A lire cet entretien au Fig Mag, publier le 12/03/2010

«Mon rôle est d'apaiser pour pouvoir réformer»

«Je ne crois pas à une politique de rigueur qui n'a jamais fonctionné. La rigueur est contre-productive»
INTERVIEW EXCLUSIVE - Campagne régionale, ouverture, réformes en cours, dossiers d'actualité : Nicolas Sarkozy confie au «Figaro Magazine» ce qu'il prépare.
"Les régionales " L'ouverture » Le chômage » Le déficit » Les retraites » 2012


Le Figaro Magazine - Sur TF1, le 25 janvier, vous aviez dit: «M'engager dans la campagne, au sens partisan, ce n'est pas mon rôle.» Finalement, vous parlez à la veille du premier tour des régionales. Qu'est-ce qui justifie ce changement?

Nicolas Sarkozy - Mais de quel changement parlez-vous ? Où avez-vous vu que je m'étais engagé dans la campagne ? Où avez-vous vu que lors de mes déplacements j'avais appelé à voter pour tel ou tel candidat ? Je n'ai pas donné de consignes de vote et je ne le ferai pas. Mais convenez qu'il serait étrange que je sois le seul à ne pas pouvoir expliquer l'enjeu des élections régionales ! Alors que l'on nous annonce une abstention record - qui justifie, au passage, notre volonté de changer le mode d'organisation de nos collectivités territoriales -, mon devoir de chef de l'Etat est aujourd'hui de demander aux Français de voter pour choisir l'équipe qui dirigera leur Région. Voudront-ils continuer avec le sortant ou préféreront-ils le changement ? C'est à eux de décider et il est important qu'ils se rendent aux urnes pour choisir l'équipe qui dirigera leur Région. Voter est un droit, mais c'est aussi un devoir civique.

On vous reproche de sortir de votre rôle, de voler au secours de l'UMP à la veille d'une défaite annoncée...

Mon rôle n'est certainement pas de polémiquer en répondant aux innombrables attaques dont je suis l'objet. J'y perdrais mon temps et surtout l'énergie dont j'ai besoin pour m'occuper des problèmes des Français. Quant aux sondages : j'appelle chacun à la prudence. Il ne faut jamais préjuger du choix des Français. Pour le reste, heureusement, il y a une majorité qui soutient l'action du gouvernement. Je souhaite que les électeurs de la majorité participent à ces élections. Et quand je vois que les listes de la majorité présidentielle se sont engagées à ne pas augmenter les impôts, je trouve que c'est sage au regard de la frénésie fiscale qui s'est emparée des Régions depuis six ans. Quand je les entends demander la généralisation de la vidéosurveillance pour aider l'Etat dans sa lutte contre l'insécurité, s'engager à créer moins de postes de fonctionnaires et davantage de voies d'apprentissage pour les jeunes, je ne peux qu'approuver ces orientations. Mais ce n'est pas à moi de faire campagne pour la majorité.

Etait-ce à vous de convoquer à l'Elysée les chefs de file de la campagne UMP en Ile-de-France?

Ces polémiques n'ont pas lieu d'être ! Qu'y a- t-il d'étonnant à ce que je rencontre des élus d'Ile-de-France alors que je suis moi-même un élu de cette Région depuis 1977 ? Je suis étonné de la légèreté de certains commentaires quand on voit la gravité de la crise que nous venons de traverser, la nécessité de faire preuve d'imagination pour répondre aux défis du XXIe siècle. Ces polémiques permanentes font perdre un temps précieux à la France. Ainsi nous avons connu une semaine de conjectures pour savoir si je devais me rendre au Salon de l'agriculture pour son ouverture ou pour sa clôture ? Si j'y allais le samedi de l'ouverture, j'aimais les agriculteurs ; si j'y allais le samedi de la clôture, soit huit jours après, je ne les aimais plus ! Tout cela reflète l'infini décalage qu'il y a entre les préoccupations politiciennes et partisanes et celles des Français, autrement plus sérieuses.

Tirerez-vous des conséquences politiques des élections régionales?

Que les choses soient bien claires. Le scrutin des 14 et 21 mars est un scrutin régional : ses conséquences seront donc régionales. Cela ne veut pas dire que je ne doive pas écouter les Français. Je serai bien sûr attentif à ce qu'ils diront. Nous verrons s'il conviendra d'envisager une nouvelle étape politique après la réforme des retraites, si importante pour la France et pour les Français. Cela ne signifie pas qu'il ne puisse pas y avoir quelques adaptations gouvernementales d'ici là...

Donc, pas de grand remaniement et moins encore de changement de Premier ministre après les régionales...

Si l'on devait changer de gouvernement du simple fait des élections régionales, ce serait parfaitement incohérent avec la dimension régionale de ce scrutin. J'insiste sur ce point : si un scrutin régional devait avoir des conséquences nationales, alors que ferait-on lors d'un scrutin national ? Les Français ne s'y trompent pas, qui affirment vouloir tenir compte dans leurs votes d'abord et avant tout de leur appréciation sur la situation de leur Région.

En 2004, après des régionales perdues, vous aviez pourtant regretté que Jacques Chirac n'ait pas entendu le message des Français...

J'avais déploré que l'on arrêtât le mouvement des réformes au motif que la situation politique était difficile. Je ne pense pas que quiconque puisse prétendre que nous soyons aujourd'hui dans ce cas de figure ! Qu'attendent de moi les Français ? Que je les protège de la crise, que notre pays retrouve de la croissance, que le chômage recule, que notre pays ne subisse pas une immigration sans contrôle, que la sécurité progresse. Ils m'ont élu pour cela, pas pour créer de l'instabilité politique. Un peu de durée, de stabilité - oserais-je dire de solidité ? - sont nécessaires. Songez que Christine Lagarde, excellente ministre des Finances, vient de battre le record de longévité des ministres des Finances depuis vingt ans, alors qu'elle n'est en place que depuis deux ans et demi ! Dans le même temps, le chancelier de l'Echiquier britannique est resté en fonction pendant dix ans. On ne peut pas déstabiliser l'action des ministres en permanence.

Votre politique d'ouverture semble susciter une certaine incompréhension à droite sans rapporter grand-chose à gauche. Est-ce une si bonne idée?

Je ne pratique pas l'ouverture pour gagner des suffrages. Je n'ai même jamais pensé qu'elle pouvait faire gagner des voix. En revanche, le sentiment que le président de la République oublie les considérations partisanes au moment où il choisit les personnes qu'il doit nommer, qu'il le fait avec l'exclusive préoccupation de leur compétence contribue à apaiser les tensions toujours à l'œuvre dans un pays comme la France, où les mouvements sociaux peuvent être violents, parce qu'il y existe une tradition de luttes sociales et idéologiques forte. Mon rôle est d'apaiser les tensions pour pouvoir engager les réformes trop longtemps différées. Est-ce un hasard si, depuis trois ans, il n'y a pas eu de drames ni de violence ? J'ai été élu pour entreprendre des réformes et je mettrai en œuvre l'intégralité de mon projet présidentiel. L'ouverture permet de faire avancer ces réformes sans crispations dans un climat apaisé et serein.

J'ajoute que le sectarisme, l'esprit de clan, l'Etat mis au service d'un parti est le contraire de l'idéal républicain. On devrait se réjouir de cette pratique nouvelle dans notre pays et pourtant habituelle chez nos voisins.

Mais à droite, on dit: «Chez nous aussi, il y a des gens compétents...»

C'est vrai ! Mais imaginez que nous ayons nommé, avec MM. Accoyer et Larcher, trois UMP au Conseil constitutionnel ! Imaginez la tension que cela aurait créé ! Je sais parfaitement que M. Mitterrand avait nommé Pierre Joxe à la Cour des comptes. Je sais parfaitement qu'il avait nommé M. Roland Dumas, à la tête du Conseil constitutionnel. Je sais parfaitement que Jacques Chirac a nommé Jean-Louis Debré à la tête du Conseil constitutionnel. Autorisez-moi cette rupture... Aujourd'hui, les choses ont changé. Les nominations de si grande proximité ne seraient plus acceptées. Vous me dites que cela démobilise l'électorat de droite ? C'est faire un bien mauvais procès aux électeurs. La droite républicaine et le centre n'ont jamais été sectaires. L'idéal républicain qui nous rassemble nous oblige à vouloir une démocratie irréprochable. C'est notre honneur. C'est mon devoir. Et au fond, quand bien même ! Je suis prêt à créer un léger sentiment d'incompréhension momentané pour inscrire, comme je l'avais promis, la démocratie française dans l'exemplarité. C'est un choix de société majeur.

Vous allez donc continuer l'ouverture...

Croyez-vous que le thème de la fermeture soit porteur ? Le gouvernement exclusivement chiraquien de 1995 a-t-il évité à la majorité la désillusion de 1997 ?

Dans la dernière vague de nominations, il n'y a pas de femmes. Certains le déplorent...

Je comprends cette préoccupation. Pour le Conseil constitutionnel, j'avais une très bonne candidate mais j'ai pensé qu'il était plus grave de faire une entorse à l'équilibre politique plutôt qu'à l'équilibre des sexes. J'ajoute que dans le gouvernement il y a des femmes aux postes stratégiques des Finances et de la Justice avec Christine Lagarde et Michèle Alliot-Marie. La parité doit se juger dans la durée et pas nomination après nomination. J'ajoute aussi que je respecte trop les compétences des femmes pour les choisir par rapport à un quota ou à une image.

Fallait-il lancer le débat sur l'identité nationale pour l'arrêter un mois avant les élections régionales sans traductions concrètes?

Mais ce débat n'est pas arrêté ! J'aurai l'occasion de le conclure après les élections régionales et d'annoncer des mesures importantes en avril. Si je l'avais conclu avant les régionales, on m'aurait accusé d'électoralisme. Je dis : passons les régionales. On me reproche de vouloir l'enterrer. Ce n'est pas le cas. Je continue de m'inspirer de Claude Lévi-Strauss, cet immense anthropologue français : «L'identité n'est pas une pathologie.» J'ajoute à l'intention de tous ceux qui aiment à défendre la diversité que celle-ci ne peut exister que si on permet à l'identité de s'affirmer. Réfléchir ensemble à la direction vers laquelle doit aller notre nation, à son projet, à ses valeurs est utile au rassemblement du pays. Quelle drôle d'attitude que celle qui consiste à contester à la France le droit d'avoir son identité, de la défendre et même d'en être fière.

En matière de sécurité, votre bilan est contesté...

Les statistiques sont pourtant imparables. Entre 1997 et 2002, l'insécurité a augmenté de 15 %. De 2002 à aujourd'hui, elle a reculé de 16 %. Personne ne peut le contester. La vérité, c'est que les progrès sont spectaculaires. Je ne m'en contente pas pour autant. Nous allons d'ailleurs passer à la vitesse supérieure. Ainsi, je crois nécessaire la généralisation de la vidéosurveillance qui allège la tâche des fonctionnaires, tranquillise les citoyens, tout en insécurisant les délinquants. Brice Hortefeux, qui fait un excellent travail, va s'attaquer au phénomène des bandes. Quant aux critiques de la gauche qui a voté contre les peines plancher punissant plus sévèrement les multirécidivistes, contre la loi sur les bandes, contre la création des fichiers, contre l'affectation de moyens supplémentaires à la police, je lui conseille sur ce sujet une réserve qui serait de bon aloi, tant les Français n'ont pas oublié son bilan en la matière. La sécurité est ma priorité. Je ne ferai preuve d'aucune faiblesse. Pas plus demain que je n'en ai fait preuve hier.

Parlant du chômage, vous aviez dit que nous le verrions baisser dans les semaines ou les mois qui viennent. François Fillon, lui, dit qu'il va augmenter dans les six prochains mois. Qui a raison?

Nous avons dit exactement la même chose ! Dans le courant de l'année 2010, le chômage va diminuer. Tous les organismes nous disent que la croissance en France sera supérieure à 1,5 % en 2010. Cela prouve que si nous ne sommes pas encore sortis de la crise, la récession est terminée. Nous retrouvons le chemin de la croissance, mais il faut comprendre que les chiffres du chômage sont en décalage de quelques mois...

Je suis persuadé que nous suivons la bonne stratégie économique. Elle portera ses fruits dès cette année.

Peut-on à la fois prétendre améliorer la compétitivité de notre industrie et en même temps empêcher les groupes industriels, comme Renault ou Total, de fermer des sites non rentables?

Je crois à la politique industrielle. Et j'observe que nous sommes le seul pays à nous poser la question de son utilité. De 2000 à 2007, la France a perdu 500 000 emplois industriels. Il faut dire les choses clairement : les 35 heures ont été une très grande difficulté pour notre économie. Elles ont favorisé à la fois les délocalisations, la désindustrialisation et la baisse des salaires.

On aurait voulu ruiner la compétitivité de notre industrie qu'on ne s'y serait pas pris autrement.

Renault n'y est pas pour grand-chose...

Sans doute. Mais le groupe Renault a su se souvenir qu'il était français lorsque nous lui avons prêté 3 milliards d'euros - qu'il nous remboursera - pour l'aider à sortir de la crise ! Que l'on délocalise pour vendre sur d'autres marchés, je suis prêt à le comprendre. Mais que l'on délocalise pour fabriquer à l'extérieur des voitures qu'on vendra en France, je ne suis pas d'accord. Et là, ce n'est pas le président de la République qui parle, c'est l'Etat actionnaire qui détient 15 % des actions du groupe ! Il est quand même rassurant pour le contribuable français de savoir que son argent servira à créer des emplois en France plutôt qu'à l'étranger.

Et Total?

Je remercie Christophe de Margerie d'avoir pris les bonnes décisions. Total fait 8 milliards d'euros de bénéfices ? Tant mieux et bravo ! La raffinerie de Dunkerque est en surcapacité ? C'est vrai. Mais on ne pouvait pas annoncer sa fermeture et dire : pour la réindustrialisation, on verra plus tard. Comment voulez-vous que les gens comprennent ? J'attends que la fermeture corresponde immédiatement à un nouveau projet de réindustrialisation. Respecter ses salariés est le meilleur investissement que l'on puisse faire pour l'avenir.

Autre dossier brûlant: la filière nucléaire...

L'Etat va y mettre de l'ordre. Ces derniers temps, les disputes publiques entre les dirigeants de ces entreprises ont été inadmissibles. Nous avons nommé à la tête d'EDF un très bon industriel. Nous sommes en train de travailler sur la question d'Areva, extrêmement complexe. Nous prendrons des décisions en avril quand François Roussely m'aura remis son rapport. Au minimum, il faut que la filière s'organise pour que les équipes de France ne se fassent pas concurrence de façon contre-productive. La leçon de l'échec d'Abu Dhabi doit nous servir pour l'avenir.

Si notre compétitivité industrielle est battue en brèche, c'est aussi en raison des charges sociales qui pèsent sur le travail. Avez-vous renoncé à votre idée de TVA sociale?

L'expression «TVA sociale» est incompréhensible et inadaptée. Le sujet est pourtant bien à l'ordre du jour. Il faut continuer à réfléchir au moyen de financer notre protection sociale autrement qu'en taxant le travail. C'est d'ailleurs ce que nous avons commencé à faire en supprimant la taxe professionnelle. Nous avons rendu aux entreprises 6 milliards d'euros de compétitivité. Ce n'est pas rien.

Le niveau de l'euro est un autre handicap. Du fait des malheurs de la Grèce, il baisse. Doit-il baisser encore?

Quand vous dites que l'euro baisse, restons mesurés ! L'euro est aujourd'hui à 1,36 face au dollar. N'oublions pas qu'il a été introduit à parité avec le dollar en 2001. Comment peut-on dans ces conditions continuer à produire en zone euro et vendre en zone dollar si le dollar se déprécie par rapport à l'euro ? Je ne suis pas pour un euro faible. Mais entre un euro cher et un euro faible, je choisis l'euro à son bon niveau. La France présidera le G20 et le G8 à partir de novembre 2010 et j'assignerai comme priorité la réflexion sur un nouveau système monétaire international, pour que nous coordonnions nos stratégies de taux d'intérêt. Parce que ce n'est pas à l'Europe de payer la dette des autres. Le dumping monétaire n'est pas plus acceptable que le dumping social ou environnemental.

Où en est-on de l'idée d'une protection contre le dumping social et environnemental aux frontières de l'Europe?

S'agissant des dispositifs environnementaux, je dis très clairement que la France montrera l'exemple, que nous voulons tenir nos engagements de limitation des émissions de gaz à effet de serre, mais que nous voulons dans le même temps une taxe carbone aux frontières de l'Europe. Nous n'imposerons pas à nos industriels des contraintes si, dans le même temps, on autorise les importations venant de pays qui ne respectent aucune des règles environnementales à inonder nos marchés. La taxe carbone, qui consiste à asseoir notre fiscalité sur la pollution plutôt que sur le travail et le capital, est une bonne idée. Nous prendrons le temps de la concertation au niveau européen comme au niveau national.

Compte tenu du niveau de ses déficits et de sa dette, la France peut-elle échapper à une politique de rigueur?

La question des déficits me préoccupe. Je voudrais quand même rappeler que, depuis que je suis président de la République, nous avons supprimé 100 000 postes de fonctionnaires ! Sans drames sociaux ! Cette année, nous en supprimons 35 000. Mais si, dans le même temps, les Régions et les départements en créent 30 000 de plus chaque année, ça ne peut pas aller. Par ailleurs, grâce à la révision générale des politiques publiques menée par Eric Woerth, qui fait un travail remarquable, nous avons économisé 7 milliards d'euros par an sur les dépenses de l'Etat. Pour la première fois, l'objectif national de dépenses de l'assurance-maladie a été respecté l'an dernier. Nous avons fusionné des hôpitaux, réduit de 20 % les effectifs de l'armée, réduit d'un tiers le nombre de tribunaux d'instance et de grande instance... La vérité c'est que nous tenons la dépense publique et que c'est la crise qui a fait chuter nos recettes fiscales. D'où l'augmentation des déficits.

Mais ne faudrait-il pas parler franchement de rigueur?

Je ne crois pas à une politique de rigueur qui n'a jamais fonctionné. La rigueur est contre-productive. Quelle est la différence avec la politique que nous menons ? Je vais vous en donner un exemple. Nous ne remplaçons pas un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite. La moitié des économies réalisées, nous les redonnons en pouvoir d'achat aux fonctionnaires qui restent. C'est 2 milliards d'euros de plus pour la fonction publique ! Une politique de rigueur reviendrait à ne pas remplacer les effectifs qui partent à la retraite et à ne pas augmenter le pouvoir d'achat de ceux qui restent. Notre objectif est d'avoir moins de fonctionnaires, mais mieux payés. J'ajoute que la reprise économique est encore trop timide pour prendre le risque de tout casser par une rigueur à contretemps.

Peut-on rétablir nos comptes publics sans augmenter les impôts?

Que les choses soient bien claires. Je n'augmenterai pas les impôts. Ni aujourd'hui ni demain. Pas pour des raisons idéologiques, mais pour assurer la compétitivité de la France. Pendant des années, à chaque occasion et pour chaque problème, on a augmenté les impôts. Depuis trois ans, nous les avons baissés. De l'ordre de 15 milliards d'euros, grâce à la suppression de l'impôt sur les successions, de la taxe professionnelle, et grâce à la baisse de la dernière tranche de l'impôt sur le revenu à 40 %. Et au bouclier fiscal à 50 %. Je ne reviendrai pas dessus. Je crois juste de pouvoir disposer à la fin de l'année de la moitié de ce que l'on a gagné. Ce que les socialistes allemands ne contestent pas, puisque l'Allemagne connaît un bouclier fiscal depuis quinze ans, peut-être qu'une partie de la gauche française pourrait l'approuver ?

Vous ne regrettez pas la baisse de la TVA sur la restauration?

La baisse de la TVA était devenue l'exemple même du non-respect de la parole donnée par les responsables politiques. Jacques Chirac l'avait promise, je l'ai mise en œuvre. L'accord signé avec les restaurateurs a permis de faire gagner 1 milliard d'euros de salaire en plus dans la restauration. Mais je vais vous dire autre chose : les restaurateurs, les débitants de tabac, ce sont des gens que je respecte. Ils travaillent dur. Ils n'ont pas l'habitude de se plaindre. Si la baisse de la TVA peut leur donner un coup de main, tant mieux. Les Allemands ont décidé de faire la même chose : cela ne devait pas être une si mauvaise idée...

Le grand chantier de l'après-régionales, avez-vous dit, c'est la réforme des retraites. Allons-nous la faire une bonne fois pour toutes ?

Mi-avril, le Conseil d'orientation des retraites (COR) remettra son rapport qui nous permettra de faire le point. Nous engagerons la concertation avec les représentants syndicaux et nous ferons des propositions pour qu'un texte soit déposé au Parlement en septembre. Pour cette réforme, j'ai pris un engagement : elle concernera les 21 millions de salariés du privé et les 5 millions de salariés du public. Et fixé deux principes : je n'accepterai pas qu'on remette en cause le régime par répartition ni le niveau de vie des retraités. Pour le reste, nous mettrons tout sur la table, notamment la durée de cotisation, l'âge de départ à la retraite, la pénibilité. Cette réforme sera structurante, car elle assurera la pérennité de nos régimes de retraite, et juste, parce que la justice est la condition de son acceptation par les Français.

Alignerez-vous la durée de cotisation des fonctionnaires sur celle du privé?

Si des décisions devaient être prises sur l'allongement de la durée de cotisation, elles concerneraient comme aujourd'hui tout autant le public que le privé. Il serait injuste qu'il n'en soit pas ainsi.

Et sur le mode de calcul des retraites: six derniers mois dans le public, 25 meilleures années dans le privé?

Attention ! Gardons-nous des positions caricaturales sur les supposés avantages indus des uns ou des autres. Il serait très injuste de considérer la retraite des fonctionnaires au seul prisme du calcul sur les six derniers mois. Je vous rappelle qu'à la différence du privé les primes des fonctionnaires ne sont pas intégrées dans le calcul de leur retraite. Tous ces éléments doivent être sur la table.

Peut-il y avoir un consensus dans l'opinion ?

Je pense que l'opinion publique est beaucoup plus raisonnable qu'une partie de nos élites. Elle sait très bien que, si on vit plus vieux, il faudra travailler plus longtemps. J'ajoute que ce sont toutes les questions de l'aménagement de la vie, de la retraite choisie, de la liberté d'arrêter son travail ou d'en reprendre un qui seront posées.

Chez les syndicats ?

J'ai beaucoup de respect pour les syndicats qui, durant la crise, ont fait preuve de courage et de sens des responsabilités. Je tiens à ce qu'une concertation approfondie soit menée avec eux. Mais ce n'est pas aux organisations syndicales de prendre sur elles l'impopularité d'une réforme des retraites. Je ne m'attends pas à un grand mouvement de soutien de leur part.

Et chez les politiques?

Mme Aubry avait déclaré qu'elle était pour la retraite à 62 ans avant de faire un tête-à-queue sous la pression de ses amis. Nous verrons bien de quel côté tombera le PS. Après tout, le pire n'est pas certain...

Après les retraites, il y a le chantier de la dépendance. Comment le financer?

A l'automne, après la réforme des retraites, nous engagerons la concertation sur la dépendance. Juste un chiffre : aujourd'hui il n'y a que 20 % des personnes âgées qui peuvent financer leur place en maison de retraite. Je m'y engage : le cinquième risque sera créé, selon des modalités à définir en accord avec les partenaires sociaux et les assurances, au premier trimestre 2011. Chaque Français doit savoir que les mesures seront prises pour que personne ne soit laissé seul face au grand âge et à la dépendance.

Après la dépendance, ouvrirez-vous d'autres chantiers?

Je veux faire mon travail au service des Français du premier au dernier jour de mon quinquennat. Une fois ces dossiers bouclés, je proposerai au Parlement de compléter toutes les réformes réalisées depuis 2007. Université, travail du dimanche, 35 heures, heures supplémentaires... : nous ferons un audit de toutes les réformes pour les améliorer. Ensuite, au second semestre 2011, le gouvernement marquera une pause pour que le Parlement puisse, s'il le souhaite, délégiférer. «Nul n'est censé ignorer la loi», dit-on. Mais la complexité est souvent telle que personne ne s'y retrouve plus. Il sera grand temps de s'attaquer au chantier de la simplification législative et administrative.

Si les régionales sont une défaite, cela remet-il en cause la stratégie d'union de la droite dès le premier tour?

Je n'imagine pas que des familles politiques qui travaillent ensemble pendant toute la durée d'un mandat se présentent divisées devant les électeurs. C'est une question d'honnêteté. Les divisions partisanes sont insupportables aux yeux de nos électeurs. Je suis heureux que la droite et le centre donnent l'exemple du rassemblement et de l'union. Entre les deux tours, les Français verront la différence d'attitude entre la majorité et l'opposition.

François Fillon est plus populaire que vous, est-ce que cela vous agace?

Je travaille très bien avec le Premier ministre. Il met en œuvre avec le gouvernement le programme que j'ai défini. S'il n'était pas populaire, on me dirait : il faut le changer. S'il l'est, on me dit : c'est un problème pour vous. Tout cela, ce sont des conjectures vaines. Mon seul problème, c'est de mener à bien les réformes qu'attendent les Français et qui moderniseront notre pays. N'essayez pas de créer des problèmes là où il n'y en n'a pas.

Villepin, Juppé, Fillon, Copé: certains, à droite, se préparent dans l'hypothèse où vous ne vous représenteriez pas...

Ils ont raison. Il faut toujours être prêt ! La droite ne souffrira jamais d'avoir trop de talents.

Pour 2012, avez-vous pris votre décision? Quand l'annoncerez-vous?

Mon mandat dure cinq ans. La question d'un éventuel second mandat alors que je suis à mi-chemin est dérisoire au regard des préoccupations des Français et des miennes. Je m'interdis même d'y penser compte tenu des problèmes que j'ai à régler. Je prendrai position à la fin de 2011, en tenant compte d'un certain nombre de critères collectifs et personnels. D'ici là, mon engagement restera total au service des Français.

1 commentaire:

  1. C'est un entretien d'une grande qualité, je suis fière d'avoir cet homme pour président. Si seulement les Fraçais pouvaient être lucides , arrêter d'écouter les intox et les attaques de la gauche et regarder en toute honnêteté le travail et la vision du président pour la France. On ferait tous un grand pas en avant et ce serait bon pour tout le monde . En attendant, le totalitarisme et le sectarisme de la gauche qui ne s'applique qu'à nuire, freine le gouvernement dans sa contruction de l'avenir et fait du tord à tout le monde

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