POUR

LA &nbsp LIBERTE &nbsp D' EXPRESSION

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dimanche 19 mars 2006

CPE -1- Minoration, majoration, même manipulation de l'opinion.
Au lendemain des manifs anti-CPE du 18 mars, la presse nous dit combien il fallait savoir compter de marcheurs: quand la police dénombre 500.000 personnes sur l'ensemble du territoire, la presse totalise 1,5 millions. Chacun jugera 'objectivement', en fonction de ses préférences politiques... Car, chacun sait que la police est partisane, quand la presse est objective. Cela se vérifie par exemple lorsque, dans un flou artistique innocent, France Info estime à quelques dizaines le nombre de casseurs après la manifestation. Cependant, dans la minute qui suit, le reporter sur le terrain lance le chiffre de 130: 13 dizaines, ça commence à faire et ça fait même une bonne centaine! Bon, mais si la police a le droit de diviser les chiffres par 3, alors il est naturel que France Info ne voie que 40 perturbateurs: en fait, ça ne fait guère que quelques dizaines. Je le disais, le journaliste ne peut pas se tromper.
Tout de même, s'il s'agit de la situation, en fin de démonstration de force, sur la seule Place de la Nation, le journaliste pouvait encore compter sur ses doigts -encore fallait-il mémoriser les deux mains, et deux fois encore, c'est un métier...-, mais s'il faut ajouter aussi ceux de la Sorbonne, qui ne se trouvait pourtant pas sur le parcours négocié avec la police (le dialogue n'existe pas, selon l'inénarrable Bruno), il faut admettre qu'on ne peut pas non plus demander l'impossible au journaliste: il n'a que 20 doigts, c'est physique et ce n'est qu'un homme, après tout!

Bref, il y a plus grave. Pourquoi aller voter, si tout se passe dans la rue? Les jeunes l'ont compris et c'est bien plus cool. Les élections, c'est pour les vieux qui ne courent plus assez vite, pour les patrons qui n'osent pas viser la façade du Medef avec les coctails molotov (tiens, Molotov, qui c'est celui-là? Il a laissé son nom à quelque chose de bien utile pour lutter pacifiquement contre le patronat.) et pour les vieilles femmes aux mains tremblantes qui risqueraient de cochonner nos beaux calicots. Vraiment, on ne pouvait plus attendre les élections.

Maintenant, la démocracie appartient à la rue. Ce sont certains hommes politiques démocratiquement élus qui nous le disent. Mais entendons-nous bien, ceci n'est valable que pendant quelques mois encore. C'est pourquoi il faut en profiter. Après, on se calme.
Où va-t-on, si un gouvernement conservateur se met à réformer? Les électeurs risqueraient d'observer que les réactionnaires ne sont pas ceux qu'on croit. On ne peut pas laisser faire ça. C'est du manque de respect, n'est-ce pas les jeunes?

Bougez-vous les jeunes: dans votre cursus universitaire, dans votre CV, il vous faut une manif; deux, ce serait mieux. Et puis, ça ne peut pas nuire. Regardez, en 68, on était dans la rue et maintenant on est au Parlement. La rue, ça mène au sommet. (Non, je retire ça: ça ne peut pas s'écrire; c'est démobilisateur, excusez-moi.) On peut même vous faire profiter de notre expérience (j'efface aussi 'expérience', ça déplait aux jeunes: il faut savoir parler aux jeunes).

Vos élus ne sont pas loin. Je disais donc qu'on peut vous encadrer, discrètement, dans l'ombre. Bien sûr, on ne veut pas s'immiscer, vous voler la vedette à la télévision et donner une mauvaise image du mouvement comme la mignonne jeune fille de 17 ans en rouge qu'on aimerait avoir pour fille, pour soeur ou pour femme et qui éructait devant les caméras: des élus ne peuvent tout de même pas organiser la chienlit, même si ce serait notre revanche d'être arrivés 3° aux élections(Quand j'y pense, ça fait vraiment du bien d'obtenir dans la rue d'une minorité populaire ce que une majorité bourgeoise nous a refusé dans les urnes.) Laissez-nous donc tirer les ficelles, on vous le rendra bien, vous le valez bien. A vous le devant de la scène; nous, on reste discrets. Au moins le temps de voir comment ça tourne. Car c'est vrai, nous sommes finalement venus, nous étions tous là, hier, ... seulement pour vous soutenir. Remarquez, si j'ai vu distinctement les papillons professionnels du PAF, tels Djack Lang ou le maire de Bègles, je n'ai pas remarqué le sympathique H. Emmanuelli, ni le délicieux député de la 6° circonscription de Saône-et-Loire, ni le (les adjectifs me manquent) L. Jospin: soit je n'ai pas été assez attentif (ou la presse ne leur a pas rendu justice), soit vous ne les valez pas .

Les jeunes nous montrent la voie. Pour le coup, ils méritent notre respect. Parfois je me demande si, malgré leur naïveté ou dans leur sincérité et leur générosité, il ne le méritent pas plus que nous, le respect. La démocracie a encore pris un coup, mais vous le voyez bien.

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