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samedi 26 janvier 2019

Le porte-parole Benjamin Griveaux devrait parfois se taire !

Griveaux échauffe les oreilles de Philippe Bilger !

"On ne peut pas demander aux manifestants d'être exemplaires si on ne l'est pas soi-même" :  c'est le pavé lancé par Griveaux à la police

"Mais qui peut se prétendre exemplaire ?", s'interroge l'avocat général honoraire.
Rien n'est plus difficile que d'être le porte-parole d'un gouvernement qui ne brille pas par la cohérence et l'efficacité, à quelques exceptions près que je ne veux plus citer parce que trop d'encens pourrait leur nuire.

J'écris ce billet durant la seconde audition d'Alexandre Benalla - il élude beaucoup mais dément l'Elysée sur un point essentiel: une date de restitution - devant la commission sénatoriale parce que je tiens à ne pas laisser parasiter mon prochain post par une périphérie digne d'intérêt mais sans lien avec son objet principal.
 
Benjamin Griveaux a déclaré le 20 janvier: "On ne peut pas demander aux manifestants d'être exemplaires si on ne l'est pas soi-même" (Le Figaro). Cette phrase qui vise la police est extrêmement maladroite parce qu'elle relève de ces affirmations à tiroirs qui naturellement dépassent leur champ initial.
Comment Benjamin Griveaux a-t-il pu ignorer que cette exigence d'exemplarité formulée sur un ton condescendant à l'égard de la police subissant sur le terrain le pire à cause de la crise interminable des Gilets jaunes [si on confond la cause  - la sur-fiscalité qui confisque du pouvoir d'achat -,  et la conséquence - la crise sociale] et donc du pouvoir longtemps impuissant [ou incapable, sinon d'annoncer chaque mois le redressement de la courbe du chômage pour le suivant], va être retournée de plein fouet vers le président, le Premier ministre, le gouvernement et lui-même?

Cette personnalité, beaucoup portraiturée -mi-figue mi-raisin- [à vrai dire plutôt groseille acide] durant la semaine écoulée, est trop intelligente [ironie de la courbette !] pour ne pas admettre que certains de ses propos ont été désastreux et donc contradictoires [insensés ou sots ?] avec l'exemplarité souhaitée.

Et il sait aussi [présomptif Bilger...] que le Premier ministre, ses collègues ministres et l'Elysée - il a eu le courage de dénoncer les dysfonctionnements que cette maison à l'évidence "mal tenue" a connus - n'ont pas été, les uns et les autres, aussi remarquables que la valeur d'exemplarité aurait dû le prescrire [En bref et en clair: la bande à Jupiter sont des nuls prétentieux et des modèles à ne pas suivre].

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Je veux bien que Benjamin Griveaux [ci-contre] donne une leçon de morale à la police mais sa morale a une leçon: qui peut se prétendre exemplaire? Et quand on ne l'est pas à coup sûr, quelle crédibilité ont les semonces même les plus pertinentes sur le fond [pertinence de la cible policière visée ?] ?

Cette exemplarité si largement battue en brèche [disons-le, en ruines] a trouvé malheureusement son pic à l'Elysée où le feuilleton Benalla et ses développements lassants [tuants, au pistolet à eau] et surprenants [abracadabrantesques ?] à la fois, avec, notamment l'arme, les passeports diplomatiques et de service et le téléphone crypté Teorem [sans compter le badge d'accès à l'Assemblée, au nom de la séparation des pouvoirs et de la bonne forme physique de "tabasseur" de manifestants], ont révélé une indéniable incurie au moins de la part du directeur de cabinet et accessoirement du chef de cabinet [celui qui les a nommés avec un indéniable discernement ne révèle donc, quant à lui, aucune marque d'incurie].

Cela n'a pas empêché le premier [Patrice Strzoda] de se vanter, sur une question d'un sénateur, d'avoir dirigé une maison, selon lui, "bien tenue" et de se défausser sur les chefs de service. Il se contente de peu.
Si j'insiste sur ce haut lieu républicain, cela tient au fait que dans sa gestion on espérait l'excellence, la fiabilité et la rectitude, on était même persuadé que ces qualités y seraient respectées plus qu'ailleurs. Pourtant, ce qui se dégage de ces semaines et de ces épisodes à force ridicules, est l'impression d'un déplorable amateurisme qui n'est rassurant que s'il nous permet de relativiser l'accusation renouvelée d'affaire d'Etat. Alors que sans doute il s'agit d'abord de professionnels qui n'ont pas été à la hauteur de leur poste prestigieux [que Bilger se montre rassurant sur le professionnalisme du militaire de haut rang - le chef d'Etat-Major des armées est le général d'armée François Lecointre -  qui dispose des codes de tir nucléaire et peut déclencher la mise à feu, sur ordre du chef de l’Etat qui est le chef des armées et le président du Conseil de défense et de sécurité nationale, où que soit le "monarque nucléaire", Saint-Martin ou ailleurs, depuis le PC "Jupiter" de l'Elysée livré à "une indéniable incurie"]. 

Plutôt donc le désordre et l'approximation que la rigueur. Est-ce consolant?
Peut-être n'aurais-je pas dû être aussi surpris par ces maladresses et négligences puisqu'il suffit de considérer les grandes entreprises et les personnalités qui les dirigent, plus généralement les institutions et les services publics de notre pays, pour être au fait malheureusement d'un défaut d'exemplarité aussi bien dans le fond des actions que, le plus souvent, dans leur forme.
On aurait pu imaginer que l'Elysée échapperait à ces dérives trop régulières pour ne pas être consubstantielles à un monde pour lequel l'exemplarité est moins une aspiration, un désir qu'une indifférence. Il y aurait une hiérarchie des tâches entre les essentielles et les dérisoires alors qu'il n'y a pas de domaine réservé où l'exemplarité serait obligatoire et d'autres non. Elle doit être indivisible et ne se découpe pas selon le bon loisir.

Je ne voudrais pas qu'à force, alors qu'on annonce Benjamin Griveaux comme le rival probable d'Anne Hidalgo pour la Mairie de Paris [où il disposerait d'une police municipale sous ses ordres], il perde tout crédit pour cette lutte municipale à venir.
Il devrait parfois se taire. [Qu'il parle plutôt ! Et que les électeurs votent en bonne connaissance de cause, leur évitant ainsi de faire entrer le désordre et l'approximation à Paris où règne le sectarisme et l'autoritarisme.
 
Ce billet a été initialement publié sur le blog de Philippe Bilger.

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