Un profiteur naturel, mais une administration gouvernementale négligente
La liste des souvenirs embarqués par Alexandre Benalla à son départ de l'Elysée s'allonge
Téléphone crypté arrivé en 2010,
Teorem est fabriqué par Thalès
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Il aurait dû être restitué à son départ. Le cabinet d'Emmanuel Macron avait aussi omis de lui demander de rendre... un autre passeport. On connaissait l'existence de deux passeports diplomatiques - émis respectivement le 20 septembre 2017 et le 24 mai 2018 - et que le Quai d'Orsay de Jean-Yves Le Drian a déclaré lui avoir réclamés le 26 juillet. D'une part, le ministère des Affaires étrangères a laissé courir en ne s'assurant pas de leur restitution effective mais d'autre part, il pourrait maintenant s'agir d'un troisième passeport qui aurait pu également avoir été exploité dans d'éventuelles "missions personnelles et privées" en France et à l'étranger aussi bien après qu'alors qu'il était encore un proche du chef de l'Etat.
Ces passeports lui ont-ils permis de faire des affaires ? Un voyage d'Alexandre Benalla au Tchad début décembre, trois semaines avant celui d'Emmanuel Macron le week-end dernier, pose ainsi de nombreuses questions sur les activités de l'ex-chargé de mission qui a rencontré pendant deux heures le président tchadien Idriss Déby. Alexandre Benalla a certifié qu'il s'agissait d'un voyage d'affaires avec de "grands patrons du Moyen-Orient" et fait savoir qu'il s'agissait de relations datant d'avant 2012, avant de travailler pour Macron. Pourtant, dès son arrivée au Tchad, l'Elysée démentait déjà auprès des journalistes tout lien avec le voyage de Alexandre Benalla qui n'a averti l'Elysée de son déplacement qu'a posteriori. Mais sa duplicité a suffisamment préoccupé le chef de l'Etat pour qu'il en parle avec son homologue tchadien dès son arrivée à l'aéroport de N'Djamena, comme l'a indiqué le journal Le Monde. Macron a dû en effet préciser à Idriss Déby qu'Alexandre Benalla n'est pas un "émissaire" de l'Elysée, comme l'a souligné dès mercredi la présidence.
Alors directeur de cabinet d'Emmanuel Macron et retraité depuis octobre 2018, Patrick Strzoda a en effet oublié de réclamer la restitution d'un passeport de service délivré le 28 juin 2018 à l'ex-chargé de mission de l'Elysée limogé en juillet, selon des informations du "Canard enchaîné" du mercredi 16 janvier. Et, en dépit des engagements qu'il avait pris, Benalla a pris la liberté de les conserver en sa possession, confirme le quai.
Et ce n'est pas tout...
Benalla a aussi pu conserver un téléphone Teorem, appareil classé secret-défense
Utilisé par le président de la République et ses interlocuteurs hauts placés à l'Elysée..., il est censé être restitué par son utilisateur lorsqu'il quitte ses fonctions. Le conserver, c'est s'exposer à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende, précise l'hebdomadaire anarchiste.
Selon le Canard, le 11 janvier, l'avocate d'Alexandre Benalla aurait proposé de restituer ce téléphone à 2.500 euros et aurait déposé le passeport au ministère de l'Intérieur.
Le Sénat se ressaisit du dossier
Alexandre Benalla, mis en examen pour violence en réunion lors de la manifestation du 1er mai 2018, est aussi au cœur d'une enquête parlementaire pour l'utilisation de passeports diplomatiques après son licenciement. Mediapart avait en effet révélé qu'il effectuait des voyages d'affaires auprès de dirigeants africains avec ces passeports, finalement restitués le 9 janvier.
Patrick Strzoda et les ministres de l'Intérieur Christophe Castaner et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian seront entendus par la commission des lois du Sénat le 16 janvier.
Egalement mis en examen pour les violences du 1er-Mai, suivront ensuite les auditions, lundi 21 janvier, d'Alexandre Benalla et de son acolyte Vincent Crase, un ex-employé du parti présidentiel LREM et chef d'escadron dans la réserve opérationnelle de la gendarmerie, comme Sébastien Lecornu, chargé des Collectivités territoriales auprès de Jacqueline Gourault la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations dans le gouvernement Philippe.
Le futur ministre a commandé entre 2010 et 2013 les premiers pas du futur chef de la sécurité de Macron, Benalla, lequel a commencé sa carrière de gendarme de réserve dans l’Eure, sous l’autorité d’un commandant de peloton nommé Sébastien Lecornu, alors membre du cabinet du ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire. En 2013, quand Bruno Le Maire se lança, contre Sarkozy, dans la campagne pour la présidence de l’UMP, la propre mère d’Alexandre Benalla comptait parmi les soutiens du futur ministre de l’Economie.
Aujourd'hui, Macron a ouvert le 'grand débat national' co-animé par Sébastien Lecornu, en réponse au mouvement social incarné par les Gilets jaunes en se rendant dans dans l'Eure, dont le président du conseil départemental fut ...Lecornu, à Grand Bourgtheroulde, village dont le maire fut jusqu'en 2017 un ex-PRG, ex-PS et actuel député, vice-président du groupe La République en marche (LREM), chargé des relations institutionnelles et avec les territoires, Bruno Questel, en fait, membre du Mouvement radical, social et libéral, issu en 2017 de la fusion du Parti radical et du Parti radical de gauche.
L'affaire Benalla se poursuit aussi sur le terrain judiciaire.
Outre l'enquête ouverte cet été sur les violences du 1er mai, le Parquet a ouvert le 29 décembre une seconde enquête, cette fois sur les passeports diplomatiques, pour "abus de confiance" et "usage sans droit d'un document justificatif d'une qualité professionnelle".
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