Hollande veut dépouiller Marine Le Pen de ses électeurs

Hollande revendique "une part" de l'électorat FN qui "vient de la gauche"






Saturne dévorant ses enfants (F. Goya)

L'hégémonique socialiste François Hollande estime dans un long entretien publié mardi dans Libération que l'électorat de Marine le Pen lui appartient.

Arrivé  en tête du premier tour de la présidentielle, avec seulement un point et demi d'avance, il tente désormais de "convaincre" l'électorat du Front national, "dont une part vient de la gauche", selon lui.

Interrogé sur la campagne qu'il va mener d'ici le second tour, F. Hollande détaille une stratégie en trois points:

"D'abord, il faut mobiliser les électeurs qui ne sont pas venus voter", estime-t-il. La participation a pourtant dépassé 80% (80,3%)

"Deuxièmement, il faut parler à tous les républicains sincères qui ont à coeur l'intérêt de la France", ajoute-t-il.

Les Frontistes seront heureux d'apprendre qu'ils sont désormais fréquentables

En gonflant la menace,
Le pro-Hollande Libération
faisait peur aux Français

Hollande ignorait Mélenchon et méprisait Marine Le Pen

Hollande se livre à un hommage appuyé mais tardif au leader du Front de gauche "Le vote Mélenchon, c'est un vote de transformation, de contestation, de colère, presque de manifestation dans tous les sens du terme", dit-il, assurant qu' il "a su avec talent incarner cette aspiration".

Et bien qu'il le tienne toujours hors de la catégorie précédente des "républicains sincères", Hollande connaît "enfin, ...l'électorat de Le Pen" [courtois !], dont il estime qu' "une part vient de la gauche et devrait se retrouver du côté du progrès, de l'égalité, du changement, de l'effort partagé, de la justice, parce qu'il est contre les privilèges, contre la mondialisation financière, contre une Europe défaillante". 

L'électorat lepéniste ne "salit" plus le PS

"A moi de les convaincre que c'est la gauche qui les défend", conclut-il.
"C'est ma responsabilité de m'adresser tout de suite à ces électeurs qui n'adhèrent pas forcément aux idées du FN, l'obsession de l'immigration en particulier, mais qui expriment, avant tout, une colère sociale", souligne le candidat socialiste.

Hollande tient pourtant  les électeurs de M. Le Pen pour des harkis

Il affirme en effet qu'il souhaite s'adresser "d'abord à l'électorat de gauche".

"L'erreur que je ne commettrai pas, c'est pour parler aux autres, d'oublier les nôtres", poursuit-il.

François Hollande veut également croire que "l'électorat écologiste va bien au delà du score d'Eva Joly", qui s'est vautré dans les escaliers du premier tour, recueillant royalement 2,26%...

Les 6 millions de citoyens de deuxième zone n'ont plus d'odeur

"Je suis socialiste, je suis le représentant de la gauche, mais je m'adresse à tous les Français, car je veux être le président du rassemblement", résume l'effronté racoleur. En recueillant dimanche 17,9% des voix, Marine Le Pen est devenue l'arbitre de la présidentielle et son électorat attise la convoitise de François Hollande pour le second tour.

Les frontistes ne donnent plus de hauts-le-coeur à l'avide député de Corrèze  

Il ne fait plus la fine bouche mais nous donne la nausée:  il s'est en effet  immédiatement ouvert lundi le "braconnage" dans le "vivier" frontiste. Sans états d'âme !

Martine Aubry (en sur-poids?) est prête à partager sa piscine avec Marine Le Pen...

Dès le 23 au matin sur RTL, la maire de Lille eut le front de lancer :

"Pour dire la vérité, le score du Front national ne m'a pas surprise. Il a été alimenté par la crise, par les promesses non tenues, par la faillite morale. J'en connais beaucoup, des gens qui ont voté FN, ce sont des gens qui ont la sensation d'avoir été mis sur le côté. C'est à eux que je m'adresse, à tous ceux qui pensent que la politique ne vaut plus rien pour eux. A eux, comme à ceux qui se sont abstenus, je dis : il y a un autre chemin possible, c'est celui de François Hollande."

Les socialistes ravalent leurs insultes passées

Dans l'été 2011, Harlem Désir s'était livré à une comparaison qu'il voulait insultante

Après avoir parlé d’ "une droite rance",  Désir H., alors premier secrétaire du PS par intérim en campagne des interminables primaires socialistes, appela  à la fin de " cette dérive qui fait passer Claude Guéant (ministre de l'Intérieur) de grand commis de l'Etat à triste copie de Bruno Gollnisch ", responsable du Front national qui avait brigué  la présidence du parti d'extrême droite en janvier et se tient aujourd'hui au côté de Marine Le Pen.

Et en janvier 2012, le PS dégaina sa cellule anti-FN pour contrer Marine Le Pen

Installée rue de Solferino. la première secrétaire, Martine Aubry, en a confié la responsabilité à l'un de ses conseillers, Alain Bergounioux. 

" L'objectif est double : élaborer une contre-argumentation et démystifier l'extrême droite ", explique Bergounioux. Les discours et le programme de [Marine] Le Pen vont faire l'objet d'un " suivi à la loupe afin de mieux armer les militants dans la campagne ".

Une brochure devrait être publiée dans " quinze jours à trois semaines ". Certaines personnalités, comme l'essayiste Caroline Fourest, seront auditionnées et une vingtaine de responsables socialistes composeront cette cellule, à laquelle collaborera Harlem Désir, numéro deux du PS.

Entretien du journal Le Parisien avec Harlem Désir, le 10.01.2012

Y a-t-il urgence pour le PS à hausser le ton face à Marine Le Pen?  

Désir H. "Oui. Le Front national est l'autre adversaire des socialistes, car c'est un ennemi de la République. Il est donc essentiel de déconstruire son discours et de riposter. Le PS y travaille. Marine Le Pen se prétend respectable, mais elle n'est ni laïque ni sociale. J'appelle la France populaire à ne pas se laisser abuser par ses mensonges. Le Pen est un danger. Elle propose d'augmenter les petits salaires de 200 € net. Pas Hollande… Supercherie!

Marine Le Pen ne s'intéresse qu'aux bulletins de vote des milieux populaires, mais pas à leurs bulletins de paye.

Son programme, c'est la discrimination raciste, dans l'accès aux droits sociaux notamment, et un suicide économique pour la France.

Pensez-vous que le FN puisse être au second tour ? 

Il y a toujours un risque. D'autant que la droite, ces dernières années, a rompu le cordon sanitaire avec l'extrême droite en braconnant sur ses terres. Aujourd'hui, l'urgence est de rétablir ce cordon sanitaire. Ceux qui veulent le changement doivent choisir le camp du progrès social plutôt que celui de la haine et de la régression."

Les électeurs frontistes "de la haine et de la régression" en redemandent-ils avant de se donner à  Désir et François H. ?