Des membres de la communauté LGBT+ dénoncent le vote "homophobes" parmi de députés européens
Des eurodéputés exposés à la rumeur initiée par le lobby LGBTI
En janvier 2017, la place qu'occupent les "thérapies de conversion" en France était un sujet abordé par Libération, suite à leur interdiction à Malte. Deux journalistes y interrogeaient plusieurs représentants des mouvements militants LGBTI, qui s'accordaient pour dire que ces "thérapies", censées remettre les homosexuels dans le bon sens, n'occupent qu'une place marginale en France. Louis-Georges Tin, auteur du du Dictionnaire de l’homophobie (Presses universitaires de France, 2003) les comptait sur une main : "En France, il y a cinq ou six groupes qui pratiquent des 'thérapies' de conversion", tandis que Frédéric Hay, président de l’association d’Aide et de défense homosexuelle pour l’égalité des orientations sexuelles (Adhéos), assurait que leur présence était "plutôt contenue" dans l'Hexagone et dépit de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) qui exerce une surveillance, même si elles n'étaient pas interdites par la loi. Sur la question d'une législation, Libération notait déjà qu'un débat fracture militants LGBT pour savoir si légiférer ne risque pas de donner trop d'écho, voire à légitimer un phénomène sectaire.
La tendances agressive a visiblement pris le sujet à bras le corps, sans se couvrir.
Depuis début janvier, une pétition, signée par plus de 26.000 personnes, demande que le gouvernement agisse. Motivé par le précédent maltais, l’auteur de la pétition, Aurélien Heiligenstein, sollicité par Libération, pointe l’urgence de la situation. "Il faut établir une loi qui stipule explicitement l’interdiction pure et simple de ces thérapies en France et apporte une réponse pénale aux "thérapeutes" qui les pratiquent", plaide le jeune homme qui se présente comme un adhérent d’Amnesty International à Mulhouse.
Même son de cloche du côté d’Adhéos qui devait poser le sujet sur la table de la prochaine réunion de la Fédération LGBT en février. "En Europe, c’est une revendication récente, défend ainsi Frédéric Hay. Malte a ouvert la voie. Petit à petit, le mouvement LGBT prend conscience de la nécessité d’une telle évolution législative puisque des vies humaines sont en jeu. Le sujet-même nous oblige à agir."
Cette démarche est diabolisée par le lobby LGBT |
Une infographie dénonce 29 eurodéputés français, avec photos 'anthropométrique' à l'appui...
Plusieurs auraient changé leur vote après avoir voté en faveur de l’interdiction de ces méthodes destinées à faire changer d’orientation sexuelle.
Le Parlement européen a voté, le 1er mars, un texte appelant les Etats membres à interdire les thérapies de conversion, c’est-à-dire les pratiques visant à "soigner" l’homosexualité. Avec 435 votes en faveur de la motion, 109 contre et 70 abstentions, le texte a été adopté largement, bien qu’il ne soit pas contraignant.
Une 'thérapie de conversion', parfois appelée 'thérapie de réorientation sexuelle' ou bien encore 'thérapie réparatrice' par ses partisans, est un ensemble de traitements d'origines diverses utilisés dans le but controversé de tenter de changer l'orientation sexuelle d'une personne de l'homosexualité à l'hétérosexualité.
Certains eurodéputés français sont pointés pour s'être opposés à la motion
Des membres de la communauté LGBT+ dénoncent depuis le vote d' " homophobes" parmi les députés européens. 34 eurodéputés français se sont opposés à la motion, assure une infographie diffusée sur Internet. Cette information est une 'fake news', donc non seulement une manipulation politique, mais une désinformation du milieu homosexuel et lesbien que LGBT+ est supposé défendre
🏳️🌈🇪🇺🇫🇷 Thérapies de conversion : Voici donc les 34 députés européens français irresponsables qui ont osé voter contre ou s'abstenir.— Nicolas (@NicoHikona) 4 mars 2018
Avec, sans surprise, majoritairement des @FN_officiel, @_LesPatriotes et @lesRepublicains dans cette ignominie 😷😷.
#ShameOnYou pic.twitter.com/IZLhDodyuh
Or, 6 députés ont changé leur vote. 
Si 34 députés ont effectivement voté contre la motion dans un premier temps, 6 d’entre eux ont changé leur vote a posteriori. L’infographie ne tient en effet pas compte des corrections qui peuvent être émises dans les jours suivant un vote au Parlement européen.
Les eurodéputés Michèle Alliot-Marie et Geoffroy Didier (Les Républicains), Florian Philippot, Mireille d’Ornano et Sophie Montel (Les Patriotes), ainsi que Tokia Saïfi (Agir, la droite constructive) ont demandé la correction de leur vote, pour se prononcer contre les thérapies de conversion.
Alors qu’il avait voté en faveur de la motion, Brice Hortefeux, ex-ministre de l'Intérieur, a choisi de se rétracter, rejoignant le camp opposé à la motion lors de la correction de son vote.
Tous les représentants des Patriotes (extrême droite), et d’Agir, accusés d’être opposés à l’interdiction, ont donc en réalité voté en faveur de la motion.
Le journal Le Monde n'a pas hésité à publier la liste complète, laquelle ne prend pas en compte les changements de vote :
Les 29 eurodéputés qui ont voté contre l’interdiction des thérapies de conversion sont donc les suivants :
Ont voté contre,
17 Front National (ENL) : Marie-Christine Arnautu, Nicolas Bay, Joëlle Bergeron, Dominique Bilde, Marie-Christine Boutonnet, Jacques Colombier, Bruno Gollnisch, Sylvie Goddyn, Jean-François Jalkh, Gilles Lebreton, Christelle Lechevalier, Philippe Loiseau, Dominique Martin, Bernard Monot, Joëlle Mélin, Jean-Luc Schaffhauser et Mylène Troszczynski.
Se sont abstenus
2 centristes : Anne Sander, Dominique Riquet (Union des démocrates et indépendants ADLE),
et 10 Les Républicains : Alain Cadec, Arnaud Danjean, Rachida Dati, Angélique Delahaye, Françoise Grossetête, Brice Hortefeux, Alain Lamassoure (ex-LR), Nadine Morano, Franck Proust, Anne Sander ().
En fait, les 3 députés non inscrits n’appartiennent à aucune formation politique au Parlement européen. Ces non inscrits français sont Aymeric Chauprade (ex-FN), Bruno Gollnisch et Jean-Marie Le Pen.
Les thérapies de conversion seraient souvent employées sur des adolescents homosexuels ou transgenres, contre leur gré
'Thérapie de l'aversion' politique pratiquée par Schiappa |
Le milieu homosexuel chiffre à 700.000 les Américains majeurs âgés de 18 à 59 ans qui auraient été soumis à ces procédures, communes aux Etats-Unis, selon une récente étude de The Williams Institute.
Avec ce vote, le Parlement européen emboîte le pas à l’Organisation des nations unies. L'ONU s’était déjà prononcée contre les thérapies de conversion en 2015, les qualifiant de "violentes" et "abusives".
En France, ces pratiques sont encore légales, bien que rares. Dans l’Union européenne, les thérapies de conversion ne sont illégales qu’à Malte et dans certaines régions autonomes espagnoles (Madrid et Valence).
Le Brésil est le premier pays à les avoir bannies en 1999, mais le débat sur leur légalité a repris en 2017. Hormis ceux-là, seuls la Suisse, Taïwan et neuf Etats américains ont interdit ces procédures médicales visant à changer l’orientation sexuelle d’une personne.
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