Usine de Blanquefort : 910 ouvriers menacés en 2019
Voyez les "quelques centaines" de manifestants, selon le service public |
Un millier de personnes proches des salariés de l'usine Ford de Blanquefort a manifesté à Bordeaux vendredi avant une réunion sur l'avenir du site à la préfecture. La photo ci-dessus jette un doute sur cette estimation du nombre de participants.
"Quelques centaines d'ouvriers avaient marcher_ensemble jusqu'à la préfecture" (sic), où l'avenir de leur usine se jouait. Jusqu'à ce que le communiqué de la direction tombe : "Les projections actuelles de volumes de production sont saines jusqu'en 2019. Ce qui devrait permettre la poursuite de l'activité et des emplois associés [...]. Nous ne voyons aucune opportunité de production Ford à plus long terme."
Les salariés de l'usine Ford à Blanquefort (Gironde) - ou plutôt le syndicat dominant - a lancé une mobilisation générale des salariés après l'annonce du géant américain de l'automobile de suspendre ses investissements sur le site, après 2019. Ils ont organisé cette journée "usine morte" après l'annonce il y a dix jours d'un gel des investissements sur ce site FAI (Ford Aquitaine Industries), l'un des employeurs emblématiques de l'agglomération bordelaise, où Ford est présent depuis 1972. Mais l'usine qui produit des boîtes de transmission et qui compte quelque 910 salariés, tourne déjà au ralenti, selon les syndicats, depuis l'annonce le 27 février. "Notre avenir passera par Ford".
La direction de Ford ne varie pas
Comme il y a une dizaine de jours, elle ne souhaite pas conserver le site de Blanquefort, au-delà de 2019. "Ford ne bouge pas de sa position. On va vers un désengagement et l'on sent bien qu'ils ont envie de partir, même le plus vite possible", a commenté Philippe Poutou. Mais, pour toucher 15 millions d'euros d'aide publique, l'entreprise ne pouvait pas licencier avant mai 2018.
Le président de Bordeaux Métropole Alain Juppé a d'ailleurs rappelé que Ford a signé une convention en échange de ces aides publiques, convention qui arrive à échéance en ce début d'année... En février, il a demandé une réunion avec le ministre de l'Economie Bruno Le Maire pour trouver une solution de reprise de l'activité et de ses salariés.
"Nous nous sommes tous mobilisés : la région, la métropole, l’Etat"
Alain Juppé a rappelé que sont mobilisés "la région, la métropole, l’Etat, l’ensemble des collectivités, pour défendre ce site, y compris en investissant des fonds publics pour aider l’entreprise à se moderniser. Aujourd’hui, nous prenons acte de cette décision avec un grand regret et je comprends la réaction des salariés et de leurs organisations."
Le Conseil régional pour sa part indique qu’il "s’est notamment engagé ces tous derniers mois à proposer aux dirigeants de Ford des solutions de diversification dans le domaine du véhicule électrique auxquelles l’usine Ford aurait pu prendre toute sa part."
Recevant salariés et élus le 2 mars à Bercy, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, avait exprimé "la détermination totale de l'Etat, des élus locaux, des salariés à maintenir l'activité sur ce beau site de Blanquefort".
Auparavant, il avait demandé à Ford d'y "maintenir une charge de travail suffisante (...) jusqu'à fin 2019", pour permettre une recherche optimale de nouvelles activités pour l'usine, "au sein du groupe Ford ou en lien avec des partenaires externes".
Se félicitant jusqu'ici de la solidarité affichée par les pouvoirs publics, les syndicats, qui attendent de la réunion de suivi "que la pression commence véritablement à s'exercer pour faire changer Ford d'avis" sur sa décision de désinvestissement, a indiqué Vincent Alauze, délégué CGT.
Une "task force" déjà mandatée pour la recherche d'un repreneur
Dans une annonce interne à Blanquefort la semaine dernière, Ford-Europe indiquait avoir déjà mandaté une "task force" pour "soutenir le processus consistant à rechercher des tiers intéressés par le site" et affirmait que "des tiers nous ont déjà approchés".
Ford avait déjà cédé le site de Blanquefort en 2009, à l'Allemand HZ holding, avant de le reprendre en 2011 puis, sous la pression des syndicats et des pouvoirs publics sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, de s'engager en 2013 au maintien de 1.000 emplois jusqu'en mi-2018, sur cinq ans, garantie conditionnée au versement d'aides publiques.
Présent vendredi avec les manifestants, comme Philippe Poutou, Gilles Lambersend, secrétaire CGT du comité entreprise de FAI, exige du constructeur américain qu'il revoit sa position. "Un repreneur, c'est inconcevable. Notre avenir passera par Ford. Ford fait des milliards de profits. Il n'y aucune raison qu'elle reste sur cette position de désengagement", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Ce qui nous conforte, c'est qu'il y a cette réaction des pouvoirs publics qui, après avoir donné autant d'argent se sentent trahis".
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