Le général s'engage avec Macron en février, se désengage en mars et passe à l'offensive en juillet
"On ne peut pas lutter contre le terrorisme en diminuant de 850 millions le budget des Armées" (Bertrand Soubelet)
La déclaration de politique générale d'Edouard Philippe a fait sourciller nombre de Français. Le Premier ministre annonçait fonder l'action du gouvernement sur une méthode préconisée par le Président de la République dont le premier point consiste à dire la vérité.
Les Français ont montré en mai qu'ils y aspiraient, mais la présentation en juillet de certains grands chantiers n'a pas tardé à faire surgir des inquiétudes.
A la demande des élus de la République, le général Soubelet expliqua les carences et les défis auxquels nous devons faire face. "Cette vérité, détaillée dans un livre, m'a coûté cher : Tout ce qu'il ne faut pas dire a provoqué mon exclusion de cette institution qui était ma vie." Valls, ministre de l'Intérieur, le limogea... Le 25 avril 2016, l'ancien Premier ministre Alain Juppé déclara, le concernant, qu'"un militaire, c'est comme un ministre : ça ferme sa gueule ou ça s'en va". (En février 2016, le général Piquemal a été interpellé par la police à Calais après s'être exprimé lors d'une manifestation contre les migrants et l'« islamisation de l'Europe".)
Le Saint-Cyrien B. Soubelet fut un temps macronien, ayant « besoin de croire qu'une nouvelle façon de faire de la politique était en train de naître », et candidat aux élections législatives de 2017 dans les Hauts-de-Seine.
Aujourd'hui, le pouvoir macronien confond autoritarisme et autorité et sanctionne ses serviteurs. Ainsi, Pierre de Villiers, le chef d'état major des Armées, est-il en attente de la décision de son exclusion par Jupiter pour avoir défendu les intérêts - et la sécurité - de ses hommes, menacés par des coupes budgétaires. Cf. PaSiDupes :
lien 1 : "L'Etat, c'est moi !" : Macron confond fermeté et autoritarisme
- lien2 : Le chef d'état major des Armées dénonce la "confiance aveugle" envers les supérieurs...
Ainsi, pour Bertrand Soubelet, général de corps d'armée, ex-numéro trois de la gendarmerie nationale, la politique générale définie par le Premier ministre a vraiment de quoi inquiéter les Français. Sur les questions du terrorisme, des fractures françaises et de la partition du territoire, les orientations du nouveau gouvernement ne sont pas à la hauteur.
Les revirements de l'exécutif inquiètent le pays.
Deux des mesures phares, la disparition de la taxe d'habitation et la réforme de l'ISF, ne figuraient plus dans les priorités du début de quinquennat. Le Président vient d'annoncer in extremis que ces deux chantiers débuteraient quand même en 2018. Or, de la cohérence et une nécessaire continuité sont capitales pour conduire les affaires publiques et les annonces ne peuvent pas être contredites à quelques jours d'intervalle. Désormais, les décideurs sont fondés à s'interroger sur la fiabilité de toutes les autres annonces de cette déclaration devant la représentation nationale.
Si, en quelques jours, le pouvoir est capable de tout dire et son contraire, on peut déjà considérer que cette déclaration a perdu tout son sens et son porteur, sa crédibilité. On attend des responsables publics davantage de recul et de la constance dans la mise en œuvre des décisions annoncées. De tels comportements, révélateurs d'une impréparation déjà dommageable pendant le précédent quinquennat, ne sont pas à la hauteur des enjeux de notre pays et des attentes des Français.
Cette déclaration laisse en outre deux sujets importants pour notre pays en friche
En premier lieu, la question de notre système de santé. Le gouvernement envisage de multiples projets pour améliorer l'efficacité et le service aux patients. Parfait ! Mais une telle mise en œuvre supposerait que tout notre système soit consolidé, en particulier sur le plan financier. Quand maîtriserons-nous les dépenses de santé? Quand les comptes de la sécurité sociale retrouveront-ils l'équilibre?
A propos de la sécurité sociale, le chef du gouvernement souhaite la traiter comme un "véritable patrimoine en l'entretenant en la préservant et en la rénovant". Chacun apprécie cette approche littéraire : de la bonne vieille langue de bois qui ne renouvelle rien.
Quelles mesures Macron compte-t-il prendre pour éviter ce gouffre financier à ciel ouvert permanent qui impacte le pouvoir d'achat des Français et qui aggrave notre dette? Cette année, ce seront 8 milliards d'euros qui manqueront pour équilibrer les comptes de la sécurité sociale, soit quasiment le budget du Ministère de la Justice...
La ministre de la Santé de Hollande, Marisol Touraine, n'a-t-elle pas promis qu'en 2017 le"trou de la Sécu' aura disparu"? Le déficit du régime général de la Sécurité sociale sera de 400 millions d'euros en 2017, contre 3,4 milliards en 2016, avait-elle raconté. "Pour un budget de 500 milliards, c'est l'épaisseur du trait", avait-t-elle certifié dans un entretien avec Les Echos (LVMH).
Aucune proposition concrète ne vient crédibiliser cette priorité affichée du gouvernement, alors même que la Cour des Comptes a déjà pourtant fait la proposition d'un certain nombre de solutions. Mais l'exécutif, qui devait bouleverser ses habitudes, continuerait-il de souffrir dans son ego de s'appuyer sur les institutions sérieuses de notre pays?
Un deuxième thème est essentiel à l'harmonie du pays, celui de la sécurité.
Au-delà des sempiternels hommages démagogiques aux forces de sécurité, aux armées, aux services de secours, et à leurs victimes, aucune annonce de mesures profondes n'a encore été faite: le pouvoir campe sur du flou et du strict minimum en matière de lutte contre le terrorisme. On devait voir ce qu'on allait voir...
Le chef du gouvernement assure qu'il va donner les moyens à ceux qui défendent la société, mais "en même temps" il leur coupe les vivres : son administration a déjà annoncé 400 millions d'euros de gels de crédits à la gendarmerie et à la police nationales et Bercy a indiqué le 11 juillet une diminution de 850 millions d'euros pour les Armées. Cette duplicité est insupportable.
https://t.co/3QGEOP2KSV— treguer (@ChouchouTreger) 29 mars 2017
Pourquoi le #GeneralSoubelet fut viré par #Valls et #Ledrian
Constat accablant #Justice et #Insécurité
Ex-#macron
Quelle sécurité le président m'as-tu-vu garantit-il?
Les 10 millions de Français qui vivent dans des zones où la légalité républicaine n'est plus complètement respectée, où les forces de sécurité et les services de secours sont agressés, ont besoin de savoir quel sort leur réserve Jupiter.
Pendant que le souverain républicain se pavane avec les grands de ce monde et s'exhibe dans tous les lieux de commémoration pompeuse, tous ces citoyens défavorisés attendent de pouvoir vivre normalement dans ces quartiers où une minorité développe une économie souterraine juteuse. Des dizaines de milliers de jeunes s'y sentent marginalisés et sont la proie d'idéologies qui les conduisent au pire.
Des décisions assorties de moyens sont nécessaires pour redonner à ces millions de Français en souffrance un espoir de pouvoir bénéficier de toutes les libertés républicaines dont ils sont privés depuis trop longtemps par le manque de courage des responsables politiques, et parfois le fonctionnement erratique de notre administration. S'ils ont écouté le premier ministre, ils ont entendu que Philippe n'a pas eu un mot pour eux et l'équilibre de notre société. Ce silence coupable trahit le désir affiché d'obtenir des "résultats concrets le plus rapidement possible". Il faut arrêter de demander du courage aux Français alors que l'État fait preuve de faiblesse sur tous ces sujets fondamentaux.
Le général interpelle le pouvoir sur bien d'autres questions pendantes
"Ce gouvernement envisage-t-il de mettre en œuvre les décisions prises par l'État, confirmées par les citoyens?"
Il pointe quelques pistes, comme l'affaire de Notre Dame des Landes.
Quand une politique efficace mettra-t-elle un terme à la pratique trop répandue de la fraude dans notre pays?
Il est largement temps de redonner à la France ce visage de bienveillance mais de fermeté et de fidélité à nos valeurs.
Malheureusement, ces premières annonces déjà démenties sont les prémisses d'une politique qui ne rendra pas aux Français leur confiance en eux, cette fierté et cet esprit conquérant dont le Premier Ministre a émaillé la fin de son propos.
Etre conquérant n'est pas une affaire de paroles, mais d'actes.
Or, la parole du chef gouvernement est déjà bien dévaluée, estime le général qui incrimine une déclaration de politique générale rendue caduque par cette infidélité au programme du candidat. "Il a pris un bien grand risque", prédisant que "la déception du pays tout entier sera à la hauteur des espoirs que le Président de la République a fait naître."
Et de terminer sur une note d'espoir : "il n'est jamais trop tard pour poser des actes courageux."
Ma foi ! Il n'est jamais trop tôt non plus...
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