Le gouvernement Valls trahit sa peur
Voies SNCF coupées, voitures en feu, saccages... Moirans a été le théâtre de violents incidents ce mardi. Un refus de permission de sortie pour assister aux obsèques d'un proche, mercredi, a provoqué une riposte par la violence. Une mutinerie a également éclaté dans une prison à 100 km de là.
Les forces de l'ordre déployées ont mis plusieurs heures pour rétablir un calme apparent à Moirans,après ces violents incidents du mardi 20. Les gens du voyage sédentarisés dans cette ville de l'Isère, où se côtoient également les communautés maghrébine et turque, ont provoqué de très violents incidents dans l'après-midi et jusqu'en début de soirée.
Ils demandaient la sortie de prison de deux d'entre eux qui est le frère du défunt, tué, samedi, dans un accident de la route après un cambriolage.
Leur BMW, qui aurait été dérobé, a quitté la chaussée avant de percuter un arbre. Trois hommes, dont certains étaient cagoulés et gantés, se sont tués dans l'accident de la route dans la nuit de vendredi à samedi à Saint-Joseph-de-Rivière en Isère, a révélé le Parquet de Grenoble. Un quatrième occupant est grièvement blessé, indique le quotidien Le Dauphiné Libéré.
Des outils pouvant servir à commettre des cambriolages ont par ailleurs été découverts dans le véhicule.
Pour l'heure, le Parquet de Grenoble n'est pas en mesure de dire si les victimes étaient déjà connues des services de police.
Les représentants des gens du voyage n'ont pas obtenu l'autorisation classique d'une heure des détenus d'assister aux obsèques. "La justice semble refuser d'accéder à leur demande", selon la mairie de cette petite ville. Le Parquet a d'ailleurs confirmé que le juge n'entend pas revenir sur sa décision.
Peu après 16 heures, un groupe d'une trentaine de personnes a neutralisé la circulation sur la route départementale 1085, en mettant le feu à plusieurs véhicules. "Ils ont brûlé des palettes et des carcasses de voitures sur la chaussée", selon la préfecture qui a dû mettre en place des déviations pour rejoindre les axes vers Lyon et Grenoble. Le trafic était "en cours de rétablissement" dans la soirée.
Une centaine de personnes armées de barres de fer ont également bloqué la gare de Moirans, saccagé le restaurant attenant et brûlé des voitures sur les voies SNCF, provoquant des retards importants et l'interruption de la circulation des trains sur les axes Grenoble-Lyon et Grenoble-Valence, a confirmé la SNCF. 218 passagers devaient être évacués, a précisé la préfecture de l'Isère.
Sur BFM TV, la mère du détenu a expliqué qu'elle a tout fait pour lui obtenir une permission de sortie, depuis le décès de son second fils. "Je n'ai pas demandé que mon fils sorte comme ça. J'ai demandé qu'il sorte avec une escorte, même avec des boulets aux pieds s'il fallait, des menottes aux mains", raconte Adèle Vinterstein qui réfute les violences. Seules "des voitures ont été cassées, qui étaient déjà cassées, et des pneus. Il n'y a pas eu de blessés", soutient-elle. "Le but n'était pas d'en arriver là [...], mais c'était la seule solution pour qu'on m'entende", avoue-t-elle néanmoins.
Le gouvernement ne s'est montré que sur Twitter
En langue de bois, les services du premier ministre Manuel Valls ont dénoncé des "violences inadmissibles". "Une seule réponse: la fermeté et le rétablissement de l'ordre républicain."
Face aux violences inadmissibles commises à #Moirans, une seule réponse : la fermeté et le rétablissement de l'ordre républicain. MV
— Manuel Valls (@manuelvalls) 20 Octobre 2015
"De tels comportements n'ont pas leur place dans la République," a condamné de son côté le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a donné la consigne au préfet de l'Isère de "diriger les opérations avec fermeté".
C'est en revanche sur France 2 que la garde des Sceaux, Christiane Taubira, a jugé mercredi "intolérables" les saccages à Moirans (Isère) et la mutinerie à la prison d'Aiton (Savoie) et "insupportable" que l'on use de violences "pour contester une décision de justice".
Nous saurons à midi si le procureur juge également les faits aussi "intolérables et insupportables" ou s'il donne droit - sous la pression - à la violence communautaire... Interrogée sur le fond de la demande des détenus -dans l'attente de cette nouvelle décision de justice, la garde des Sceaux n'a pas souhaité se prononcer. "Je n'ai pas à y être favorable ou pas, c'est le juge qui décide à partir des éléments, des pièces qui sont à sa disposition. Il y a un appel qui a été interjeté et la décision sera prise en toute indépendance et hors de toute pression", a-t-elle soutenu.
"Nous sommes dans une démocratie et il n'y a pas de vie possible dans une démocratie quand une décision de justice est contestée dans la violence. On est dans un Etat de droit, quand on n'admet pas une décision de justice, on saisit la justice", a fait valoir la ministre de Hollande.
Dans un communiqué, la garde des Sceaux a également jugé "intolérable" que l'on mette en cause "de façon inacceptable l'indépendance et la sérénité avec lesquelles les décisions de justice doivent être rendues".
Cent vingt policiers et gendarmes et cent sapeurs-pompiers ont été mobilisés. Finalement, "à 20 heures", la situation était "sous contrôle" mais non réglée, d'après la préfecture qui a précisé qu'il n'y a eu "aucun blessé" et que les incendies ont été "éteints par les sapeurs-pompiers." Un dispositif de sécurité devait toutefois être maintenu pour la nuit, d'après le ministre de l'Intérieur.
Mutinerie au centre de détention d'Aiton
Au même moment, une mutinerie a éclaté dans la prison d'Aiton en Savoie, à 100 kilomètres de là. "Cela a commencé vers 17h-17h30: une vingtaine de détenus ont refusé de réintégrer leurs cellules pour exprimer leur solidarité avec deux détenus -un frère et un cousin de la personne décédée - à qui on avait refusé une permission de sortie pour des funérailles", selon l'administration pénitentiaire. Ils ont mis le feu à leur coursive et détruit les serrures de leurs cellules, selon un syndicaliste.
Vers 19 heures, une équipe régionale d'intervention et de sécurité (Eris), venue de Lyon, est arrivée sur place. Les tensions sont alors rapidement retombées selon l'administration pénitentiaire. "Les détenus les plus impliqués seront transférés dans d'autres établissements", a annoncé le procureur d'Albertville, Jean-Pascal Violet.
L'avocat du membre de la communauté des gens du voyage en détention qui a déclenché la mutinerie a déposé une nouvelle permission de sortir "sous escorte", a indiqué le procureur d'Albertville. Le juge d'application des peines l'"examinera au plus tôt", a ajouté le procureur, lors d'une conférence de presse improvisée devant la prison.
Cette explosion de violence rappelle ce qui s'est passé en août dernier dans la Somme. Un groupe de gens du voyage avait bloqué l'autoroute A1 au péage de Roye pour faire pression sur la justice et obtenir que le fils d'une victime d'une fusillade qui avait fait quatre morts dans un camp soit libéré pour assister aux funérailles de son père abattu dans la fusillade de Roye.
Difficile de dire que la communauté des gens du voyage est intégrée, vit dans le respect des lois de la République et des comportements normaux. Ou alors, le reste des Français est anormal.
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