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mardi 7 mai 2013

Le Nouvel Observateur des fonds de culottes et caleçons de France

Le sexe 2.0, des séances de masturbation plutôt que de véritables rapports intimes


LE PLUS (pour les lecteurs du Nouvel Observateur)

"Il est fini le temps des poèmes et des sérénades sous le balcon. Aujourd'hui, le sexe se veut virtuel et sans chichi, grâce aux webcams et messages instantanés. Selon une étude Ifop, 29% des personnes interrogées ont déjà reçu des vidéos ou photos dénudées. Faire l'amour virtuellement oui, mais que reste-t-il à désirer ? Réponse de Michel Dorais, sociologue de la sexualité.

L’Ifop publiait récemment une étude sur la sexualité intitulée "Le sexe 2.0 – Enquête sur le sexe virtuel via les webcams et les nouvelles technologies". Ses conclusions annoncent une nouvelle révolution sexuelle. Comme toute révolution, elle porte néanmoins ses limites et ses contradictions.

L’étude nous apprend que plus du tiers des moins de 25 ans incluent dans leurs scénarios érotiques actuels ou anticipés des spectacles et des jeux sexuels impliquant l’internet et la webcam. Envoyer des photos ou des vidéos de soi nu, ou même être sollicité pour le faire, devient banal.
Les stars de l’univers érotico-porno n’ont qu’à bien se tenir ou, mieux encore, qu’à se faire passer pour d’authentiques amateurs, ces derniers occupant désormais les devants de la scène.

La nouvelle révolution sexuelle se veut expéditive

Rue69, c'est Rue89
c'est donc Le Nouvel Observateur

La révolution techno-sexuelle profite
à une certaine presse vertueuse


La révolution sexuelle "première vague", celle des années 1960-1970, reposait aussi sur des technologies nouvelles et des avancées scientifiques : par exemple, l’accessibilité de masse aux moyens contraceptifs. Politique, elle s’inscrivait toutefois dans le sillage de mouvements sociaux, tels que celui des femmes et celui des gays, et d’une contre-culture se promettant de changer le monde : "Faites l’amour, pas la guerre." La libération à la fois des corps et des esprits était son leitmotiv.

Comme je le suggère dans mon récent ouvrage "La sexualité spectacle",
la logique de la nouvelle révolution sexuelle serait plus expéditive : "Tout voir, tout montrer, si possible en gros plans et tout de suite."

Sur la vaste scène du web, la sexualité n’est plus un acte politique, mais un divertissement continu. Pour les plus enthousiastes, c’est un sport extrême, qui exige endurance et entraînement. L’idéal de la transparence de soi véhiculé par les réseaux sociaux ajoute une exigence : qui ne se livre pas corps et âme serait inauthentique.

Un jeu qui peut tourner au cauchemar

L’import-export d’images et de fantasmes de nature intime ou sexuelle est l’une des activités les plus pratiquées sur le web. Survenant après l’apparition du sida, le phénomène paraît sans risque puisque sans contact physique.

Or, l’autoroute de l’information n’est pas moins dangereuse
que l’autoroute automobile. Un jeune pour qui se dévêtir devant sa webcam semble être une imparable façon de se faire aimer ou désirer se méprend. Le plus confidentiel de soi pouvant en un clic être dévoilé à la planète, où tout le monde ne vous veut pas que du bien, ce qui était un jeu peut tourner au cauchemar.

Pour dire les choses telles qu’elles sont, les échanges de grivoiseries, de photos ou de vidéos explicites ressemblent souvent davantage à
des séances de masturbation, chacun de son côté, qu’à de véritables rapports intimes. L’internet et ses nouvelles technologies donnent l’impression d’un rapprochement mais maintiennent physiquement à distance.

Ni l’exhibitionnisme ni le voyeurisme ne sont d’efficaces remparts contre la solitude. De surcroît, cette intimité que l’on croit partager en s’exhibant au propre comme au figuré, ne rapetisse-t-elle pas du coup comme peau de chagrin ?

Si on donne tout à voir, que reste-t-il à désirer ?
Bien qu’il fût à la source de toute la littérature amoureuse et érotique, le mystère de l’Autre {admirons la majuscule au passage!] n’a plus la cote. La logique du "tout voir, tout montrer, tout de suite" fait en sorte que la séduction peut même apparaître comme une perte de temps. Aussi bien aller à l’essentiel ou du moins à ce qu’on croit l’être : l’excitation sexuelle. [Une "ae avancée" de ce type aurait été jusqu'ici réservée au peine-à-jouir]

Alors que les échanges coquins de photos ou de vidéos peuvent enrichir une relation établie, ils peuvent saper une relation naissante, en abandonnant aux orties le jardin secret indispensable à tout nouvel amour (quand c’est l’objectif recherché).

Notre rapport aux autres et à la sexualité, sinon nos scénarios sexuels sont en train d’évoluer. Faire l’amour avec/devant/via des machines ouvre de nouvelles perspectives. Caresser son ou sa partenaire à distance n’est plus une utopie : des petits appareils placés aux endroits appropriés permettent même de se toucher.
Zeus pour les garçons et Hera pour les filles:
il est plutôt conseillé de posséder les deux modèles. 

La paire coûte 170$ et, pour les plus gourmands, 
on peut en avoir deux pour 300 dollars. 
Les grands "amoureux" avec une grosse bourse 
peuvent aussi s’offrir la version Gold à 10 000$.
Ces orthèses permettent de simuler les contacts "amoureux" 
malgré l’éloignement géographique 
et de ressentir l’"étreinte" de l’autre (avec ou sans majuscule?):
que demande le peuple du Nouvel Obs ?

La révolution techno-sexuelle vise non pas tant à libérer les corps qu’à nous libérer des limites de nos corps. Toutefois, aujourd’hui comme hier, la sexualité est appelée non seulement à titiller nos sens mais à faire du sens. Ce surplus d’intensité, il nous appartient de le cultiver.


Il est dans la nature même du désir de jouer sur l’anticipation, donc sur la virtualité. Or, le plus grand paradoxe du sexe 2.0 c’est qu’il donne tout à voir ou à consommer et, par conséquent, peu à désirer. Que restera-il demain à cacher, à suggérer ou à montrer pour encore séduire ?"
Alors, séduits ?


Cet article vous est proposé par le socialiste Claude Perdriel,
dirigeant-propriétaire du groupe Nouvel Observateur 
(Le Nouvel Observateur, Sciences et Avenir, Challenges, Rue89) et industriel en sanibroyeur et employeur de Laurent Mouchard-Joffrin

1 commentaire:

  1. Ben... ça colle assez bien avec l'air du temps, tout, tout de suite même quand c'est pas possible naturellement, la location d'utérus sur internet et le délavage des genres, des envies, des réalités... à l'eau de javel tout ça c'est le passé, soyons modernes, neutres, décérébrés, froids, informatisés jusqu'au bout du gland...
    Côté sensualité c'est top une appli IPhone, et côté respect des individus (en prévention des viols collectifs des cités par exemple...) on est sur la bonne pente ! ils viennent juste d'inventer la poupée gonflable virtuelle en fait ?! Mais que les gens fassent ce qu'ils veulent, pourquoi vouloir toujours étiqueter, lancer des modes, créer des phénomènes sociaux... ? Ça gonfle...

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