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mercredi 20 mars 2013

Sauve qui peut au cabinet de Christiane Taubira

Les départs se succèdent Place Vendôme

Taubira fout le dawa au ministère de la Justice !


La garde des Sceaux a mis le Bronx et 
 trois proches collaborateurs ont déjà exercé leur droit de retrait: 
la conseillère des politiques pénales, puis le directeur et le chef de cabinet de la ministre de la justice, Christiane Taubira. C'est maintenant le conseiller diplomatique, la directrice des services judiciaires, le directeur des affaires civiles et du Sceau, ainsi que son adjointe  qui préparent aussi leur fuite. Le malheureux directeur adjoint de cabinet tient le ministère à bout de bras et attend la relève en comptant les heures. Simple conjonction, se rassure la ministre, encore nimbée de gloire depuis le débat à l'Assemblée sur le "mariage pour tous".

Mais le malaise est trop profond, car force est de constater qu'il est difficile de travailler avec  Christiane Taubira, susceptible, cyclothymique et hargneuse et que, après dix mois de travail, le bilan du ministère est particulièrement mince.


Valérie Sagant a ouvert la vanne en janvier 
La conseillère des politiques publiques, pénales et de la recherche-évaluation, unanimement appréciée, était la cheville ouvrière de la conférence de consensus sur la prévention de la récidive, le projet phare du ministère. Elle a effectivement quitté le cabinet pour des raisons personnelles, mais aussi à cause d'une vraie difficulté à travailler dans ce cabinet. Elle a demandé à rejoindre l'inspection des services judiciaires, et attend la décision du Conseil supérieur de la magistrature, comme Michel Debacq, le conseiller diplomatique, qui veut rejoindre la Cour de cassation.

Le poids lourd du cabinet était évidemment son directeur, Christian Vigouroux, nommé le 14 mars président de la section du rapport et des études au Conseil d'Etat et qui a quitté le ministère le lendemain. Il avait rejoint dès 1981 les ministères de l'urbanisme, puis des universités, avant de diriger en 1989 le cabinet de Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur, puis en 1997 celui d'Elisabeth Guigou, ministre de la Justice, n'a rien à apprendre des rouages de l'Etat. Il avait renoncé à la présidence de la section des travaux publics du Conseil d'Etat pour soutenir Christiane Taubira, à la condition d'avoir les mains libres. C'était mal connaître la nouvelle ministre, pour qui le cabinet n'est qu'un moyen, et parfois subalterne, de sa politique.

Pour la Guyanaise a placé son équipe

La ministre est arrivée avec cinq conseillers sur les quinze accordés, ce qui  a braqué le directeur dès le début. Il a obtenu très vite de muter Delphine Batho, éphémère ministre déléguée à la Justice de mai à juin 2012, qui prétendait elle aussi exister, mais a dû subir les conseillers de la ministre. Les relations étaient notamment tendues avec Jean-François Boutet, conseiller spécial et proche de Christiane Taubira: par la volonté de la princesse, il a rang quasiment égal avec le directeur, qui n'était pas homme à le supporter: Me Boutet est avocat au Conseil, et n'a pas jugé bon d'arrêter de plaider. Pour Christian Vigouroux, auteur d'un sévère traité de la "déontologie des fonctions publiques", le conflit d'intérêts était manifeste et insupportable.


D'autant que, bien qu'elle ne soit pas souvent présente, comme son directeur,  la ministre n'entend tout contrôler. 

Au cabinet, on mouline donc souvent  à vide pendant que les parapheurs s'entassent dans le bureau de la ministre. Pour son pot de départ, Christian Vigouroux a dressé un descriptif aimable de l'atmosphère, sans jamais douter que le service de l'Etat puisse être une souffrance. Il avait dépassé le seuil tolérable de la douleur. Il se résignera à prendre la succession d'Olivier Schrameck, nommé par Hollande président du Conseil supérieur de l'audiovisuel. 


Le départ de Vigouroux pose plusieurs problèmes, notamment celui des relations exécrables avec le ministère de l'Intérieur et Manuel Valls. Si bien que les personnalités approchées pour le remplacer hésitent à s'installer" dans la pétaudière". Une conseillère d'Etat a rencontré plusieurs fois Mme Taubira, mais  a préféré ne pas donner suite...

Il ne reste du coup plus rien du noyau dur du cabinet
Tout l'ancien encadrement d'Elisabeth Guigou est dispersé. Le chef de cabinet, Jean-Louis Géraud, a été nommé le 13 mars préfet de Tarn-et-Garonne ; Michel Debacq, le conseiller diplomatique, venu par amitié pour Vigouroux, fait ses cartons. Reste Jean-François Beynel, le directeur adjoint, qui assure l'intérim en attendant d'être promu à la direction des services judiciaires.

Aux problèmes de cabinet s'ajoutent ceux de l'administration centrale. Christiane Taubira s'était contentée de muter d'office le procureur de Nanterre et de remplacer la directrice des affaires criminelles et des grâces. Tous les directeurs de l'administration, nommés par la droite, sont donc restés en place. Les départs de Véronique Malbec, directrice des services judiciaires, proposée pour devenir procureure générale à Rennes, ou de Laurent Vallée, directeur des affaires civiles et du sceau, qui passe à ...Canal+ comme secrétaire général, n'ont ainsi rien à voir avec les bourrasques au cabinet. 
Dix mois après le changement, le ministère est en apnée.

Christiane Taubira ne semble pas prendre la mesure de la situation. 
Le monde judiciaire commence pourtant à s'impatienter de ce "ministère de la parole" : en dehors d'une circulaire de politique pénale aux effets limités et d'un grande scène de ménage sur le mariage, rien ne bouge dans la justice. 
Il n'y a plus de pilote place Vendôme, sans que le "capitaine de pédalo" ne s'en soucie.
Et, tandis qu'Ayrault rentre du Canada et du Vatican, Christiane Taubira part jeudi pour quatre jours au Sénégal.

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