Ces 100 élus locaux de la diversité dénoncent une "cabale médiatique" contre les musulmans
La critique du port du voile islamique fait sortir du bois ses partisans
Ils pointent des "raccourcis périlleux" et des "propos indignes à l'endroit des musulmans", selon eux.
Ces cent élus répandus dans toute la France ont publié dans les colonnes du JDD du mardi 22 octobre une tribune stigmatisant sans ambiguïté les opposants au voile partout dans l'espace public. Ils y voient un risque de "délation" que "d'aucuns font peser sur la nation en stigmatisant, à dessein, plus de 6 millions de nos concitoyens".
Le terme 'délation' n'est pas anodin : il pointe les régimes autoritaires ou dictatoriaux, ainsi que les forces d'occupation. La délation qu'ils évoquent renvoie donc "aux heures sombres de notre Histoire". Ainsi les dénonciateurs du port du voile islamique en France seraient-ils rien moins que des fachos. Combattre ce voile dans l'espace public est le signe ostentatoire d'une islamophobie générale, suspecte - par amalgame - de racisme. Et, bien évidemment, les antiracistes ne sont pas des racistes... La totale !
Cette intervention des signataires de la tribune dans le débat public renvoie notamment à la publication d'une liste de "signaux faibles" censés permettre de repérer un individu radicalisé. Adressée à l'Université de Cergy-Pontoise, et publiée par le ministère de l'Intérieur, est-elle illégitime en république ?
Dans un fichier Excel attaché étaient listés des "signaux faibles" susceptibles d'alerter, par exemple un changement de tenue vestimentaire (le port de pantalon dont les jambes s'arrêtent à mi-mollets ou sarouel, ample entre les cuisses, pour un homme, l'apparition d'un voile pour une femme), l'arrêt de la consommation d'alcool, un intérêt soudain pour la religion ou un absentéisme récurrent aux heures de prières... S'ils constataient "qu'un individu (étudiant ou collègue) présente un ou plusieurs signaux listés dans cet imprimé", les personnels de l'université étaient invités à retourner l'imprimé au référent sécurité. Ce message, relayé sur Twitter, a suscité de vives réactions. Car les signataires de la tribune n'entendent pas séparer le bon grain de l'ivraie dans leur communauté.
"La barbe !" s'exclament-ils avec un humour feint.
"La cabale médiatique à travers la retransmission bienveillante des propos les plus indignes à l'endroit des musulmans ainsi que l'inconséquence des prises de position politique au plus haut niveau de l'Etat nous amènent à dénoncer avec force et détermination les raccourcis périlleux vers lesquels notre pays est entraîné", écrivent les élus.
Qui sont ces 90 "personnalités" du collectif de signataires : l'acteur Omar Sy, né à Trappes (d'un père sénégalais et d'une mère mauritanienne) - dont la réussite n'est pas le signe qu'il aurait été malmené par la France - a demandé "urgemment" à Macron de condamner "l'agression" dont a été victime la femme voilée de Belfort pointée par un élu RN alors qu'elle accompagnait une sortie scolaire d'enfant d'âge primaire à Dijon au... Conseil régional de Bourgogne-Franche Comté.Le collectif, où figurent également la comédienne Marina Foïs et plusieurs chercheurs et sociologues animés non pas par leurs recherches mais leurs orientations politiques et religieuses, appelle aussi à "dire, avec force, que les femmes musulmanes, portant le foulard ou non, et les musulmans en général ont toute leur place dans notre société", ce qui n'est pas le sujet, mais plutôt leur refus de s'intégrer, voire leur prosélytisme. à "refuser que nos concitoyens musulmans soient fichés, stigmatisés, dénoncés pour la simple pratique de leur religion". Cette pratique-là n'est justement pas une règle primaire du Coran, mais un ajout tardif. Et encore est-il régional (dans certaines parties du Golfe ou au Pakistan)... Les signataires doivent donc réviser leurs fondamentaux...Dans leur tribune, les 90 partisans d'une république islamique dénoncent la "haine" et la "violence inouïes" de cette scène que les laïcs dénoncent comme une provocation.Ils dénoncent également la réaction d'un ministre de la République qu'ils condamnent. Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer ne leur convient pas : il "a certes condamné", ce qui ne leur suffit pas, puisqu'il "a tout de même affirmé 'le voile n'est pas souhaitable dans notre société' ". "N'est-ce pas ici l'illustration même d'une stigmatisation assumée jusqu'au plus haut niveau?", s'interroge le collectif.D'ailleurs, les 90 condamnent également l'avis du ministre de l'Intérieur, ministre des Cultes. Après l'attentat islamiste au coeur de la préfecture de police de Paris, s'il est permis d'en parler, avec les familles éplorées de ses quatre collègues de travail assassinés, Christophe Castaner a listé, " 'la pratique régulière et ostentatoire de la prière', et 'la pratique exacerbée [!] de la religion en période de ramadan' comme autant de 'signes de radicalisation' [et la liste n'est pas exhaustive] à signaler, alors qu'il ne s'agit ni plus ni moins que de conduites religieuses tout à fait banales chez les musulmans pratiquants". Il n'est en revanche pas dans nos moeurs de refuser de serrer la main d'un concitoyen (c'est un affront) ou de se laisser examiner par un médecin du "genre" qui ne convient pas. Peut-on alors parler de sexisme ou d'homophobie ?"Jusqu'à quand allons nous accepter que la laïcité, socle de notre République [notre République commune], soit instrumentalisée pour le compte d'une vision ségrégationniste, raciste, xénophobe, mortifère de notre société?", s'impatientent les signataires radicaux.
Ils n'hésitent d'ailleurs pas à désigner le comportement du ministre de l'Education nationale qui avait récemment indiqué clairement vouloir "signaler les petits garçons qui refusent de tenir la main des petites filles".
Ces élus-là rappellent aussi certains propos jugés stigmatisants, notamment après les déclarations du directeur-adjoint du Figaro, qui avait affirmé "détester la religion musulmane" sur une chaîne de télévision privée. L'un de ces Français que le Syndicat de la Magistrature, classé à l'extrême gauche (si l'USM est à gauche) avait épinglé sur son "mur des cons" en avril 2013. La présidente du SM, Françoise Martres, avait tenté d'éteindre la polémique, estimant non sans légèreté que ce mur de "défouloir" et d'action de "potache".
Ces magistrats-là seraient donc d'éternels carabins? Et leur humour irresistible : l'IPJ "n'a pas de mots pour qualifier l'indécence morale de la présence" sur ce mur de Jean-Pierre Escarfail, "père de Pascale, violée et assassinée par Guy Georges".
"Si tu es à Rome, vis comme les Romains ; si tu es ailleurs, vis comme on y vit. " En France, fais comme à La Mecque ?
Les 100 élus locaux ne s'en tiennent pas là. "Nul ne peut prétendre combattre le terrorisme ou la radicalisation par l'humiliation, sauf à rechercher obstinément et furieusement l'effet inverse." Font-ils une proposition ?
Ils se contentent de systématiser. "A chaque menace qui plane sur le pays et à chaque attaque terroriste, nos concitoyens de confession musulmane tremblent doublement : pour la nation, parce qu'ils sont concitoyens, et pour leur foi, parce qu'ils vivent instantanément la méfiance." A chaque croisement de regard hostile, à chaque attentat, les malheureux tremblent et pleurent.
Alertant sur ce qu'ils dénoncent comme une dérive de notre société, plongée dans un climat de "suspicion", qui consisterait à faire une menace potentielle d'un individu qui porte une barbe ou un voile, les signataires dramatisent ce qui serait banal ailleurs, hormis en Europe, invitant tout un chacun à éviter à tout prix une "déchirure nationale" encouragée par une vision dévoyée de "la laïcité". Bref, la laïcité de France n'a pas de meilleur protecteur que le musulman.
En guise de conclusion provisoire, les cent petits élus en appellent au président de la République.
Garant du principe constitutionnel de nation indivisible, ils interpellent Macron pour qu'ils obtempère à leur injonction. "Notre nation est une et indivisible, écrivent-ils. Le président de la République est garant de ce principe. Il est garant de la Constitution. Il est garant de l'application de la loi. Il s'agit de sa responsabilité devant le peuple et devant l'Histoire. Il est l'incarnation de l'unité. Nous attendons qu'il se lève et le clame à tous."
A la mi-octobre, 90 personnalités et scientifiques avaient également signé une tribune dans le quotidien Le Monde pour exprimer leurs inquiétudes face aux amalgames dont la communauté musulmane serait régulièrement victime.
Liste des signataires :
- Marc Goua, 79 ans, maire de Trélazé (près d'Angers, Maine-et-Loire, ex-président de la Fédération des Œuvres Laïques, ex-PS, proche de LREM)
- Elsa Faucillon, députée PCF
- Mounir Satouri, EELV, député européen franco-marocain
- David Cormand, EELV, député européen
- Salima Yenbou, EELV, députée européenne
- Philippe Rio, maire PCF de Grigny (1)
- Fabien Gay, sénateur PCF de la Seine-Saint-Denis
- Samira Bouhout Tayebi, élue PS à Clichy-sous-Bois, Seine-Saint-Denis
- Hamid Daoudi, élu LR de Villeneuve-la-Garenne
- Ali Meziane, élu EELV de Clichy-sous-Bois, Seine-Saint-Denis
- Véronique Vinet, conseillère régionale EELV d'Occitanie
- Samira Aidoud, conseillère régionale d'Ile-de-France, élue LR à la manif islamo-fasciste
- Nisrine Zaibi, conseillère régionale PS de Bourgogne
- Abdelfattah Messoussi, élu PS de Stains (PCF), Seine-Saint-Denis
- Ouis Azdine, élu LR de Corbeil-Essonnes
- Patrick Dikoumé, maire-adjoint d'origine camerounaise, à Villeneuve-la-Garenne, comme Hamid Daoudi
- Rhizlaine Robin El Greni, élue de Bergerac
- Adib Benfeddoul, conseiller départemental de Dordogne
- Claire Tawab, élue à Grigny (2)
- Habiba Bigdade, élue à Nanterre
- Jean Michel Boucher, élu à Villeneuve
- Yael Lévy, élu de Villeneuve-la-Garenne
- Keltoum Rochdi, élue à Cergy
- Zohra Darras, conseillère départementale de la Somme
- Eric Béal, élu à Rosny-sous-Bois
- Jamel Oufkir, élu de Sallaumines
- Fatiha Kernissi, élue à Epinay sur Seine
- Wahiba Rhouzli, élue à St Ouen
- Jérémie Crépel, élu à Lille
- Didier Mignot, conseiller régional de Seine-Saint-Denis
- Mariam Kante, élue à Villeneuve
- Fatima Ogbi, élue à Grigny (3)
- Akli Mellouli, élu à Bonneuil
- Amel Jouani, élue à Tremblay en France
- Gilles Boitte, élu à Sevran
- Said Laatiriss, élu à Grigny (4)
- Mohamed Hakkou, élu à Gonesse (PS)
- Nabil Benghanem, élu à Montreuil (PCF), Seine-Saint-Denis
- Walid Ben Mhenni, d'origine tunisienne, élu à Noisy-le-Grand (LR)
- Assiba Abbaci, élue à Noisy-le-Grand (comme le précédent)
- Marrouchi Mustapha, élu à Massy
- Mohamed Derrar, élu à Evreux
- Fatima Messaoudi, élue à Antony (LR), assistante maternelle et rectrice de la mosquée d'Antony
- Claudy Chauvelot Duban, conseillère régionale GDR (PCF et LFI) de Bourgogne
- Alexis Braud, élu à Allones (72, écologiste)
- Abdelsalem Hitache, élu d'opposition au Blanc-Mesnil (LR) en Seine-Saint-Denis
- Julien Bayou, conseiller régional EELV d'Ile-de-France
- Abderrahi Ait Omar, élu LR à Villeneuve-la-Garenne
- Milouda Ala, conseillère régionale Hauts-de-France à Roubaix
- Fouad Sari, élu à Vigneux
- Chadia Arab, élue à Angers
- Hawa Niang, élue à Massy
- Youssef Erramach, élu à Bois-le-Roi
- Mireille Alphonse, élue à Montreuil
- Hafida Ouadah, vice-présidente UDI du Conseil départemental de l'Eure
- Anne Claire Jarry Bouabid, conseillère régionale Ile-de-France, Paris XXe,administratrice des finances publiques adjointe à la Direction générale des finances publiques (DGFiP)
- Rachid Laghnadi, élu à Andrésy
- Ali Aangua, élu à Ecquevilly
- Bouchra Laoues, élue à Massy
- Annie Laure Hagel, élue EELV à Antony
- Latifa Kharja-Tehhoune, élue DVD à Chanteloup-les-Vignes (LR)
- Sidi El Haimer, élu à Mantes-la-Jolie
- Lamine Camara, conseiller régional Ile-de-France
- Alexandre Bergh, élu à Tremblay-en-France
- Zoubida Rafiq, élue à La Verrière
- Amadou Daff, élu à Mantes-la-Jolie
- Annie Lahmer, conseillère régionale Ile-de-France
- Foudil Ait Chabane, élu de St Ouen
- Ahmed Chek, élu à Vaulx-en-Velin (PS)
- Sabrina Sebahi, élue d’Ivry-sur-Seine
- Fouad Ghzalale, élu à Evreux
- Antony Taillefait, élu à Angers
- Elise Aebischer, conseillère régionale de Bourgogne-France-Comté
- Mehdy Belabbas, élu d’Ivry-sur-Seine
- Hella Kribi Romdhane, conseillère régionale Ile-de-France
- Monique Belot, élu à la Verrière
- Hasana Sadiki, élu Valenton
- Catherine Hervieu, vice-présidente Dijon Métropole
- Pierre Serne, conseiller régional d'Ile-de-France
- Niaye Camara, élu à Chanteloup-les-Vignes
- Pascal Troadec, élu LFI à Grigny (PCF)
- François Damerval, conseiller régional d'Ile-de-France
- Fatimata Amy, élue à Angers
- Estelle Lemoine, élue à Angers
- Leila Youssef, élue à Rambouillet
- Jean Laurent Félizia, élu du Lavandou
- Kaoutar Dahoum, élue à Vaulx-en-Velin
- Hassan Qamar, élu à la Verrière
- Roberto Romero, élu à Bagneux
- Haikel Drine, élu d'opposition à la mairie LR du Blanc-Mesnil
- Rachid Sekkour, élu à Vandoeuvre-les-Nancy
- Jean Yves Blee, élu à La Verrière
- Addichane Lhassane, élu à Mézières
- Amara Traoré, élu à La Verrière (PCF)
- Latifa Chay, élue LREM de Romans-sur-Isère
- Rose Marie Véron, élue agglomération Loire métropole
- Yanis Khalifa, suppléant de la députée LREM Sira Sylla, d'origine sénégalaise
- Sophie Foucher Maillard, conseillère départementale PS du Maine-et-Loire
- Marine Tondelier, élue EELV à Hénin-Beaumont
- Driss Ettazaoui, élu MoDem à Evreux
Le collectif rassemble également des réalisateurs dont Céline Sciamma, une réalisatrice qui a eu pour compagne l'actrice Adèle Haenel (une protégée du Festival de Cannes) qu'elle a dirigée dans deux films controversés, des journalistes dont l'identité n'est pas diffusée, des sportifs anonymes dans le public, ou le rappeur Nekfeu, surnommé le 'fennec' par ses amis algériens, ou les membres fondateurs de Zebda (Hakim et Mustapha Amokrane, Toulousains qui soutiennent le parti politique d'extrême gauche 'Les Motivés', proche des trotskistes du NPA, via la LCR).
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Est-ce l'affaire des élus de la République, singulièrement LREM ?
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