La marche blanche pour Harpon laisse LREM perplexe, mais scandalise une sénatrice LR probablement "islamophobe"
Un ex-candidat aux élections européennes organise un rassemblement pro-Mickaël Harpon
Hadama Traoré a annoncé l'organisation d'un hommage devant l'hôtel de ville de Gonesse jeudi 10 octobre à Gonesse (Val-d’Oise) où est domicilié le couple Harpon.
Ce militant associatif de 34 ans a appelé à un rassemblement pour "rétablir la vérité" sur Mickaël Harpon, le tueur islamiste de quatre de ses collègues de la Préfecture de police de Paris, le 3 octobre. Il soutient que Harpon est passé à l'acte à cause des discriminations dues à son handicap et non à cause d'un quelconque motif religieux.
Ce militant associatif de 34 ans a appelé à un rassemblement pour "rétablir la vérité" sur Mickaël Harpon, le tueur islamiste de quatre de ses collègues de la Préfecture de police de Paris, le 3 octobre. Il soutient que Harpon est passé à l'acte à cause des discriminations dues à son handicap et non à cause d'un quelconque motif religieux.
Depuis trois ans, le trentenaire originaire de la cité des 3.000, à Aulnay-sous-Bois, père de famille — mais aussi "gars de quartier", "noir de banlieue, ex-délinquant, et tête de liste aux Européennes" - "Démocratie représentative", un mouvement qui lutte contre la stigmatisation des quartiers populaires - est le cofondateur du collectif citoyen "la Révolution est en marche". Unique candidat des banlieues, il est également le seul des trente-quatre têtes de liste dont le prénom a été mal orthographié par le Journal officiel.
Le bi-national franco-malien Hadama Traoré se présente comme "le porte-voix de la minorité silencieuse" d’Aulnay-sous-Bois, commune de gauche jusqu'en 2014 en Seine-Saint-Denis, et d’ailleurs. Hadama Traoré est la tête de liste (comportant trois Traoré) de 'Démocratie représentative', un mouvement qui lutte contre la stigmatisation des quartiers populaires, lesquels sont pourtant lourdement subventionnés.
Malgré plusieurs plaintes à son passif, ce défenseur "de la minorité silencieuse" se dit favorable au vote des détenus, se mobilise "contre les violences policières, la corruption dans les attributions d’HLM, la racaille en col blanc…", mais aussi pour " l’accessibilité des personnes handicapées" ou encore " une meilleure considération de l’Afrique par l’Europe". Une profession de foi qui n'intègre guère la population caucasienne...
Il défend néanmoins un "projet politique sans distinction de confession, d’origine, de couleur," ce que contredit sa prise de position sur la tuerie islamiste de la Préfecture de police. "Notre groupe citoyen veut pousser les murs, gommer les inégalités sociales […]. En banlieue, on meurt de ne pas voter," ajoute-t-il. Confiant avoir "beaucoup appris" de ses cinq séjours dans la Zad de Notre-Dame-des-Landes, il est persuadé que " oui, un gars de la cité peut devenir député européen".
Plusieurs élus du Val-d'Oise réclament l'interdiction de cette provocation sur la voie publique
Puisque le préfet reste impassible, ils en appellent à Christophe Castaner. Ce mercredi 9 octobre, ils réclament l'interdiction de la manifestation prévue jeudi à Gonesse, commune socialiste du Val d'Oise, en soutien au terroriste islamiste Michaël Harpon, auteur de l'attaque au couteau au coeur de la préfecture de Police de Paris.
Sénatrice Les Républicains, Jacqueline Eustache-Brinio dénonce "l'organisateur et les propos monstrueux qu'il tient. "Mais l'organisateur, si l'Etat le fait taire, il va retourner dans sa maison". "Alors j'ai appelé le directeur du cabinet du préfet du Val-d'Oise, en lui demandant si on allait l'interdire ? Ce n'est pas possible de laisser faire une chose pareille", explique celle qui, alors conseillère régionale et maire UMP de Saint-Gratien, avait été agressée par un inconnu qui avait pris la fuite et qu'elle soupçonne d'être dans le traffic de stupéfiants auquel elle a déclaré la guerre.
"Il n'est techniquement pas possible d'interdire," oppose le représentant du gouvernement..
"Je suis scandalisée. On a un président qui nous a dit [mardi] qu'il faut être unis tous ensemble pour lutter contre cette islam radical", rappelle la sénatrice. "Si l'Etat n'est pas capable d'interdire ce genre de provocation, je me dis que l'on est mal parti", déplore-t-elle.
Le gouvernement reprend ses esprits et son courage à deux mains
Suite à la vaque d'indignation qui a submergé la France, Christophe Castaner a finalement qualifié d'"infamie" l'initiative du binational et le Franco-Malien affirme désormais ne pas "soutenir" l'islamiste, tout en maintenant qu'Harpon n'était pas un terroriste. Se connaissaient-ils ?
Le patronyme 'Traoré' renvoie immanquablement à l'affaire Adama Traoré
Elle est née de la mort d'un homme de 24 ans, Adama Traoré, le 19 juillet 2016 à la gendarmerie de Persan, Val d'Oise, après son interpellation à Beaumont-sur-Oise, lors d'une mission d'interpellation de Bagui Traoré, visé par une enquête pour "extorsion de fonds avec violence". Les deux frères sont issus d'une famille très nombreuse. Son père, Makan Traoré, chef de chantier d'origine malienne, a eu dix-sept enfants de quatre mères différentes ("deux Blanches, successivement, puis deux Noires, en même temps"). Le 15 mars 2017, un frère, Yacouba Traoré, est condamné à 18 mois de prison ferme, pour avoir passé à tabac un jeune homme qui avait porté plainte contre Adama Traoré, accusant ce dernier de l'avoir violé lorsqu'il était son codétenu à la prison d'Osny (lien lexpress). Il est libéré en octobre, mais placé en détention provisoire le 16 novembre de la même année pour une participation présumée à l'incendie d'un bus à Beaumont-sur-Oise. Le 15 octobre 2018, il est condamné à 3 ans de prison ferme pour l'incendie de ce bus. Le Parquet fait appel à la fin du mois, ayant requis six ans de prison.
Bagui Traoré a été mis en examen le 2 mars 2017 pour tentatives d'assassinats sur les gendarmes. Il est soupçonné d'avoir tiré sur les forces de l'ordre pendant les émeutes de juillet.
Deux des frères d'Adama Traoré ont été interpellés pour violences en réunion avec préméditation en mars 2017 à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise) avec un troisième individu et placés en garde à vue.
A la différence de son frère, Adama s'enfuit, selon sa famille, "parce qu'il n’avait pas ses papiers sur lui" : selon son avocat, il était déjà connu des gendarmes pour des petits délits. Alors qu'il a été rattrapé, "un individu [appelé à la rescousse] intervient et violente le militaire qui se retrouve à terre" et Adama Traoré prend à nouveau la fuite. Mais "le gendarme est retrouvé par ses collègues avec des taches de sang sur son tee-shirt". Repéré dans une maison, Traoré est plaqué au sol, dirigé vers un véhicule de police dans lequel il décède. Sa mort prend une ampleur médiatique lorsque différentes plaintes sont déposées concernant un possible homicide involontaire, de supposées entraves à l'enquête et non-assistance à personne en danger.
Dans les jours qui suivent l'annonce du décès, des manifestations se déroulent à Beaumont-sur-Oise et à Paris à l'initiative de la famille, pour demander de faire toute la lumière sur les circonstances de l'interpellation. L'initiative d'Hadama Traoré éveille le soupçon sur une volonté de créer de nouveaux remous dans cette population à fleur de peau.
Le 10 avril 2019, alors que la justice avait annoncé une clôture de l'instruction quatre mois plus tôt, les magistrats ordonnent une nouvelle expertise médicale, ainsi qu'une audition de deux témoins clés.
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