Conférence de presse de Macron: les Gilets jaunes ont-ils été entendus ?
Le chef de l’Etat a fait un geste en direction des retraités,
seulement certains d'entre eux...
Emmanuel Macron a fait plusieurs annonces floues sur le pouvoir d’achat de quelques-uns, toujours les mêmes, lors de sa conférence de presse à l’Elysée, jeudi 25 avril. Il a notamment promis une baisse de l’impôt sur le revenu des plus défavorisés et et la ré-indexation des pensions de retraite sur l’inflation des moins favorisés, laissant les classes moyennes les plus exposées sur le bas côté.
Ces nouvelles mesures devraient par ailleurs s'accompagner d'une réduction de la dépense publique, si bien que l’équation s’annonce compliquée, tant que les financements ne sont pas dégagés. Les actifs et les entreprises sont dans le collimateur, ainsi que tous les automobilistes, quelle que soit leurs difficultés, alors que les prix des carburants flambent, ravivant la colère populaire, puisque la hausse des prix du pétrole brut ne constitue que 30% des prix à la pompe.
L’année dernière, Macron n’était pas un ardent défenseur du pouvoir d’achat.
"Je suis bien sûr sensible à la problématique du pouvoir d’achat. Mais moi, je ne me suis pas engagé là-dessus," affirmait-il en septembre 2018, selon le JDD, oubliant déjà ses promesses de 2017 au passage. Mais ça, c’était avant.
Car les Gilets jaunes lui ont mené la vie dure et l’ont contraint à dégainer 10 milliards d’euros de "mesures d’urgences" dès décembre dernier et sa grande frayeur, qui avait conduit Jupiter à descendre se réfugier avec Brigitte dans le 'bunker' de l'Elysée.
Jeudi soir, lors de sa conférence de presse face aux journalistes, à l'issue du "grand" débat national provoqué par les Gilets jaunes, le président de la République s'est résolu à de nouvelles annonces de mesures pour le niveau de vie des Français. Mais qui est réellement concerné ?
Si vous êtes salarié
Emmanuel Macron a promis que l’impôt sur le revenu – actuellement payé par 43 % des foyers fiscaux, nettement moins d'un Français sur deux – va baisser. C’était d’ailleurs la recommandation principale formulée par les députés. Envoyant le gouvernement au front en le chargeant de définir précisément le montant de cette réduction fiscale, le chef de l’Etat a jugé qu’une baisse de "5 milliards d’euros" sera "un geste significatif".
L'incertitude plane sur les bénéficiaires de ce geste. Interviewé par France Info le 9 avril, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, affirmait que la baisse devrait d’abord concerner "ceux qui ont les niveaux de revenus les plus modestes". L’exécutif devra donc déterminer ce fameux seuil, sachant que plus les contribuables seront nombreux à bénéficier du coup de pouce, plus cette baisse d’impôt sera diffuse et insensible. Il y aura donc plus d'appelés que d'élus !
Si vous êtes retraité
Il y a deux semaines, les retraités défilaient dans la rue pour dénoncer le "vol" de leurs pensions. Le gouvernement avait décidé de ne pas les indexer sur l’inflation en 2019, ce qui s'est automatiquement traduit par une perte de pouvoir d’achat. Jeudi soir, Macron est revenu sur sa politique : les pensions seront réindexées en 2020 et seulement en dessous de 2.000 euros . Selon une estimation de l’OFCE publiée le mois dernier, cela entraînerait un gain annuel de 50 à 250 euros pour les ménages concernés, soit entre et 20 et 4 euros par mois.
Les "riches" retraités qui ont cotisé pour une pension supérieure à 2.000 euros devront attendre leur réindexation encore deux ans, en 2021, peut-être.
En plus de cette mesure, le chef de l’Etat a promis une pension minimum de 1.000 euros "quand on a travaillé [et donc cotisé]" durant sa vie. Un montant légèrement supérieur au minimum vieillesse, qui atteindra 903 euros par mois en 2020.
Si vous êtes un parent seul
Dans son discours prononcé jeudi soir, Emmanuel Macron a répété qu’il faut mieux prendre en compte les familles monoparentales, dont les polygames, et plus particulièrement les mères célibataires. Il a donc annoncé que les caisses d’allocations familiales vont voir leur pouvoir renforcé "pour prélever les pensions alimentaires familiales". "On ne peut pas faire reposer sur des mères l’incivisme de leurs anciens conjoints," a glosé le président de la République. Selon les estimations, entre 18% et 35 % des pensions alimentaires ne seraient pas payées en France.
Mais qui paie l'addition ?
Evidemment, toutes les mesures listées ci-dessus vont avoir un coût pour les finances publiques : les baisses d’impôts, les pensions de retraites… et même les pensions alimentaires. "Même si ces dernières ne sont pas une dépense de l’Etat, il faudra donner des moyens supplémentaires aux CAF pour qu’elles puissent être efficaces dans leur recouvrement," rappelle Pierre Madec, économiste à l’OFCE.
Au total, la facture devrait donc se chiffrer à une douzaine de milliards d’euros.
Auxquels s’ajoutent les 10 milliards d’euros annoncés en décembre. "La manière dont tout cela sera financé manque de détails, poursuit Pierre Madec, ce n’est pas clair".
D’autant plus que le gouvernement a assuré qu’il ne veut pas laisser filer la dette. Celle que paieront nos enfants...
Dans ce schéma, ce sont donc les dépenses publiques qui devraient être réduites… sans supprimer des milliers de postes de fonctionnaires, enseignants ou infirmières, puisqu’Emmanuel Macron a dit qu’il en voulait plus "sur le terrain".
L’équation s’annonce compliquée à résoudre. L'inquiétude persiste : quel coup bas l'hypocrite nous réserve-t-il ?
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