Maître Dupond-Moretti rejette le jugement du journaliste
L'avocat s'est-il radicalisé pendant le procès ?
Le procès d'Abdelkader Merah n'a pas mis son avocat en vedette et celui-ci en est ressorti fort irritable. Son client a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs terroriste dans les assassinats commis par son frère Mohamed et au lendemain de la sentence, l'avocat s'est emporté contre un journaliste de France Inter.
Après cinq semaines d'audiences, jeudi 2 novembre, la cour d'Assises spéciale de Paris a condamné Abdelkader Merah à 20 ans de réclusion criminelle. L'AFP et Dupond-Moretti assurent que c'est la peine maximale pour association de malfaiteurs terroristes criminels, mais on s'interroge alors sur la validité du réquisitoire de l'avocat général qui avait demandé la réclusion à perpétuité.
Pour faire tomber la peine à vingt ans, les juges ont acquitté l'accusé du chef de complicité des sept assassinats perpétrés en mars 2012 par son frère Mohamed. Le procès a pourtant démontré l'emprise d'Abdelkhader sur son frère Mohamed.
La clémence des juges a beaucoup déçu Latifa Ibn Ziaten, mère de la première victime du "tueur au scooter", si on tient vraiment à banaliser les assassinats d'un terroriste islamiste, à scooter ou non... La mère du militaire a estimé que la justice n'est pas allée "jusqu'au bout", soulignant qu'"on est trop naïf en France."
L'AFP ne retient guère que certains moments de "grande tension" du procès d'Abdelkader Merah.
L'agence de presse a sélectionné l'audition de la mère des deux islamistes. Sans nuance, l'avocat d'Abdelkader Merah, Eric Dupond-Moretti, avait alors déclaré que Zoulikha Aziri avait, elle aussi, "un fils qui était mort", ce qui avait déclenché la colère des parties civiles. Des reproches qui sont "insupportables" à ce personnage, s'est plaint le ténor des tribunaux, vendredi matin 3 novembre sur France Inter.
La susceptibilité de la vedette des media a donné lieu ensuite à un vif échange avec le journaliste Nicolas Demorand
Réputé pour le nombre record d'acquittements pour vice de forme, son truc, l'avocat a jugé "obscènes" les remarques de son hôte sur France Inter (à partir de 10'34'' sur la vidéo). "Le chagrin des victimes ne peut pas être confiscatoire, lui a répondu Me Dupond-Moretti qui met en balance la peine des parents d'assassins avec celle des parents de victimes. Une mère, même si elle met au monde un enfant qui est le dernier des derniers, peut avoir de la peine. Et que vous ne compreniez pas cela m'étonne beaucoup, lâche-t-il, insultant. Ce qui est obscène, c'est de dénier à cette femme le fait qu'elle soit une mère, délire le donneur de leçons. Ce n'est pas une vache qui a vêlé, Monsieur !" No comments...
VOIR et ENTENDRE l'avocat prendre le journaliste de haut, jargonner pour marquer sa supériorité dans son domaine et insulter son intelligence :
"Un honneur de défendre Abdelkhader Merah. "Cet avocat se dit honoré d'avoir assumé la défense d'un terroriste islamiste. Honoré d'être préféré à ses confrères... Et il condescend à expliquer sa position au vulgum pecus, seul capable de faire respecter notre droit...
L'avocat estime que seules les familles des victimes sont légitimes à éprouver cette obscénité : "Parce que eux ont tous les droits, ils sont dans le chagrin. Vous, vous êtes un commentateur, a-t-il lancé au journaliste. Que les victimes ne comprennent même pas qu'Abdelkader Merah puisse être défendu, j'en accepte l'augure. Et d'ailleurs, j'ai dit en plaidant que je savais par avance que tous les mots que je prononcerais pour lui seraient une blessure pour les victimes. Mais pas vous, Monsieur. Demorand, pas vous !" assène l'ex-président du comité de soutien de Martine Aubry, PS, aux élections municipales de mars 2008 à Lille.
Auparavant, Éric Dupond-Moretti avait déclaré que c'était "un honneur de défendre Abdelkader Merah", qu'il a défendu "seul contre tous" et "dans un contexte délétère". "J'en ai pris plein la gueule", s'est-il plaint, sourd à l'indignation générale, reprochant à ses confrères de lui avoir dit qu'il est "indigne d'être avocat", ainsi que "le déshonneur du barreau".
"C'est le procès le plus difficile de ma carrière", a-t-il estimé à chaud et plaintif. "D'abord, j'ai été insulté ; parce qu'on a menacé mes enfants ; parce que la police s'est retranchée derrière un rideau, un ou deux policiers ont eu le courage de témoigner à visage découvert et les autres n'ont pas voulu le faire en nous indiquant que c'était parce que leur hiérarchie leur avait demandé ; parce que certains confrères de la partie civile ont été dans la surenchère médiatique". Selon lui, même "le procès de Nuremberg" a été plus "digne"...
Me Dupond-Moretti s'est félicité de la décision des juges.
"Ils n'ont pas "cédé aux sirènes de l'opinion publique". "On a présenté aux victimes un faux coupable," assène-t-il. Et un innocent ?
Car si Abdelkader Merah "incarne aujourd'hui le mal absolu", il était uniquement dans le box des accusés car son frère est mort, argumente-t-il. "Est-ce qu'un type qui incarne le mal dans ce monde peut être acquitté au bénéfice du doute", a interrogé l'avocat, sur la base de sa propre affirmation subjective, tout en affirmant qu'il "n'y a aucune preuve de la complicité" de son client.
Cet avocat est par ailleurs le défenseur des intérêts de Théo, victime supposée d'un viol par 4 policiers lors de son refus d'interpellation à Aulnay-sous-Bois.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):