Au point mort, l'affaire rebondit: on accuse les vigilants de demander des comptes...
Le meurtre d'une fillette instrumentalisé par des "anti-migrants"?
Ils sont accusés de manipulation pour avoir appelé un chat un chat
Depuis mercredi, les internautes relaient un article datant d'avril dernier sur le meurtre de Chloé, 9 ans, à Calais, par un Polonais de 38 ans, Zbigniew Huminski, nouvellement arrivé de son pays situé dans l'espace Schengen. Cinq mois après le crime, est-il juste de s'inquiéter de savoir si la justice suit bien son cours? Il semble pourtant que le lecteur de France 3 Nord Pas-de-Calais doive rester à sa place, celle de consommateur passif et manipulé. Il fait en effet problème à la chaîne que des citoyens vigilants ont modifié le titre "pour créer un amalgame avec les réfugiés", selon l'accusation. La faute des accusés aurait été, à leur décharge, de réclamer un suivi de la justice qui est rendue au nom du peuple, et à leur charge, d'assimiler un assassin polonais, à des migrants syriens, irakiens, érythréens ou afghans dont nul ne sait vraiment s'ils sont d'authentiques réfugiés politiques, de vrais rebelles ou de dangereux terroristes islamistes. La seule faute des citoyens vigilants est d'avoir conservé la référence à la chaîne d'information dont ils ont modifié le titre -pour le rendre plus explicite, à leurs yeux-, avant de le poster sur Facebook.
L'actualité souligne la dérisoire susceptibilité de France 3. En effet, l'ONU fustige justement Hollande qui, dans le même temps, expulse des Rom, mais accueille des Syriens à bras ouverts. Le haut-commissaire de l'ONU aux Droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, appelle Valls à "remplacer cette politique punitive et destructrice par une politique véritablement inclusive"...
Les annonceurs ne doivent pas se leurrer

La question est de savoir si, une fois tombée dans le domaine public, une info appartient ou non à tous
Le sens exacerbé de la propriété peut surprendre venant du SNJ
Passé l'effet de surprise, les journalistes ont voulu comprendre pourquoi cet article refaisait surface, cinq mois après sa publication, écrit Alexandra Gonzalez, pour BFMTV. "En tapant quelques mots-clés sur les réseaux sociaux, on a fini par tomber sur une capture d'écran d'un post Facebook", poursuit le journaliste du service public.
"L'article a en effet été publié sur le réseau social, mais son titre a été sciemment modifié", répète BFMTV, derrière son confrère anonyme. "La nuance est subtile, mais suffisante pour attiser la haine des anti-migrants", assure Alexandra Gonzalez qui, pour étayer son accusation, fournit un lien faisant état de "252 attaques contre des centres d'hébergement... en Allemagne, soit plus d'une par jour. Ce qui participe à l'augmentation des violences anti-migrants: "Dans la grande majorité des cas, on ne sait pas qui met le feu à un centre d'hébergement, qui tire dessus, qui fait des graffitis avec des croix gammées", a expliqué à BFMTV Robert Lüdecke, de la fondation Amadeu Antonio contre le racisme. Question 'amalgame', la jeune stagiaire journaliste depuis 8 ans, et BFMTV ont-ils des leçons à donner ?
L'information est publique et le commentaire appartient au lecteur
Libre aux journalistes de publier une mise au point
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Extrait de l'article accusateur d'Alexandra Gonzalez du 10/9/2015
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En réalité, il ne s'agit pas d'un piratage, souligne l'enquêtrice de BFMTV. Pour preuve, selon elle, "le titre original apparaît toujours sur l'article de France 3 Nord Pas-de-Calais"... Il s'agit d'une manipulation extrêmement simple à réaliser: quand on poste un article sur Facebook, on peut éditer et réécrire le titre qui apparaît. Est ce qu'on apprend en école de journalisme? Pour Alexandra Gonzalez, d'abord journaliste reporter à France-Soir, il s'agit plutôt de formation sur le tas, après l'université Paris 2 Pantheon Assas.
La jeune journaliste a-t-elle étudié le dossier avant de passer au réquisitoire?
"Chloé avait été tuée par un Polonais," écrit-elle (ci-dessus) quand on dit "l'homme", si est en cause un représentant de la diversité.
Elle assure ensuite que 'le Polonais' est "installé à Calais depuis une dizaine d'années", mais une lecture rapide de son confrère de F3-Nord nous apprend que "il était en Pologne jusqu'à hier matin. Il a indiqué être venu à Calais ce jeudi pour se rendre chez sa soeur à Southampton mais n'avait cependant pas de titre de transport. Il a dit, selon le procureur de Boulogne-sur-mer, s'être stationné rue Bossuet à Calais pour boire une bière. Une fillette se serait approché[e] de lui et l'aurait arrosé avec un pistolet à eau. C'est là qu'il aurait décidé de l'enlever."
"Au très lourd passé judiciaire"
Or, à quoi sert-il qu'Emmanuel Magdelaine (F3-Nord) se décarcasse, si sa consoeur parisienne ne lit pas les reportages au plus près de l'événement. "Il a vécu en France au début des années 2000 avant de retourner en Pologne, explique le régionaliste. Il a vécu de petits boulots d'ouvrier et de missions d'intérim pendant plusieurs années. En 2009, il revient en France dans l'espoir d'intégrer la légion étrangère. Mais à cause de ses antécédents judiciaires, sa candidature est rejetée. Il avait alors affirmé à la justice qu'il voulait se rendre chez sa soeur en Angleterre. Il a dit la même chose aux enquêteurs la nuit dernière pour justifier sa présence à Calais, où il n'avait pas le droit de se trouver. Conséquence d'une condamnation en 2010." L'évocation du vécu des habitants du Calaisis ne sert pas la thèse de la journaliste, alors elle passe...
Le passé judiciaire de Zbigniew Huminski que Gonzalez ne saurait voir. "Le 27 juin 2009, ce célibataire qui vivait en colocation avec un Bulgare rue des Fontinettes à Calais, s'en prend à deux personnes qui résident route de Gravelines à Calais. Menaces, violences, extorison [extorsion] de fonds... L'une d'elles a même été ligotée." Il aurait fallu expliquer que, du fait de leurs conditions de vie difficiles, les migrants peuvent se révéler dangereux, mais la journaliste ne fait pas dans la psychologie, plutôt dans l'idéologie officielle.
"Cette instrumentalisation vis-à-vis de Chloé et de sa famille, et le fait de faire remonter ce drame dans l'actualité, sont intolérables", juge la journaliste. Jeudi midi, la rédaction de France 3 Nord Pas-de-Calais a publié un article explicatif, et exigé d'une association de motards qui avait posté l'article avec le titre modifié d'enlever son post, sous peine de poursuites judiciaires.
"Pourtant, comme nous avons pu le constater, d'autres traces de cette manipulation grossière subsistent encore, notamment sur Twitter." La conclusion de l'indignée de BFMTV est le copié-collé du communiqué de F3-Nord...
La justice polonaise a exprimé vendredi ses regrets après l’"immense tragédie" causée par le meurtre à Calais d’une fillette par un Polonais, mais a décliné toute responsabilité pour le fait qu’il se soit trouvé en liberté alors qu’il devait purger un an de réclusion. "Le tribunal régional de Varsovie 'n’en porte aucunement la responsabilité, car il n’a manqué à aucune procédure' concernant le meurtrier présumé, un Polonais de 38 ans, a déclaré la porte-parole du tribunal, Ewa Leszczynska-Furtak.
Un récidiviste
Stigmatiser la légèreté de tel ou tel membre de l'association de motards vise à détourner l'attention, car le fond du problème est le non contrôle des flux de "migrants", quel que soit le terme choisi pour les désigner. "Ce 2 avril 2010, ce Polonais de 38 ans, avait été condamné à six ans de prison ferme. Il a été interdit de façon définitive du territoire français. Il restera encore 4 ans en prison. Le 27 mars 2014, 6 jours après sa sortie de prison de Fresnes, il est expulsé à Varsovie dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen. La professionnelle de BFMTV n'est pas obligée de le savoir ? Ou passe-t-elle sur ce qui ne l'arrange pas: alors, manipulatrice de l'opinion ?
La presse aux ordres insulte avec insistance le bon sens des Français. Faut-il en effet incriminer le sens commun des gens "normaux" qui pensent que
si un ressortissant européen peut circuler librement (et tranquillement), malgré un lourd casier judiciaire (et une interdiction de séjour), et violer une petite fille de 9 ans, un demandeur d'asile, ébranlé par la guerre au Proche-Orient, peut - à plus forte raison - commettre un crime aussi odieux ? C'est en tout état de cause une liberté de penser interdite en France.
Zbigniew Huminski a été mis en examen ce vendredi pour enlèvement, viol et séquestration suivie de mort sur mineur de 15 ans par UN juge d’instruction de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), a-t-on appris auprès de son avocat. Le Parquet a requis le placement sous mandat de dépôt de M. Huminski, qui devait encore passer devant le juge des libertés et de la détention.
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