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vendredi 25 décembre 2009

RER : le service garanti au secours des Parisiens

Ce qu’il faut savoir et qu’on ne nous dit pas

Merci Ă  la CGT-RATP ?

La presse nous annonce chaque matin depuis prĂšs de deux semaines que la circulation des rames du RER est normale aux heures de pointe. Serait-ce par hasard un effet de la comprĂ©hension, voire de la compassion, d'employĂ©s CGT ou SUD sensibles Ă  la galĂšre qu’ils imposent pĂ©riodiquement Ă  leurs camarades travailleurs ?

Le 25 décembre, jour de Noël, un train sur deux (57% du service assuré) fonctionnait vendredi matin à 06h30 sur la ligne A du RER, ce qui est une "nette amélioration", a annoncé la direction de la RATP. Elle compte sur un trafic de trois trains sur quatre dans la journée, ce qui est conforme aux prévisions. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Ces prévisions interviennent alors que la CGT-RATP, premier syndicat fauteur de trouble dans l'entreprise publique, a affirmé jeudi matin, bon prince, que l'heure est enfin "à la reprise" du travail, au 15e jour du mouvement, le plus long à la RATP depuis la grÚve de 1995 sur les retraites.

Sur la ligne C du RER, la circulation devrait rester encore partielle vendredi entre la gare d'Austerlitz et Juvisy-sur-Orge (Essonne), a regretté la SNCF.
"Les trains circuleront entre 06H30 et 09H00, puis entre 16H00 et 19H00", a-t-elle précisé. Pendant ces heures de pointe, six Transiliens circuleront chaque heure, ainsi que trois trains grandes lignes. Ce n'est pas le libre choix de syndicalistes magnanimes !

Entre ces deux périodes de pointe, les travaux se poursuivront pour remettre en état la ligne, endommagée en outre par le déraillement d'un train dimanche soir.
Le trafic avait en effet été interrompu à la suite du déraillement d'un train dimanche soir à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), qui a fait 36 blessés.
En ce qui concerne l'Eurostar, les trains trans-Manche ne circuleront pas vendredi, comme il est de tradition pour l'ensemble des transports ferroviaires au Royaume-Uni, mais le service fonctionnera Ă  "plus de 90%" le week-end prochain.


Ce qu’on ne nous dit pas

Non pas que la presse ne le dise pas suffisamment : elle ne le dit pas du tout ! Dans un souci louable d’information exacte et complĂšte de la population et une Ă©thique professionnelle exemplaire.
Si les Parisiens parviennent Ă  Ă©viter de perdre des journĂ©es de travail et Ă  maintenir leur pouvoir d’achat, ils n’ont aucun remerciement Ă  adresser Ă  la CGT ; si des fatigues inutiles leur sont Ă©pargnĂ©es, la CGT n’y est pour rien.

Que le systĂšme parisien de transport publique et l’économie rĂ©gionale ne sont pas totalement bloquĂ©s est dĂ» au « service garanti ». Selon le secteur, celui-ci est le petit frĂšre du « service minimum ».

Grùce au "service garanti", toutes les autorités organisatrices de transports sont tenues de définir les modalités d'exercice du service garanti en fonction des besoins locaux. De plus, pour permettre aux entreprises de transports de faire face à leurs obligations, le salarié doit déclarer sa participation à la grÚve 48 heures avant le début de celle-ci. AprÚs 8 jours de grÚve, l'employeur ou une organisation syndicale représentative peut consulter les salariés à bulletin secret sur leurs intentions de reprendre ou non le travail. Enfin, les jours de grÚve ne sont pas payés.

C’est ce que nous devons en particulier Ă  la loi du 21 aoĂ»t 2007 sur le dialogue social et la continuitĂ© du service public dans les transports terrestres rĂ©guliers de voyageurs. Reste que les transports aĂ©riens sont encore exclus de cette garantie, de mĂȘme que le transport maritime ou le secteur du fret.
Elle vise trois objectifs :
- prévenir efficacement les conflits et faciliter les procédures de négociation préalable
-organiser le service en cas de grÚve ou de toute autre perturbation prévisible du trafic
-garantir aux usagers des droits : droit à une information préalable et droit, le cas échéant, à remboursement.

Est-ce trop demander Ă  la presse de faire Ă©tat de l’application de cette loi tant attendue ?

L'instauration d'un "service garanti" dans le secteur, à défaut du service minimum qui existe pourtant dans de nombreux pays comme l'Allemagne ou l'Italie, fut, durant la derniÚre campagne présidentielle, l'une des promesses du futur président, Nicolas Sarkozy. Il s'était en effet engagé le 24 avril 2007 à « garantir trois heures de transport en continu pour se rendre à son travail en cas de grÚve et trois heures pour en revenir », pour tous.

Ce texte de loi, relativement court (il est composĂ© de 13 articles) s'inspire du principe de continuitĂ© du service public des transports publics rĂ©guliers de voyageurs Ă  vocation non touristique qui implique la rĂ©gularitĂ© du service. C’est dans cet esprit que la loi favorise le dialogue social et Ă©vite le dĂ©clenchement de mouvements sociaux surprises. Elle ne concerne que les lignes de bus, tramway, mĂ©tro, trains de banlieue et trains express rĂ©gionaux qui servent pour de courts trajets entre le domicile et le lieu de travail.

«Service garanti» ne signifie pas «service minimum»

Le service garanti n’était pas Ă©quitablement rĂ©parti sur le territoire

- Des entreprises, telles la RATP et la SNCF, avaient mis en place des services garantis dans certaines régions.
Un accord de 2005 avec le Syndicat des transports d'Ile-de-France (qui dépend du Conseil régional) prévoit au moins 50% des trains sur le réseau RATP et 33% sur le réseau francilien de la SNCF, sous peine d'amendes pour les entreprises, à la discrétion du CR. Des systÚmes analogues ont été instaurés en Alsace, RhÎne-Alpes et Picardie.

- Des dispositifs "d'alarme sociale", Ă  la RATP depuis 1996 et Ă  la SNCF depuis 2004, prĂ©voient l'ouverture de nĂ©gociations pour prĂ©venir un conflit. Dans 90% des cas oĂč il est dĂ©clenchĂ© Ă  la SNCF, la grĂšve, selon la direction, est Ă©vitĂ©e. Les 10% restant thĂ©oriques se font nĂ©anmoins sentir comme 90%...
- A EDF, en l'absence de tout accord formalisé, un consensus garantit la continuité de l'alimentation en électricité. Mais service garanti ne signifie pas, contrairement à l'idée générale, «service minimum».

La confusion vient sans doute de la loi du 23 juillet 2008 sur
le «service minimum d'accueil» dans les établissements scolaires, qui oblige les communes à accueillir les élÚves les jours de grÚve. Mais pour les sociétés de transports terrestres (les transports aériens ne sont pas concernés), aucun «service minium» n'est prévu par la loi. Et dÚs lors que le taux de grévistes devient élevé, les répercussions sur le trafic sont irrémédiables.

Le service minimum


Il n’est imposĂ© par la loi en cas de grĂšve que dans les secteurs de la radio-tĂ©lĂ©vision, le nuclĂ©aire, la navigation aĂ©rienne et la santĂ©.
- Des lois de 1979 et 1980 ont astreint à un service minimum les sociétés nationales de programme de radio-télévision et l'établissement public de diffusion, ainsi que les installations nucléaires.
- Un service minimum pour la navigation aérienne est imposé par une loi de 1984.
- Che
z Aéroports de Paris, une "décision concertée" avec les syndicats en 1987 est venue couronner une dizaine d'années de pratique d'un service minimum, avec la "consignation" des pompiers et des personnels affectés aux installations et au matériel.
- Dans un hÎpital, selon la loi, le directeur doit évaluer les besoins en cas de préavis de grÚve et assigner médecins, personnels soignants et administratifs nécessaires au fonctionnement minimal de l'établissement.

Une loi a Ă©tendu quelques accords rĂ©gionaux Ă  l’hexagone

Un ancien ministre des Transports, Dominique Perben, avait prĂ©sentĂ© en juillet 2006 aux agglomĂ©rations une "charte pour un service garanti" en cas de grĂšve dans les transports urbains, mais les nĂ©gociations entre partenaires sociaux n’ont pas abouti.
«La France est en train de changer. Désormais, quand il y a une grÚve en France, personne ne s'en aperçoit.» Le 5 juillet 2008, Nicolas Sarkozy ne cachait pas sa fierté d'avoir mis en place un an plus tÎt le «service garanti », pour tous.

Cette loi permet la rĂ©affectation du personnel d'une ligne vers une autre. Du coup, lorsqu'un prĂ©avis est dĂ©posĂ© Ă  la SNCF, la RATP ou dans les sociĂ©tĂ©s de transports urbains des grandes villes de province, l'entreprise a 24 heures pour s'organiser et optimiser sa grille de transport. Elle peut Ă©galement plus facilement communiquer la veille du conflit la frĂ©quence ou les horaires de ses trains. GrĂące Ă  ce dispositif, les usagers peuvent mieux prĂ©voir leurs dĂ©placements et parfois rester chez eux et les syndicats ne peuvent ĂȘtre crĂ©ditĂ© d’aucune prĂ©venance.

Peut mieux faire

Si «
la loi du 21 aoĂ»t 2007 a atteint ses objectifs dans le cas de grĂšves nationales institutionnelles», son efficacitĂ© «doit encore ĂȘtre amĂ©liorĂ©e», estimait le dĂ©putĂ© UMP HervĂ© Mariton, dans un rapport publiĂ© en dĂ©but d'annĂ©e.

AprÚs la spectaculaire fermeture de la gare Saint-Lazare en janvier dernier, un autre député UMP, Eric Ciotti, était allé plus loin que son collÚgue. Pour combler les «carences» de la loi d'août 2007, le député niçois avait proposé d'instaurer l'obligation pour les sociétés de transport d'élaborer tous les ans une liste d'agents volontaires pour remplacer leurs collÚgues en cas de grÚve spontanée, et d'assouplir les critÚres de réquisition de personnel par les préfets en cas de grÚve prolongée. Une proposition de loi qui n'a pour l'instant pas été discutée à l'Assemblée.
Le chantier n’est pas refermĂ©.

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