Des mots "terribles" et "dangereux", objecte la Ligue des droits de l'homme
Macron, dans le déni des mutilations et amputations sur manifestants
Avocat membre du bureau national de la Ligue des droits de l'Homme et conseil de plusieurs Gilets jaunes, maître Arié Alimi, réagit aux assertions d'Emmanuel Macron, qui a assuré lundi que les forces de l'ordre n'ont pas commis de "violences irréparables" lors de ce mouvement social.
"Je trouve ces mots terribles et profondément dangereux", a -t-il expliqué sur franceinfo lundi 26 août, suite à l'entretien du président innocent sur France 2 : son ministre de l'Intérieur, Castaner, n'a pas commis l'irréparable en ordonnant aux forces de l'ordre équipées de LBD 40 (le "lanceur de balles de défense"), de grenades GLI-F4 et de balles en caoutchouc), de taper dans le tas.
La Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe ne sait pas ce qu'elle dit donc lorsqu'elle se déclare "gravement préoccupée" par la gravité des blessures provoquées par les armes utilisées par les forces de police au cours des manifestations de Gilets jaunes. L'inquiétude de Dunja Mijatovic n'est donc pas fondée, malgré le "grand nombre de personnes blessées, certaines très gravement" dans les manifestations. Pour elle, le climat d’hostilité qui règne dans certaines manifestations, ou la surcharge de travail des policiers, ne saurait d'ailleurs justifier "le nombre et la gravité des blessures résultant de l’usage de la force par les forces de l’ordre."
La Commissaire aux droits de l’homme déplore au passage "une formation insuffisante aux techniques de maintien de l’ordre et à l’usage de certaines armes" de certaines unités de force de l’ordre engagées dans les manifestations.
Les violences policières se sont imposées également aux députés européens qui ont "dénoncé le recours à des interventions violentes" et condamné l'usage "disproportionné" des forces de police et militaire par "les autorités publiques lors de protestations et de manifestations pacifiques".
Jusqu'à la communauté internationale qui s'est indignée de la répression.
L'ONU s'est quant à elle prononcée sur ce sujet dans un communiqué qui cite un groupe d'experts des droits de l'homme des Nations Unies. Ils s'inquiétaient du "nombre élevé d'interpellations et de gardes à vue, des fouilles et confiscations de matériel de manifestants, ainsi que des blessures graves causées par un usage disproportionné d'armes dites 'non-létales', telles que les grenades et les lanceurs de balles de défense ou 'flashballs', ajoutant que "les autorités devraient repenser leurs politiques en matière de maintien de l'ordre pour garantir l'exercice des libertés".
Les experts alertent également sur le risque de "sévères restrictions à la liberté de manifester" que pourrait causer la loi anticasseurs. Cette dernière permet en effet aux préfets de prononcer des interdictions de manifester, un point validé à chaud par la majorité présidentielle en émoi à l'Assemblée nationale, le 30 janvier dernier.
"Un homme qui fait primer l'ordre public sur le droit à la vie"
"Je m'interroge de savoir ce que vous penseriez d'un homme qui fait primer l'ordre public sur le droit à la vie", poursuit l'avocat, évoquant les cas de Zineb Redouane, une femme atteinte au visage par une grenade lacrymogène à la fenêtre de son appartement en marge d'une manifestation de Gilets jaunes à Marseille, en décembre 2018, et de Steve Maia Caniço, jeune fêtard de la fête de la musique, retrouvé mort dans la Loire à Nantes à la suite d'une charge policière.
On notera que les Gilets Jaunes énucléés - tel Jérôme Rodriguès, le 26 janvier, ou David, tailleur de pierre de 31 ans, le 1er décembre 2018 - ne sont pas mentionnés...
Arié Alimi a également pointé du doigt "un homme qui fait primer l'ordre public sur la liberté d'expression et d'opinion". "Que penseriez-vous d'un homme qui, face aux familles de ces personnes mortes, mutilées, qui ont perdu un membre ou un œil, leur dirait qu'il n'y a pas eu de violences irréparables ?" L'avocat "ne pense pas qu'il y ait un véritable mea culpa". Il évoque plutôt "une reconnaissance à pas feutrés", mais qui écarte toute "compassion pour les victimes du mouvement".
Au G7 de Biarritz, la presse hexagonale a pu faire croire que Macron est un interlocuteur autrement plus respectable que Poutine ou Bolsonaro...
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