Redoine Faïd conserve plusieurs longueurs d'avance sur la police
Le braqueur multirécidiviste cherche-t-il à ridiculiser la police de Macron ?
Après s'être évadé de la prison du Réau le 1er juillet, Redoine Faïd a laissé plusieurs indices sur son passage dans sa région d'origine, l'Oise, et le département voisin du Val-d'Oise. Faïd y purgeait entre autres une peine de 25 ans de détention pour un braquage avorté.
Depuis son évasion fortement médiatisée il y a un mois, jour pour jour, ils ne sont pas moins d'une centaine de policiers spécialisés de la PJ à le suivre à la trace. Les enquêteurs savent très bien qu'ils ont affaire à un "spécialiste de la cavale" et le jeu de piste a commencé.
A 46 ans, ce braqueur multirécidiviste est un "individu dangereux".
Philippe Veroni, chef de la Sous-direction de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière ne le décrit donc pas seulement comme un "roi de l'évasion". En 2013, il était déjà parvenu à s'échapper de la prison de Sequedin, Pas-de-Calais, laquelle ne passe cependant pas pour être bien gérée. Sa cavale avait duré six semaines.
Au Réau, cette fois, Redoine Faid purgeait entre autres une peine de 25 ans de détention pour un braquage avorté qui a coûté la vie à une policière municipale, Aurélie Fouquet. Mais il est sur le point de battre son record personnel : objectif, le 15 août pour être homologué.
L'évasion de Redoine Faïd
Son évasion du 1er juillet obéit à un plan minutieusement préparé. Deux complices ont préalablement réservé un vol en hélicoptère depuis l'aérodrome de Lognes, en Seine-et-Marne. Ils prennent alors en otage leur pilote. Après avoir récupéré un troisième homme en chemin, l'appareil se pose dans la cour d'honneur de l'établissement, la seule à ne pas être protégée par un filet de sécurité. Deux hommes, fusils d'assaut au poing, sautent de l'appareil et empruntent un chemin habituellement réservé aux surveillants. Ils scient à la meuleuse plusieurs portes, lâchant des fumigènes pour aveugler les gardiens.
Redoine Faïd les attend sereinement au parloir, où il avait initialement rendez-vous avec un de ses frères. En tout, l'opération a pris dix minutes.
L'itinéraire suivi par le commando ?
Quelque 2.900 policiers et gendarmes sont mobilisés sur la traque partout dans l'Hexagone, mais après plusieurs heures précieuses. L'hélicoptère Alouette II et son pilote sont rapidement retrouvés, abandonnés à Gonesse, à une soixantaine de kilomètres au nord de la prison.
Redoine Faid et ses complices ont été pris en charge sur place par un quatrième bandit au volant d'une Mégane noire. Dans leur fuite, l'équipe changera plusieurs fois de véhicules. La Mégane est retrouvée le jour même sur le parking d'un centre commercial à Aulnay-sous-Bois.
Le lendemain, les enquêteurs mettent la main sur un Kangoo siglée Enedis dans l'Oise. Dans une forêt du même département, à Verneuil-en-Halatte, est retrouvé un sac contenant des armes, des cagoules et une meuleuse. Cette découverte fortuite permet aux enquêteurs de récolter 140 scellés.
Son dernier passage signalé
Redoine Faïd a filé entre les doigts des policiers, la semaine dernière à une quarantaine de kilomètres, dans le Val-d'Oise voisin. Dans sa cavale, le criminel semble privilégier une région qu'il connaît bien, pour y avoir grandi.
Le 24, peu après 16h30, il est ainsi pris en chasse par des gendarmes, alors qu'il circule à bord d'un véhicule suspect près d'une station-service à Piscop. Les forces de l'ordre perdront finalement sa trace dans un centre commercial de Sarcelles, à quelques secondes près...
A l'intérieur du véhicule sont retrouvés six pains de plastic et un jeu de fausses plaques d'immatriculation. La présence du fugitif sera plus tard confirmée par des analyses ADN. Selon les enquêteurs, son frère Rachid se trouvait à son côté. D'autant que celui-ci avait déjà participé dans le passé à de précédents projets d'évasion de son frère.
La police tire-t-elle des leçons de sa connaissance du fuyard ?
L'Inspection générale de la justice a rendu cette semaine un rapport qui devrait aboutir sur une réorganisation de l'Administration pénitentiaire (AP). La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a reconnu lundi qu'une "conjonction de failles de sécurité" a encore permis l'évasion du détenu. L'AP avait été alertée du risque imminent que représentait le détenu, sans que l'évasion ne soit empêchée...
Le détenu devait être déplacé dans un autre établissement en septembre, ce qui ne se pratique pas systématiquement, comme elle devrait, avec l'ensemble de la population carcérale à risque.
Mieux vaut tard que jamais. En réaction, Nicole Belloubet a entre autres annoncé, non pas l'inévitable "commission d'enquête" classique, mais une ...restructuration des services centraux pour y créer un "Etat-major de la sécurité". Une sorte d'équivalent à la "cellule privée" voulue par Benalla en matière de sécurité du personnage présidentiel ?
Le jour même de cette annonce, deux détenus parvenaient à s'enfuir de la prison de Colmar. Mais ils ne disposaient sans doute pas d'un aussi vaste réseau que Faïd, et ils ont été repris, eux, dans les vingt-quatre heures, à Roubaix.
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