Crise entre Paris et Varsovie après l'annulation d'un contrat d'hélicoptères d'Airbus
Hollande a ouvert une crise diplomatique entre Paris et Varsovie
suite à l'annulation par la Pologne d'une commande de 50 hélicoptères militaires Caracal d'Airbus, au point que les autorités françaises envisagent des mesures de rétorsion.
La relation entre les deux pays membres de l'Union européenne et de l'OTAN va être "gravement affectée" par la décision polonaise et la France va "réexaminer l'ensemble" de sa coopération en matière de défense avec la Pologne, fait savoir une source française "proche du dossier"".
L'Etat français, actionnaire d'Airbus à hauteur de 11%, a besoin de ressources financières et Hollande ne tolère aucune réticence de ses "alliés". Contestant la souveraineté de l'Etat de Pologne, Hollande n'hésite pas à brandir le bâton pour que la Pologne réexamine ses projets d'investissements auprès du groupe européen, a ajouté cette source.
Le contrat, qui portait sur la livraison de 50 hélicoptères Caracal pour un montant de 13,5 milliards de zlotys (3,14 milliards d'euros), représentait plus de 3.000 emplois... en Pologne, selon Airbus.
Airbus Group n'emploie actuellement qu'environ 900 salariés en Pologne, dans le spatial, les hélicoptères et les avions militaires, avec un centre de recherche dans le pays.
Au plan diplomatique,
les consultations envisagées le 13 octobre à Varsovie en présence de François Hollande ont été reportées sine die après la confirmation, vendredi, par le ministre polonais de la Défense de l'annulation de l'appel d'offres remporté en avril 2015 par Airbus Helicopters.
Prévue lundi dans la capitale polonaise, une visite du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a elle aussi été annulée.
"Le président de la République a demandé au ministre des Affaires étrangères [le fameux Ayrault] de se rendre rapidement à Varsovie", indique-t-on dans l'entourage de François Hollande.
Le Quai d'Orsay a fait savoir un peu plus tard que Jean-Marc Ayrault ne se rendra pas jeudi à Varsovie, contrairement à ce qui avait été auparavant annoncé et à l'usage consistant à maintenir les contacts diplomatiques.
"Les consultations entre les gouvernements polonais et français ont été reportées, pas annulées".
Le ministre polonais des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski, a ainsi apporté la nuance que la presse a dissimulée, avec pour objectif de donner à penser en France que le président "normal" est un foudre de guerre diplomatique.
Expliquant que "l'offre finale d'Airbus Helicopters ne répondait pas à nos attentes", il a ajouté rester confiant dans la poursuite de la coopération avec la France. Un pataquès français qui n'a donc pas lieu d'être, sauf à considérer que l'état des finances publique est préoccupant.
"Nos relations bilatérales sont stratégiques par nature et sont fondées sur un large éventail de priorités et de projets communs", a déclaré le Polonais.
"Négociation erratique"
L'accord sur le contrat avait été conclu par le précédent gouvernement polonais (libéral-conservateur, démocrate-chrétien et pro-européen de centre droit, Plateforme civique), battu aux législatives d'octobre 2015 par le parti Droit et Justice (PiS), national-conservateur (c'est le parti de Jarosław Kaczyński, membre et président du parti et juriste du comité de défense des ouvriers à l'époque du régime communiste) et eurosceptique. Airbus avait à l'époque été préféré à l'américain Sikorsky et à l'italien AgustaWestland.
"Avant on avait une plateforme de centre-droit qui comprenait qu'il était dans l'intérêt de la Pologne, au-delà de l'axe avec les Etats-Unis, d'entretenir une relation bilatérale avec les Français et les Allemands", admet une source diplomatique française, donc socialiste.
"Là on a un PiS qui manifestement ne réussit pas à comprendre les bénéfices que tire la Pologne, qui sont pourtant massifs, de son ancrage européen", ajoute-t-elle.
Dans la manière dont ont été menées les négociations, "il apparaît évident que les Polonais n'ont jamais eu l'intention de respecter l'appel d'offres", polémique une source française proche du dossier. "Dans cette négociation un peu erratique, Airbus a toujours cherché à coller aux règles de l'appel d'offres et donc à la souveraineté de la Pologne".
Plus tôt vendredi, Manuel Valls avait fait part de la préoccupation de la France pour l'avenir de la Défense européenne.
"Les choix qui viennent d'être annoncés, pour ce qui concerne la France, nous préoccupent - y compris par rapport à des négociations qui avaient été engagées - mais aussi (par rapport) à la conception de la Défense européenne", a raconté le premier ministre.
Jeudi, pointant les pays européens achetant uniquement des armes américaines, François Hollande avait appelé l'ensemble des pays de l'UE à se coordonner pour "participer à un effort de Défense" qui pourrait l'arranger. "Il y a des pays européens qui pensent que les Etats-Unis seront toujours là pour les protéger, au point même d’acheter des armes uniquement aux Etats-Unis et pas aux Européens", avait tancé le chef de l'Etat dans un discours sur l'Europe.
Ce qui s'appelle du protectionnisme européen.
objectivement les Polonais sont quand même de sacrés fils de putes complètement assujettis aux USA. Ils ont leurs raisons : ils cherchent un protecteur d'une autre envergure que la France, laquelle les a lâchés une fois, mais le coup des hélicoptères ils l'ont déjà fait avec les F16 il y a quelques années.
RépondreSupprimerN'est-ce pas ce même Hollande qui a annulé la vente de MISTRAL à la Russie ?...
RépondreSupprimer