Christophe Castaner continue de tenir des propos excessifs
Le ministre de l'Intérieur énonce ses a priori fâcheux
Jugez de l'ampleur des dommages dans la permanence du député LREM Romain Grau, le 27 juillet 2019 à Perpignan, selon Le Monde |
Castaner lance des accusations avant que la justice ait pu se prononcer.
"Ils s’étaient équipés [préméditation] et ont tenté notamment d’attenter à la vie [présomption d'innocence bafouée] d’un parlementaire présent dans la permanence", a jugé le ministre de l’Intérieur lors d’un déplacement à Perpignan.
"De nombreux responsables politiques ont dénoncé, en début de semaine, une nouvelle série de dégradations de permanences de députés La République en marche (LRM), parfois emmurées ou taguées après la ratification du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA), voire saccagées, comme à Perpignan (photo ci-dessus) lors d’une manifestation de « gilets jaunes » samedi." Telle est la présentation des faits par le quotidien Le Monde. Et qui sont ces nombreux responsables politiques évoqués par ce journal: dans l'ordre, Castaner, Ferrand, Dussopt, Le Gendre, Aurore Berger, Riester, Darmanin, Didier Guillaume et... Schiappa.
Ainsi que
Je condamne sans réserve les dégradations perpétrées par quelques individus irresponsables à #Perpignan Il est aussi scandaleux de voir que la permanence parlementaire de mon collègue
a été dégradée. C’est par le vote que la politique changera !
a été dégradée. C’est par le vote que la politique changera !
Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, est allé jusqu'à assimiler ce saccage "attaque" et "attentat" et à qualifier ses auteurs de "brutes"
Permanence d'une superficie imposante offrant une surface vitrée importante à la colère citoyenne |
Samedi, des manifestants, dont certains étaient cagoulés, avaient brisé toutes les vitres de la permanence où se trouvait le député de la majorité Romain Grau, et tenté d’y mettre le feu. Aucune interpellation n’a toutefois eu lieu pour l’heure.
Le ministre de l’Intérieur a pas manqué par ailleurs d'affirmer apporter son "soutien à toutes les autres victimes d’attentats tels que celui qui a été commis samedi dernier. Et ce, quelle que soit leur couleur politique", rapporte L’Indépendant.
Castaner a ensuite tenté de justifier l’emploi du terme disproportionné "attentat".
"Le principe de l’attentat, c’est de préparer l’acte. Là, on a des gens qui sont venus avec des bidons d’essence. Ils s’étaient équipés et ont tenté notamment d’attenter à la vie d’un parlementaire présent dans la permanence." Une corrélation douteuse - mais malveillante - car la possibilité de la présence de l'élu, un mercredi, pouvait-elle être envisagée ?
LCI✔@LCI@CCastaner sur la permanence saccagée à #Perpignan :"Cette dégradation est un #attentat, puisque les auteurs ont acheté les bidons d'essence en amont. Ils ont tenté d'attenter à la vie d'un parlementaire qui était présent dans la permanence"
"Les moyens de la police sont totalement engagés pour trouver les auteurs. (…) Nous identifierons les responsables comme cela a été le cas pour la quasi-totalité des actes de vandalisme, d’attaque, de dégradation, de violence ou de vol qu’on a connus pendant les manifestations des “gilets jaunes” ", a-t-il assuré sur des images transmises par LCI.
Cibles d’insultes ou de violences au plus fort de la crise des Gilets jaunes cet hiver, les parlementaires se sont de nouveau mis en situation cibles : singulièrement les députés LREM qui ont voté le 23 juillet en faveur de la ratification du CETA, controversé jusqu'à l'intérieur même de la majorité.
Il s’agit du premier déplacement seul du ministre de l’Intérieur depuis la confirmation de la mort de Steve Maia Caniço suite à une charge de police lors de la Fête de la musique, à Nantes, dans la nuit du 21 au 22 juin.
Castaner est sous le feu des critiques de l’opposition et d'une partie de la majorité présidentielle dans plusieurs affaires successives. Le premier ministre, Edouard Philippe, lui a apporté mercredi matin "tout son soutien".
Castaner, récidiviste de l'agression langagière
Christophe Castaner avait fustigé une "attaque" à propos d'une intrusion de manifestants dans l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière situé dans le XIIIe arrondissement de Paris, en marge du 1er mai 2019. Sous le feu des critiques indignées, encore quatre jours plus tard, certains l'appelèrent à démissionner et, lors d'un point presse, le ministre de l'Intérieur avait été amené à regretter ses excès de langage.
Sa propension à envenimer les situations aurait déjà justifié des excuses plutôt que de simples regrets car, depuis les faits, de nombreux témoignages ont montré que bon nombre des manifestants avaient pénétré dans le site hospitalier pour se protéger des gaz lacrymogènes. La déclaration du ministre de l'Intérieur était mensongère, puisque des documents publiés peu de temps après révélèrent qu'il s'agissait d'un mouvement de manifestants pacifistes cherchant à fuir une charge policière. "Je n'aurais pas dû employer ce terme (d'attaque)", a-t-il admis lors d'un déplacement dans le Var. Christophe Castaner a notamment concédé qu'il aurait plutôt dû évoquer, comme la directrice générale de l'hôpital, "une intrusion violente", encore que les intrus ont rebroussé chemin lorsque des personnels hospitaliers leur avait signifié leur erreur : ils étaient entrés par l'arrière du bâtiment sans en avoir conscience.
Castaner en avait repassé une couche, assurant que "lors de ma visite, le personnel hospitalier m'a raconté les insultes, les dégradations. Ils m'ont raconté l'intervention rapide des forces de l'ordre". "Attaque, c'est le mot qui m'est venu, a reconnu simplet. La directrice a utilisé le mot d'intrusion violente, c'est en effet mieux adapté".
"Je ne souhaite qu'aucune polémique ne puisse exister sur ce sujet. Entrer de force dans un hôpital, ce sont des actes inadmissibles et des actes très graves, a-t-il insisté. […] Cet incident, au lieu d'être nié dans une polémique absurde devait nous émouvoir, nous ouvrir les yeux sur la nécessité d'en finir avec ce climat de violence", a-t-il commenté.
Plus récemment, début juillet, l’intervention musclée des forces de l’ordre pour déloger des manifestants écologistes sur le Pont de Sully à Paris était "parfaitement légitime", avait jugé Christophe Castaner.
Le ministre de l'Intérieur reconnaît cependant "des doutes" sur ses "modalités". Une enquête judiciaire a par ailleurs été confiée à... l'IGPN.
Des décorations a des policiers suspects
Mi-juillet, le site Mediapart a révélé qu'en juin dernier Castaner a décoré de la médaille de la sécurité intérieure des policiers pour leur "engagement exceptionnel dans le cadre des Gilets jaunes".
Or, parmi les médaillés, au moins cinq agents sont impliqués dans des enquêtes judiciaires concernant des violences policières.
Parmi ces policiers, on remarque le chargé des opérations de maintien de l'ordre lors d'un rassemblement en mars dernier à Nice, au cours duquel la militante Geneviève Legay a été projetée au sol, grièvement blessée à la tête. Même la compagne du policier, chargée de l’enquête sur les violences commises ce jour-là, a été décorée.
Un capitaine de police auditionné dans le cadre de l'enquête sur le décès de Zineb Redouane a également été décoré, tout comme le commissaire de police qui aurait donné l'ordre d'utiliser des gaz lacrymogènes lors de la Fête de la musique sur le quai Wilson à Nantes, soirée durant laquelle Steve Maia Caniço a disparu dans le fleuve. Ce n'est qu'un mois après que le corps du jeune Nantais a été retrouvé noyé.
Pourtant du côté des policiers, le bilan des premiers mois de Christophe Castaner est catastrophique. Depuis le début de l'année, 45 policiers se sont donné la mort, c'est 10 de plus que pour l'ensemble de l'année 2018.
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