Plutôt graves, les méthodes potaches de LREM pour former ses candidats...
Pour former ses futurs élus municipaux, le parti du président utilise des méthodes décomplexées qui ne font pas l'unanimité
A LREM, les municipales, c'est l'élection pour les nuls
Stanislas Guerini, surpris en pleine péroraison |
Une vraie-fausse fiche technique, qui sert de support à La République en marche pour entraîner ses futurs candidats à faire campagne est arrivée sur le compte Whatsapp du Parisien-Aujourd'hui en France. Sur cette fiche de travail proposée aux impétrants ce samedi à huis clos, la bataille électorale fictive a lieu à "Trifouillis-les-Oies" et tous les personnages sont imaginaires.
Venus participer au siège parisien à un "séminaire de formation", intitulé "1000 talents", les apprentis candidats aux municipales du parti de Macron ont moyennement apprécié le document de travail qui leur a été remis samedi. Il s'agit d'une fausse fiche technique servant de support à un "jeu de rôle" - c'est écrit noir sur blanc -, auquel les participants ont dû se plier devant des cadres du parti, ministres compris.
Le but de cette technique "innovante", à neuf mois des municipales, était donc de mettre les futurs candidats LREM en situation de campagne grandeur nature, ce qui donne une idée exacte du respect que LREM a pour ses électeurs et de la jungle politique locale dans laquelle les candidats vont être immergés en opération survie.
La bataille électorale virtuelle se situe ainsi à 'Trifouillis-les-Oies', dans le département du 'Mordor', équivalent de… l'enfer dans la célèbre épopée du "Seigneur des anneaux" de J.R.R. Tolkien.
Outre les candidats "Yvette Pascool", celle-là est centriste, et le sénateur Les Républicains "Michel Demymol", le maire est LR de 69 ans, ex-filloniste, élu depuis 40 ans et s'appelle "Paul-Henri Le Comte". Bref, un vrai baron. Son adversaire du Rassemblement national, "Jeanne Fachot" est chauffeuse de taxi. Amis taxis, Macron vous porte dans son coeur...
Le plus révélateur de la considération que porte LREM à ses alliés, c'est que le candidat de tendance juppéiste, prêt à quitter LR et rejoindre La République en marche, répond au nom de "Jean Brutus", un traître donc... Ils apprécieront du côté de la Juppéie. Plus sérieusement, d'après le Parisien toujours, les moins novices des futurs candidats ont moyennement apprécié la méthode. Et la reconnaissance que leur porte le mouvement.
Le maire de la cité, ennemi à détrôner, est la caricature du vieux barbon honni en macronie : 69 ans, encarté Les Républicains, ancien soutien de François Fillon, élu depuis 1977, autant dire la préhistoire ! Son nom ? "Paul-Henri Le Comte".
"Jeanne Fachot" ou "Dominique Nazillon", nés dans les "années 30"
Face à lui, les autres prétendants fictifs à la mairie sont tout aussi ridicules.
La candidate RN ? "Jeanne Fachot", à la tête du groupe "Trifouillis Bleu Marine", chauffeuse de taxi de son état. C'est mieux, certes, que le précédent candidat FN, baptisé pour les besoins du jeu… "Dominique Nazillon".
Héros de cette simulation, le candidat LREM porte le nom du populaire "Raymond Poulidor". Etrange choix, mais prémonitoire, quand on sait que la star de la "petite reine" fut un éternel numéro deux. Bien que Macron ait enfilé le maillot Arc-en-ciel et se soit engagé dans un duel qui transforma le scrutin en référendum, il se fit distancer par Jeanna Fachot : il ne craignait pas un vote sanction, mais il y a eu droit.
Quant à la liste PS ("Envie d'Europe, écologique et sociale" ou "EES" - avec le renfort présupposé de 'Place publique', menée par Raphaël Glucksmann - n'a qu'à peine dépassé 6% aux Européennes.
La candidate MoDem ne séduit encore pas : ironiquement présentée comme députée "peu à l'aise dans son rôle de parlementaire", l'acide Marielle de Sarnez est appelée "Marielle Orange", tout bêtement : c'est la couleur associée à son parti, sinon elle serait Marielle Citron. François Bayrou ne risque pas d'apprécier, non plus que d'être zappé.
L'ultime vacherie de ce jeu innovant, est réservée au candidat juppéiste fictif dans le rôle de "Jean Brutus". Un traître, donc, "prêt à quitter les LR et rejoindre LREM ou Agir!". La violence de la référence a fait blêmir les amis d'Alain Juppé ralliés à Emmanuel Macron.
Mais le tableau ne serait pas complet sans le sénateur LR Michel Demymol, la sénatrice centriste Yvette Pascool et l'ombrageux Insoumis …Jean-Luc Colérique, qu'on ne présente plus.
L'ultime vacherie de ce jeu innovant, est réservée au candidat juppéiste fictif dans le rôle de "Jean Brutus". Un traître, donc, "prêt à quitter les LR et rejoindre LREM ou Agir!". La violence de la référence a fait blêmir les amis d'Alain Juppé ralliés à Emmanuel Macron.
Mais le tableau ne serait pas complet sans le sénateur LR Michel Demymol, la sénatrice centriste Yvette Pascool et l'ombrageux Insoumis …Jean-Luc Colérique, qu'on ne présente plus.
Cette simulation bêtasse s'adressait en théorie à de purs novices de la politique. C'est dire que le niveau n'est pas élevé. Sauf que tous ne l'étaient pas. Et les plus chevronnés n'ont guère goûté le côté décalé de cette formation et de se voir administrer une leçon par des relous. Parmi les questions, comme à l'oral du baccalauréat : "Quelle stratégie politique adopteriez-vous pour décrocher l'investiture LREM ?" Vous avez six heures... Ou encore : "Comment scénariser (sic) la déclaration de candidature ?"
"L'objectif, c'est d'accompagner des gens qui n'ont aucune expérience politique," se justifient les bizuteurs.
Le séminaire résume à lui seul le problème de ressources humaines auquel se heurte LREM, né il y a trois ans, pour se doter d'un réseau d'élus locaux. Contacté, Roman Baudin, père du programme, "assume" (?) tranquillement. Le parti présidentiel s'est en effet doté d'un institut de formation, intitulé 'Tous politiques!' dans le but d'"accompagner l'émergence d'une génération de progressistes et être plus proche du terrain".
Baudin, son directeur général, est membre fondateur du think tank 'Le Cercle des nouveaux réformistes', plate-forme d'une jeunesse progressiste qui se veut "force de propositions innovantes" ! Et ça pique maintenant les yeux depuis que nous avons aujourd'hui un spécimen de ce que propose cet "institut" pour faire éclore "1 000 talents" locaux... Ainsi, pour Slate, il a écrit un article intitulé "La Cinquième, une République conservatrice à réformer d'urgence"... On n'attendait que lui. Et on n'est pas déçu !
"L'objectif, c'est d'accompagner des gens qui n'ont aucune expérience politique, expose-t-il. Je voulais créer quelque chose de différent pour accompagner l'engagement sous toutes ses formes. Le renouvellement, ça ne se fait pas d'un coup !" Le rigolo va devoir affiner sa méthode.
Baudin, son directeur général, est membre fondateur du think tank 'Le Cercle des nouveaux réformistes', plate-forme d'une jeunesse progressiste qui se veut "force de propositions innovantes" ! Et ça pique maintenant les yeux depuis que nous avons aujourd'hui un spécimen de ce que propose cet "institut" pour faire éclore "1 000 talents" locaux... Ainsi, pour Slate, il a écrit un article intitulé "La Cinquième, une République conservatrice à réformer d'urgence"... On n'attendait que lui. Et on n'est pas déçu !
"L'objectif, c'est d'accompagner des gens qui n'ont aucune expérience politique, expose-t-il. Je voulais créer quelque chose de différent pour accompagner l'engagement sous toutes ses formes. Le renouvellement, ça ne se fait pas d'un coup !" Le rigolo va devoir affiner sa méthode.
Il assume, aussi, de briser les codes des formations d'élus en important les méthodes du privé. Samedi soir, les aspirants candidats ont ainsi dû 'pitcher' - bûcher, en langage de la "start-up nation" et se montrer convaincant et sûr de son projet - devant les ministres Jean-Michel Blanquer (Education) et Amélie de Montchalin (Affaires européennes), mobilisés en plein week-end.
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