L'étudiante a été arrêtée dans l'Essonne mi-décembre, révèle la presse, le 10 janvier
Son identité et son profil restent masqués
Agée de 19 ans, l'étudiante écrivait son intention de passer à l'acte, dans un testament découvert à son domicile ou lieu de résidence dans l'Essonne, pour dénoncer une présence "importante de policiers".
Elle a été appréhendée par les services de renseignements français qui l'ont repérée grâce à l'interception de messages sur la messagerie cryptée Telegram. Dans une conversation, la jeune femme tentait de se procurer un fusil d'assaut de type kalachnikov.
Un profil qualifié d'"atypique" et pourtant tellement typique
Placée en garde à vue dans les locaux de la DGSI, l'étudiante s'est décrite comme une "islamiste convaincue, fière des attentats commis en France". Elle a également dit regretter de ne pas avoir pu passer à l'attaque.
Le Point décrit le "profil atypique" de cette étudiante radicalisée depuis deux ans. Il est pourtant typique qu'un-e terroriste n'ait jamais attiré l'attention jusqu'alors.
Pour détourner l'attention, elle vivait en couple, buvait de l'alcool et participait à des fêtes étudiantes.
Cette stratégie de dissimulation est pourtant connue et a un nom : elle est appelée "taqya" chez les djihadistes afin de ne pas se faire repérer. La tromperie aux dépens des non-musulmans reçoit également l'approbation coranique et fait partie des actes légalement permis aux musulmans.
La définition classique de la taqiyya, selon la charia, c'est-à-dire l'ensemble des règles qui définissent le comportement d'un musulman dans toutes les circonstances de la vie, la tromperie est non seulement permise dans certaines circonstances mais peut être considérée comme obligatoire. Contrairement à la tradition chrétienne primitive, les musulmans contraints de choisir entre reniement de l'islam et persécution avaient la permission de mentir et de feindre l'apostasie. D'autres juristes ont décrété que les musulmans étaient obligés de mentir afin de se préserver, en se fondant sur les versets coraniques qui interdisent aux musulmans de concourir à leur propre mort.
Construit sur un mot arabe connotant la crainte, le terme de taqiyya passe (notamment auprès des chercheurs occidentaux) pour une stratégie à laquelle on peut avoir recours en cas de persécution religieuse, ainsi que les groupes minoritaires chiites l'ont fait quand ils vivaient en milieu hostile majoritairement sunnite. La taqiyya a ainsi permis fréquemment aux chiites de masquer leur appartenance religieuse face aux sunnites, non seulement en dissimulant leurs convictions religieuses, mais en priant et en se comportant comme des sunnites.
Cependant, l'un des rares ouvrages consacrés à ce sujet, At-Taqiyya fi'l-Islam ("De la dissimulation dans l'islam") du professeur Sami Mukaram à Beyrouth dit clairement que la taqiyya ne se limite pas à la dissimulation par crainte de persécutions. Son auteurdémontre clairement la variété des applications de la taqiyya :
"La taqiyya est d'une importance fondamentale dans l'islam. Pratiquement toutes les factions islamiques la reconnaissent et la pratiquent (…) On peut même dire que la pratique de la taqiyya fait partie de la norme de l'islam, et que les rares factions qui ne la pratiquent pas sont justement en dehors de la norme musulmane. La taqiyya est dominante dans la politique islamique, en particulier durant la période moderne". La taqiyya n'est donc pas, comme on le suppose souvent, un phénomène exclusivement chiite.Inversement, l'islam sunnite ayant rapidement dominé de vastes empires, de l'Espagne à la Chine, ses membres ne devaient rien à personne et n'eurent pas à faire allégeance à d'autres, ni à se cacher face à des incroyants infidèles (l'Espagne et le Portugal de la Reconquista sont les rares exceptions où les sunnites ont dissimulé leur identité religieuse).
Ironiquement, les sunnites qui vivent en Occident se trouvent désormais dans la situation qui était celle des chiites, puisqu'ils vivent comme une minorité encerclée par ses ennemis traditionnels, les chrétiens infidèles.
La jeune femme a été mise en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle" et elle a été placée en détention provisoire.
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