La députée macronienne se retourne contre une fonctionnaire départementale
Le syndicat SUD accuse la députée LREM du Nord
La collectivité territoriale a fermé les yeux sur l'occupation à titre gratuit d'un logement du département par une élue LREM pendant sept mois…
La semaine dernière, une députée du Nord, élue en juin 2017 sous l’étiquette La République en marche (LREM), était épinglée par le syndicat Sud pour s'être maintenue un logement de fonction auquel elle n’a réglementairement plus droit depuis son élection.
La députée Jennifer de Temmerman ne pouvait ignorer l'infraction de sa situation
Secrétaire de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire à l'Assemblée, elle accuse les errances d’une fonctionnaire des services du département du Nord.
Tout commence en juin 2017 lorsque la candidate d’Emmanuel Macron remporte les élections législatives dans la 15e circonscription du Nord. Gestionnaire d’un collège à Cassel, près d’Hazebrouck, elle demande alors au rectorat une mise en disponibilité pendant les cinq ans de son mandat.
Or, sa demande de mise en disponibilité impliquait qu'elle ne puisse plus être ne l’autorisée à occuper le logement de fonction du collège, une maison de 130 m2. Tout fonctionnaire de l'Etat est au courant de cette réglementation, à plus forte raison une gestionnaire.
Interrogée par La Voix du Nord en février, la députée se défendit en faisant état "d’une convention d’occupation précaire avec le département jusqu’au 30 juin".
Ce genre de convention permet de rester provisoirement dans le logement moyennant un loyer. Sauf que, en février, la convention d’occupation précaire était une invention de l'esprit de la dame. En effet, la députée reconnaît que cette convention n’a été signée qu’en mars, suite à un contact direct pris avec le cabinet du président (DVD) du département, Jean-René Lecerf, 67 ans.
"On était au courant que cette dame était dans l’illégalité depuis le début du mois de janvier, souligne le syndicat Sud. Elle n’avait signé aucune convention et ne versait aucun loyer."
Jennifer De Temmerman se défend : "Depuis le mois de juillet 2017, j’ai prévenu la correspondante territoriale du département qui gère ce service que je devais signer une convention. Mais, soit on m’envoyait la mauvaise convention, soit on ne me répondait pas."
De guerre lasse, la députée assure avoir versé un loyer, dès janvier, sans attendre la régularisation de sa situation, sans qu'on sache qui en a fixé le montant, puisque personne n'exigeait rien d'elle. Comment ce tour de passe-passe administratif est-il possible ?
"Des faveurs insupportables" d'un juppéiste
Interpellé sur cette affaire en séance plénière au Conseil départemental, le lundi 16 avril, Jean-René Lecerf confirme la version de la députée qui, selon lui, "a désespérément [sic] cherché à payer ses loyers, alors que l’administration lui disait, non ce n’est pas possible". Sa protégée assure pourtant avoir commencé ses versements en janvier...
La convention a donc finalement été signée par Jean-René Lecerf soi-même (610 euros par mois), sans passer par la case consultation de l’assemblée départementale. "Ce n’est pas obligatoire", certifie-t-il.
"Ces faveurs accordées à un personnel de l’Education nationale, devenue députée, sont insupportables quand on les met en perspective avec le traitement réservé au personnel technique dans les collèges", dénonce SUD qui ne mentionne pas les astreintes de la gestionnaire.
Règlement de compte politique ?
"Mon élection a fait des jaloux". Jennifer De Temmermann, de son côté, s’estime victime d’un règlement de compte politique. "Quelqu’un a fait jouer ses relations pour retarder les choses et me mettre dans une situation embarrassante", avoue celle qui, elle-même, fait jouer ses relations.
En août 2016, Jean-René Lecerf révélait son intention de faire campagne pour Alain Juppé dans le cadre des primaires de la droite.
Et la profiteuse de se plaindre, concernant son remplacement temporaire à son poste de gestionnaire du collège Robert-le-Frison de Cassel, dont le maire (DVD, déjà) de 1971 à 1989, fut un certain ...Edouard Lecerf, qui travaille aujourd'hui à l'institut de sondages Kantar (ex-TNS Sofres).
"Mon mari avait été choisi par le rectorat pour occuper ce poste."
A la rentrée scolaire, c’est pourtant son mari, Freddy De Temmerman, qui lui a succédé, en attendant l’arrivée d’une titulaire. Un choix qui interpelle. Visiblement un arrangement entre amis, encore une fois et le renouvellement des moeurs politiques qu'ambitionnait Macron...
Face à la pression, le rectorat n’a pas pu lui renouveler ce contrat, début janvier, "alors que cela arrangeait tout le monde".
La députée doit quitter son logement le 30 juin.
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