Le vaincu de la primaire de "La Belle Alliance Populaire" opte pour une politique de la tabula rasa
Le choix de Valls de voter Macron à l'élection présidentielle consacre l'éclatement des 'deux gauches irréconciliables' du Parti socialiste
Anticipé dimanche par le candidat officiel du PS, Benoît Hamon, le contrat de sa "mise à mort" a donc été mis à exécution, conclusion logique de la séquence ouverte le 1er décembre par la renonciation de François Hollande en faveur de son ancien conseiller à l'Elysée, Emmanuel Macron, candidat hors système et rival du frondeur Hamon, protégé de l'aile gauche du parti.
Benoît Hamon a dénoncé un "jeu morbide", prenant acte de ce "grand coup de plus" porté par Valls à la démocratie. Jugeant sa position "centrale", il a donc lancé un nouvel appel désespéré à Jean-Luc Mélenchon, le candidat de l'extrême gauche qui se cache derrière le slogan de 'La France insoumise', lequel le précède désormais par la magie de sondages visant à le propulser devant le candidat de la droite et du centre harcelé par les media proches du pouvoir et la justice obligée de donner suite aux soupçons distillés par les organes de presse aux mains d'hommes d'affaires dévoués à l'Elysée.
"Je fais cette adresse forte et fraternelle pour que nous ne laissions pas les forces de destruction, les forces de l'argent présider aux destinées de notre pays", a-t-il lancé lors d'une brève déclaration à son siège de campagne, à Paris.
Le Parti Communiste Français joue les bons offices
Le communiste Pierre Laurent a proposé une rencontre entre les radicaux Benoît Hamon (PS), Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche: PCF et Parti de gauche), Yannick Jadot (EELV) et lui-même (PCF) pour "créer les conditions de la victoire autour d'un projet profondément ancré à gauche, d'une campagne et d'une candidature communes", écrit-il dans un communiqué.
En campagne à Douai (Nord), Benoît Hamon a accepté cette invitation à former "un contrat de gouvernement". Désormais tournés vers les législatives, Hamon parle même au Parti communiste d'"un contrat de législature", sur des "bases claires". Mais Hamon est-il en position de parler au nom du Parti socialiste et d'engager son avenir parlementaire, quand Valls entend bien prendre le pouvoir Rue de Solférino ?
Mais Jean-Luc Mélenchon a rejeté l'appel de Benoît Hamon.
"Je ne vais pas (...) m'engager dans je ne sais quel improbable arrangement qu'on me suggère de faire", a-t-il dit lors d'un meeting au Havre (Seine-Maritime). "Je ne négocierai rien, avec personne, à aucun moment à cette étape."
Au côté de Benoît Hamon, l'amère de Lille, Martine Aubry, a dit n'être ni "surprise" ni "triste" face au rapprochement Valls-Macron.
"Quand les valeurs et les idées passent au second plan, quand les intérêts personnels et l'envie du pouvoir pour le pouvoir sont en premier lieu, eh bien on se ressemble et on s'assemble", a affirmé, repliée sur sa mairie, l'ex-première secrétaire du PS qui avait rallié François Hollande après sa défaite à la primaire du PS en 2011.
Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a refusé devant la presse d'"ajouter de la division à la division" au sein d'un PS où il milite "depuis 46 ans".
Valls, déterminé à purger la primaire ...et le PS
La décision de Manuel Valls a outré certains partisans de Benoît Hamon, qui ont crié au déshonneur, tandis que le camp de l'ancien premier ministre instrumentalisait invoquait l'extrême droite pour justifier son manquement à la parole donnée. "Face au danger que représente le Front national, on ne peut pas hésiter", a raconté Manuel Valls sur BFM TV et RMC.
"Ce n'est pas un ralliement c'est le choix de la raison", a-t-il insisté, visiblement soucieux de son avenir personnel dans la bataille pour la direction du Parti socialiste, qui devrait faire l'objet d'un congrès avant la fin de l'année.
Le sénateur socialiste Alain Richard (71 ans) n'a pas hésité à juger la situation clarifiée : "La ligne politique du PS sera soit celle de Manuel Valls soit celle de Benoît Hamon", a indiqué ce proche de Valls, visiblement amoindri à 71 ans.
Pour ses partisans comme Harold Hauzy, responsable de sa communication à Matignon, Manuel Valls aurait d'ailleurs fait le choix de la "dignité", sans "chichis". "@EmmanuelMacron face au risque de l'extrême droite: dignité, clarté, responsabilité, valeurs #pasdechichis", a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Dans le camp Hamon, une colère sourde prévaut, à l'instar du tweet de l'ancien ministre Arnaud Montebourg qualifiant Manuel Valls d'"homme sans honneur".
Chacun sait désormais ce que vaut un engagement signé sur l'honneur d'un homme comme Manuel Valls : rien. Ce que vaut un homme sans honneur.— ☰ Arnaud Montebourg (@montebourg) 29 mars 2017
"Minable", a renchéri, dans l'insulte, la députée Karine Berger.
S'adressant aux "frondeurs", l'arrogant Valls confirme son passage aux représailles
Il a en effet estimé n'avoir aucune leçon à recevoir de "ceux qui n'ont respecté aucune règle pendant cinq ans". "Mais c'est vrai, le Parti socialiste ne sera plus comme il a été jusqu'à maintenant après cette élection", a-t-il prévenu.
Dans ce climat orageux à 25 jours du premier tour, Jean-Christophe Cambadélis qui promettait des sanctions aux migrants attirés par Macron mais qui conserve Manuel Valls, le premier secrétaire du PS - qui reste plus que jamais une voix dans le désert - a tenté un appel au calme qui a peu de chances d'être entendu.
Dans une lettre dérisoire aux militants, il demande de se méfier des sondages "qui ont déjà démontré qu'ils pouvaient être démentis par la réalité", ce que ne cesse de répéter François Fillon à la presse engagée...
A ceux qui sont encore branchés sur Radio Kostas, il tente encore de faire croire que "ceux qui ont rejoint En Marche ! ne sont plus au Parti socialiste".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):