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vendredi 17 janvier 2014

"Pacte de responsabilité": loin d'être embarrassée, la droite se félicite que la gauche applique son programme

Des responsables UMP démentent les commentaires de la presse inféodée

France Info désinforme depuis mardi
 
Emmanuel Cugny s'est montré soupçonneux dans sa chronique d'hier jeudi
"La politique de l'offre que défend le Président de la République" - bien que socialiste- pour relancer l'économie sera-t-elle efficace
? s'interroge-t-il, tout en se disant "dans l'euphorie de la conférence de presse présidentielle." Et de s'inquiéter de savoir si la baisse de charges promise par Hollande aux entreprises permettra réellement de créer des emplois ? Après l'effet d'annonce, les patrons doivent  attendre de voir les détails, mais applaudissent au virage présidentiel à 180 degrés. 

Mais qu'est-ce exactement qu'une politique de l'offre C'est partir du principe que la fabrication d'un bien trouve toujours un débouché, un acquéreur, et que l'offre crée la demande, explique Cugny, qui "n'ose pas dire trop fort" que  ce principe est clairement libéral. Il fut développé par Jean-Baptiste SAY, économiste français du XIXème siècle, que Laurence Parisot prenait souvent comme exemple lorsqu'elle était patronne des patrons. C'est dire qu'elle sent le soufre à gauche qui ne jure que par l'économiste britannique Keynes, défenseur lui, de la politique de la demande. La relance par la demande publique (grands investissements, travaux... initiés par l'Etat, donc financés par les deniers publics...) Un nouveau virage crée des remous au sein même de la majorité. 

Cela nous ramène au fameux "choc de compétitivité" de Louis Gallois
, pressenti pour succéder un jour à Ayrault. Les entreprises françaises ont du mal à vendre leurs produits, notamment à l'étranger, parce qu'elles se positionnent (en France) sur le milieu, voire le bas de gamme. Les Allemands, eux, exportent très facilement leurs machines outils, car réputées de qualité et solide. Pourquoi ? C'est la deuxième explication : la compétitivité prix, c'est-à- dire le coût du travail. En résumé, il est difficile pour la France de vendre des produits bas de gamme rendus plus chers par le poids des charges. Il faut donc baisser le coût du travail pour redonner de la vigueur à nos produits.


La baisse de charges, c'est ce que le Président s'est 
 finalement résolu à préconiser mardi. Mais l'économiste proche du PS soupçonne le patronat de ne pas rééllement vouloir jouer le jeu. "Consommateurs et salariés sont en droit de s'interroger", assure-t-il, bien que le MEDEF ait initié cette offre de pacte et comme s'il n'avait pas intérêt à la relance de l'activité des entreprises. "Les entreprises vont-elles investir, créer de l'emploi ?" s'inquiète le journaliste.

La "tentation" - ou la priorité - 
pour beaucoup d'entreprises sera grande non pas tant d'augmenter les salaires que de reconstituer leurs marges qui sont aujourd'hui à un niveau historiquement bas. Elles vont remettre un peu de carburant dans les caisses pour éviter de licencier:  freiner l'hémorragie d'emplois sans pour autant en créer à la hauteur des attentes.  Or, inciter les entreprises à produire de meilleure qualité pour vendre mieux passe par l'investissement et la formation.
Cugny considère que Hollande a fait le boulot en prenant un risque économique et politique, mais que chacun doit prendre ses "responsabilités" à travers le "pacte" du même nom. 

Yannick Falt est, lui, politiquement vicieux  



La majorité exhibe sa nouvelle carte d'identité sociale-démocrate en se disant toujours de gauche ce qui fait s'étrangler Jean-Luc Mélenchon qui a dénoncé "le plus violent coup de barre à droite d'un gouvernement de gauche depuis Guy Mollet". La politique de l'offre et les allègements de charges aux entreprises font même grincer des dents l'aile gauche du PS.

Mais Ayrault se justifie par une contre-vérité sur France Inter

"Nous sommes dans la cohérence de ce que François Hollande a engagé depuis qu'il est président de la République. Ma priorité et celle du gouvernement c'est de gagner la bataille de la croissance, de l'emploi et en même temps de sauver le modèle français et républicain. Ce n'est pas seulement la redistribution, la solidarité, la sécurité sociale, la retraite, c'est aussi la qualité des droits, des valeurs. Pour cela, il faut faire des réformes, être courageux. Le président de la République a choisi de parler vrai sur la situation. Il s'agit de mobiliser les entreprises, les salariés et les forces politiques."

Vincent Peillon est monté au créneau pour prétendre que Hollande ne renie pas ses engagements de campagne, lui qui s'était fait le chantre de la lutte contre la finance. Non, François Hollande n'a pas oublié sa gauche, estime  le ministre de l'Education mettant le doigt précisément sur les incohérences de l'exécutif
 sur RTL. "Vous ne pensez pas que c'est une politique de gauche de donner la priorité à l'école, ce n'est pas une politique de gauche lorsque l'on fait la réforme fiscale, de d'abord s'attaquer au patrimoine, aux grandes fortunes. Vous ne pensez pas que la garantie loyer c'est une mesure de gauche, vous ne pensez pas que la loi sur la consommation et l'action de groupe ce sont des mesures de gauche. Donc c'est une action de gauche et cela n'empêche pas, et elle a besoin du soutien économique."

Et ce serait la droite qui serait embarrassée, voire divisée !
Les avis sont partagés depuis mercredi 15 janvier. 

Les franchement incrédules sont au centre
Le centriste Hervé Morin a dit sur RFI NE pas croire du tout à l'inflexion de François Hollande. "Je n'y crois pas. François Hollande est le dos au mur, il a grosso modo effondré l'économie française en décourageant l'investissement, l'initiative, le risque, l'épargne dans l'entreprise. Il tire sa dernière cartouche. Il s'est renié sur tout et a tenu tous les discours depuis deux ans."

Dans le camp des circonspects, Nathalie Kosciusko-Morizet
, la candidate UMP à la mairie de Paris, s'est exprimée sur Radio Classique-LCI. "On aurait envie d'y croire mais cela nécessiterait de baisser les impôts et les charges. Pour baisser les impôts et les charges il faut réduire très sévèrement les dépenses. Or, le président de la République fait exactement le contraire depuis 18 mois. Quand il a annoncé un choc de simplification en mars dernier, tout le monde a dit que cela serait bien et on l'attend toujours. Là, c'est un peu pareil, parole, parole, parole."

Le filloniste
Eric Woerth met le pouvoir au défi sur iTélé.
"Je suis d'accord que le président de la République se réveille, au bout de 20 mois: tant mieux. On facilite la vie de l'entreprise parce qu'on pense qu'elle crée plus d'emplois que l'administration. On est d'accord puisqu'au cœur des propositions de l'UMP il y a la baisse des charges des entreprises."


Le chroniqueur serait-il sourd d'une oreille ?


" S'il y a une politique qui redonne confiance aux entreprises, je la soutiendrai "
, affirme François Fillon. N'en déplaise aux manipulateurs de la presse, peut-on être plus clair?  

Premier ministre pendant cinq ans, il affirme ce mercredi soir sur TF1 qu'il pourrait suivre cette politique prônée par le chef de l'Etat, "mais sans croire qu'il puisse vraiment l'appliquer", insinue Y. Falt. 

E
n fait, le chroniqueur doute bien davantage de la gauche
"C'était couru d'avance, le programme très social-démocrate de François Hollande donne des sueurs froides à gauche." "Son vote, il l'aura quand Ayrault engagera la responsabilité du gouvernement. Ce qui n'empêchera pas les uns et les autres de s'exprimer librement". Voilà en une formule comment un élu socialiste anonyme aurait résumé la situation : une partie du PS a déjà la gueule de bois depuis la conférence de presse présidentielle, commente Falt.

"La cacophonie dans les rangs de la gauche qui pollue l'action gouvernementale" depuis le début du quinquennat n'est pas près de s'arrêter en 2014, reconnaît le journaliste, après avoir pointé l'UMP. 

Il distingue trois chapelles au bureau national du Parti socialiste
Tout d'abord ceux qui sont dans la ligne du parti et qui soutiennent le président positionné au centre. Combien de temps Hollande pourra-t-il compter sur cette majorité qui tient toujours. 
Une deuxième chapelle, celle des aubrystes, circonspecte, est d'accord avec les orientations du chef de l'Etat, mais exige de réelles contreparties pour les 30 milliards concédés aux patrons.
Le troisième groupe, l'aile gauche du parti, associée aux amis de Benoit Hamon, retrousse les babines : "Le président a été précis sur les cadeaux aux entreprises, mais il est resté flou sur ce qui reviendra aux salariés", se plaint Emmanuel Maurel. Le chef de file du courant socialiste Maintenant la gauche ne comprend pas les chiffres alignés par François Hollande, et s'interroge : "Où trouve-t-on tout cet argent, il ne le sait pas lui-même". La gauche du PS annonce déjà un soutien à reculons.

Et puis il y a, hors de la majorité, le Front de gauche en première ligne. A l'Est, Jean-Luc Mélenchon flingue: "on n'a jamais vu ça depuis Guy Mollet". Le leader du Front de Gauche fait référence à l'ancien président du Conseil, sous la IVème République, dont la particularité était de tenir des discours super musclés à gauche, et une fois au pouvoir, de gouverner de manière très modérée, en passant des compromis avec la droite. Vous transposez le mollétisme aujourd'hui : cela donne le Bourget, quand le candidat Hollande désigne son adversaire, la finance. Et une fois élu, le président Hollande se fait le chantre de l'entreprise, qu'il veut soulager de ses charges, en dialoguant directement avec Pierre Gattaz, le patron du Medef, le chantre également de la politique de l'offre, de la baisse des dépenses publiques, ou comment trouver 53 milliards alors que nous sommes déjà à l'os. 

La gauche de la gauche s'étrangle. Pierre Laurent, le leader du PCF, dénonce "un pacte d'irresponsabilité sociale". Si elle se mobilise comme elle le promet dès le début février, ce sera pour faire du bruit. Que peuvent donc faire les élus communistes, mis à part gronder, alors qu'ils ont besoin des nombreux accords passés avec l'hégémonique PS pour sauver leurs têtes aux municipales ?

Tour de force de Y. Falt

A la fois "le chef de l'Etat a certes semé le trouble à droite" avec "des propositions que saluent des personnalités telles que François Fillon, Jean-Pierre Raffarin ou Bruno le Maire", excusez-le du peu ! 

Hollande, soupçonné dans son camp de faire les yeux doux aux centristes et maintenant aux entrepreneurs, n'aura le soutien inconditionnel de sa majorité que
si les premiers résultats de sa politique se font rapidement sentir
Le chef de l'Etat a réfuté l'argument du tournant : "Moi, j'accélère".
Michel Sapin, ministre du travail et ami du président depuis l'ENA, a brièvement résumé la prestation à la sortie de la conférence de presse: "C'était le même que d'habitude, mais boosté par les difficultés qu'il traverse". S'il met les gaz de son scooter, son quinquennat va plus que jamais pouvoir se jouer en 2014...

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